C’est l’attribution d’un prix Nobel, celui de la paix, qui a mis l’inclusion financière sous le feu des projecteurs en 2006. Muhammad Yunus est alors récompensé pour avoir créé la première institution de microcrédit, la Grameen Bank, en 1976. Il s’agissait alors de prêter de l’argent à des personnes dénuées de moyens et de garanties et, de fait, exclues du système bancaire.
« Le pari de la Grameen Bank était que les pauvres remboursaient mieux leurs crédits que les riches. Et ça s’est confirmé ! », raconte Christine Poursat, coordinatrice au sein de la division Systèmes financiers à l’AFD. Après les premiers projets de crédit des années 1980, inspirés par la Grameen et le mutualisme, tous les acteurs du développement commencent à s’enthousiasmer pour la microfinance.
De la microfinance à l’inclusion financière
« Au début, on parlait de microfinance, mais petit à petit, l’objectif de cibler les exclus a rassemblé des acteurs très variés, institutions de microfinance mais aussi banques, opérateurs de téléphonie, fintech… De nouveaux services ont été offerts aux populations et entreprises exclues, comme les assurances ou la banque mobile. Voilà pourquoi on parle aujourd’hui d’inclusion financière », précise Christine Poursat.
Dans les années 2000, sous l’égide du think tank CGAP (Consultative Group to Assist the Poor), les acteurs de l’inclusion financière jouent un rôle d’avant-garde en définissant notamment les premiers indicateurs de réussite du secteur financier. Et l’AFD y a joué un rôle important. « Nous avons accompagné toutes les évolutions du secteur et acquis une vraie expertise et visibilité dans ce domaine en développant une palette d’outils pour soutenir les acteurs de l’inclusion financière », souligne Christine Poursat.
Les premiers pas en 1989
Du chemin a été parcouru depuis la première incursion de l’AFD dans l’inclusion financière, dès 1989, et le financement d’un projet précurseur qui deviendra par la suite la première institution de microfinance en Guinée, le Crédit rural de Guinée – toujours leader aujourd’hui. Les soutiens, d’abord sous forme de subventions, s’élargissent peu après aux prêts en monnaie locale – un choix novateur pour l’époque – puis aux investissements en capital et aux garanties, ouvrant la voie au financement des institutions de microfinance par le système bancaire classique.
Lire aussi : Le groupe AFD célèbre trente ans d'activité dans le domaine de l'inclusion financière
Cambodge, Comores, Tunisie… Le groupe AFD – avec PROPARCO – est présent pour accompagner les premiers projets d’inclusion financière dans les pays. Au fil des années, le groupe investit aussi dans des fonds qui refinancent et accompagnent techniquement les institutions les plus fragiles. En clair : il s’appuie sur des tiers de confiance pour contribuer à l’essor du secteur au bénéfice des populations exclues.
40 projets par an
Trente ans plus tard, l’inclusion financière est au cœur de la stratégie systèmes financiers du groupe.
« PROPARCO finance les institutions et fonds de refinancement privés, tandis que l’AFD soutient les banques et fonds publics, ainsi que les autorités locales pour définir un cadre réglementaire plus favorable à l’inclusion financière », détaille Christine Poursat.
En 2019, l’AFD s’engage par exemple à accompagner les réformes publiques entreprises aux Philippines pour une digitalisation des acteurs du secteur, et pour assurer une meilleure protection des clients. Avec une quarantaine de projets financés chaque année, et des montants d’engagement en hausse continue pour le groupe AFD, l’inclusion financière a de beaux jours devant elle.
La formation Boulder MFT prend ses quartiers à Marseille
Le célèbre programme de formation en français à la microfinance, le Boulder MFT, s’installera à Marseille du 8 au 19 juillet. Deux semaines de cours intensifs délivrés sur le campus de la Kedge Business School durant lesquelles 100 participants issus des milieux bancaire, réglementaire, public, privé, universitaire ou des ONG viendront se former aux techniques de management, aux politiques et aux évolutions numériques en lien avec l’inclusion financière.
Cette formation est proposée depuis quinze ans par le Boulder Institute of Microfinance (BI), qui fêtera l’an prochain ses vingt-cinq ans d’existence. L’institut vise à aider les professionnels du secteur de l’inclusion financière à mieux comprendre et analyser les évolutions en cours afin de servir efficacement les exclus des systèmes financiers dans leurs pays respectifs.
Le BI est un partenaire de l’AFD depuis maintenant quinze ans. La première étape de cette collaboration a été la création et le déploiement du programme MFT en français, devenu au fil des années une formation internationale de référence dans le milieu de l’inclusion financière. Au total, plus de 6 500 professionnels issus de 153 pays ont été formés par le BI depuis son existence.