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Batoumi, ville, immeubles, Géorgie
Un vent de changement souffle sur la Géorgie : réforme en profondeur de la protection sociale et du système de santé, adoption d’un nouveau système de retraite… L’Agence française de développement accompagne ces mutations destinées à offrir une sécurité accrue à la population géorgienne face aux risques sociaux, tout au long de la vie.

La protection sociale est un sujet brûlant en Géorgie. Le passage à l’économie de marché depuis l’indépendance et les évolutions du monde du travail ont engendré de nouveaux défis pour ce pays postsoviétique : chômage, difficulté d’accès aux services de base, pauvreté… Parmi les chantiers majeurs à mener, le pays s’attaque à la refonte de son système de santé et de protection sociale. 

La république du Sud-Caucase s’est ainsi dotée en 2006 d’un système de Targeted Social Assistance (assistance sociale ciblée) qui, complété en 2015 par une allocation familiale sous condition de ressources, bénéficie à environ 12 % de la population. Une couverture santé universelle couvre quant à elle 90 % de la population. Si ces réformes ont permis de démocratiser l’accès aux services de base, le système coûte de plus en plus cher à l’État… alors que le reste à payer par les particuliers reste élevé et que la qualité des soins ne répond pas aux attentes. 

En outre, une partie de la population reste en marge : ce sont les plus fragiles (personnes handicapées, enfants des rues) et les presque 300 000 déplacés internes du pays, originaires des provinces séparatistes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud, chassés par les conflits de 1992-1993 et d’août 2008. Ces derniers sont éligibles à une allocation statutaire et au droit au logement. Toutefois, plus de 50 000 familles n’ont toujours pas reçu de logement et 10 000 vivent dans des conditions très précaires.

Camp accueillant des déplacés internes, Tserivani
Camp accueillant des personnes déplacées à Tserovani © International Crisis Group / Flickr


Inégalités de couverture, assistance insuffisante : la Géorgie doit répondre à ces enjeux pour garantir à sa population un niveau de vie décent. 

Protéger les plus démunis

Les autorités géorgiennes se sont tournées vers l’expertise étrangère, et notamment française : en novembre 2018, l’Agence française de développement (AFD) a accordé un prêt de politique publique de 35 millions d’euros – la première tranche d’un programme tri annuel – pour appuyer les réformes en cours dans les domaines de la protection sociale, de la santé et de l’assistance aux déplacés internes

lireaussi

En savoir plus sur l'action de l'AFD en Géorgie


Il s’agit tout d’abord de renforcer l’efficacité des dispositifs sociaux à destination des plus vulnérables, peu ou mal accompagnés dans le système actuel. Côté santé, le projet entend améliorer l’offre de soins et son accessibilité avec la mise en place d’un dispositif d’achat stratégique ; celui-ci permettra de réduire le reste à charge et d’améliorer la qualité des soins. Le projet contribuera également à la modernisation des services selon les normes de l’Union européenne. Il portera aussi un intérêt particulier à la prise en charge des maladies mentales.  

Enfin, le programme accompagnera la réforme des allocations accordées aux déplacés internes et le relogement des familles vivant dans des habitations insalubres.

En parallèle, l’UNICEF a lancé l’étude MICS 6 (Multiple Indicator Cluster Surveys, une enquête à indicateurs multiples.) Cofinancée par l’AFD à hauteur de 100 000 euros, l’étude a pour objectif de collecter des données très précises et de mesurer des indicateurs clés sur les enfants et les femmes en Géorgie. Ces statistiques, qui devraient être finalisées au printemps 2019, permettront ensuite au gouvernement géorgien de définir des politiques plus adaptées à ces populations vulnérables.

Un système de retraite flambant neuf 

Pour les Géorgiens, c’est aussi le début d’une nouvelle ère. En juillet 2018, la Géorgie a adopté un système de retraite obligatoire par capitalisation individuelle pour les salariés (et les indépendants de façon volontaire). L’objectif : leur assurer une retraite durable. Ce système vient compléter un socle existant de minimum vieillesse universel distribué aux personnes en âge de partir à la retraite. 

Pour assurer la mise en place de la toute nouvelle agence des retraites – qui a ouvert ses portes en janvier 2019 – chargée de collecter et gérer les contributions et de verser les pensions, le gouvernement géorgien a cette fois encore fait appel à l’expérience française. L’AFD finance en effet un programme d’assistance technique de 500 000 euros, qui est mis en œuvre par Expertise France

Ce programme solide, lancé en grande pompe en novembre 2018 en présence de l’ex-ministre française des Affaires sociales Marisol Touraine, devrait permettre de favoriser la réussite d’une réforme complexe et d’apaiser les craintes de la société géorgienne en construisant un système durable et fiable.

La France et la Géorgie n’ont pas le même passé ni les mêmes problématiques actuelles. Il n’est donc pas question de « copier-coller » le système français mais de partager avec la nouvelle agence des retraites les connaissances et savoir-faire applicables au contexte géorgien : appui à la création et à l’organisation de l’agence, développement du système d’information et de communication, politique d’investissement…

Pascal Meunier, ambassadeur de France en Géorgie, lors de l'événement de lancement

Cette assistance technique au système des retraites est une composante d’un projet plus global axé sur le développement du secteur privé géorgien, financé à hauteur de 60 millions d’euros par l’AFD et initié par la Banque mondiale. Son but : établir un cadre réglementaire efficace et adapté pour favoriser la compétitivité des entreprises et la création d’emplois, mais aussi développer le potentiel d’innovation et d’exportation du pays. Ces mesures ambitieuses sont essentielles pour favoriser la croissance durable de la Géorgie. Une croissance qui profite à toutes et à tous.

lireaussi

 


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