Jour de consultation pour un enfant et sa mère à Nairobi, Kenya
Le difficile accès aux soins en Afrique subsaharienne est surtout assuré par de petites structures rurales privées, au service des plus pauvres. Soutenue par l'AFD, la fondation Medical credit fund (MCF) participe activement au développement de ces centres. Et démontre la compatibilité entre objectif social et projet entrepreneurial.

Certaines idées reçues ont la vie dure. Celle d'un secteur privé exclusivement focalisé sur la rentabilité financière en est un parfait exemple. Or, en Afrique subsaharienne, où se conjuguent faible qualité des soins et difficulté d’accès aux financements d'investissements, près de 50 % des prestations de santé sont assurées par le secteur privé, via notamment de petites structures rurales fréquentées par les populations les plus fragiles.

« Le privé est parfois le seul prestataire de soins dans des régions rurales et dans des quartiers urbains défavorisés », confirme Aurore Lambert, chef de projet santé à l’AFD. Dans cette vaste région subsaharienne bénéficiant de seulement 2 % des dépenses de santé mondiale, croissance démographique et maladies chroniques en hausse se mêlent aux progrès socio-économiques. Résultat : la demande explose mais structures et investissements manquent à l'appel.

Accompagner les banques locales pour investir dans les infrastructures

Pour contrer la frilosité des banques, la fondation Medical credit fund (MCF) facilite le financement des centres de soins en Afrique subsaharienne et aide à l'amélioration de leurs standards de qualité. MCF travaille avec des partenaires financiers locaux et les accompagne dans l'élaboration de leur offre de prêts à destination du secteur de la santé. Créée en 2009, cette fondation à but non lucratif basée au Pays-Bas et unique en son genre a déjà financé 586 centres de soins, principalement au Kenya et au Ghana, mais aussi au Nigeria et en Tanzanie. Les prêts, d'un montant moyen de 20 000 euros, servent surtout à rénover des bâtiments ou à acquérir des équipements. Dix banques locales sont déjà partenaires de la fondation.

Le social business ou la conciliation entre intérêt général et rentabilité financière

En parallèle de ces réalisations, MCF doit aussi veiller à atteindre l’équilibre financier : « On est dans le social business », décrypte Selvan Pajaniradja, en charge du développement de ce secteur d’intervention à l’AFD. « L’objectif est bien de construire une offre de santé de qualité pour tous, à un prix abordable, tout en générant dans le même temps les revenus indispensables à la pérennité du projet ».

En plein accord avec les objectifs de la fondation, l’AFD a participé à une levée de fonds de MCF en décembre 2016, via un prêt de 3 millions d’euros et une subvention de 1 million d’euros. À terme, l’AFD veut aider MCF à s’implanter en Afrique francophone, en particulier en Côte d’Ivoire, au Cameroun et au Sénégal, où les besoins sont importants. Et où le secteur privé pourra continuer à démontrer son utilité sociale.