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burkina paludisme afd
Dans le cadre de sa série « Innovation partagée », l’AFD met en lumière des programmes novateurs créés ou développés dans nos pays partenaires.

Comment faire rentrer la lutte contre le paludisme dans les usages du quotidien ? Alors que la maladie continue de progresser dans certains pays, au Burkina Faso, deux entrepreneurs ont imaginé une pommade à bas coût permettant de concilier hydratation de la peau et… chasse aux moustiques. Leur produit est en voie d'homologation par l'OMS. Un bel exemple d'innovation réussie, à l'heure où la recherche s'intensifie pour mettre au point traitements et vaccins contre le Covid-19.

Un simple savon pour « sauver 100 000 vies » ? C’est le pari fou que se sont lancé, en 2013, Moctar Dembélé et Gérard Niyondiko, deux étudiants de l’Institut international de l’eau et de l’environnement (2iE) de Ouagadougou, au Burkina Faso. À l'époque, ces deux ingénieurs de formation partent d’un constat simple, mais dramatique : malgré une réduction considérable du nombre total de décès imputables au paludisme depuis les années 2000, la maladie continue de progresser dans de nombreux pays. 


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Si des produits de prévention existent, comme les moustiquaires ou les répulsifs, ils restent encore peu accessibles aux populations les plus vulnérables. L’objectif que se fixent alors les deux étudiants est de proposer à tous une alternative simple et peu coûteuse aux solutions déjà existantes. S’appuyant sur un produit du quotidien, le savon, ils décident d’y ajouter une molécule pour lutter contre les moustiques : c’est l’acte de naissance de Faso Soap, le premier savon anti-paludéen longue durée.

Un produit conçu pour un usage quotidien

L’idée fait son chemin. En 2013, Moctar Dembélé et Gérard Niyondiko sont lauréats de la prestigieuse Global Social Venture Competition (GSVC), compétition internationale réservée à des projets alliant forte visibilité et impact social.

Mais le prototype imaginé par les deux étudiants ne résiste pas aux premiers tests en laboratoire. Nullement découragé, Gérard Niyondiko, avec l'aide de son nouvel acolyte, Franck Langevin, lance en 2017 une vaste consultation auprès des mères burkinabées afin de mieux connaître leurs habitudes d'hygiène corporelle. 

À cette occasion, les deux porteurs du projet constatent que 80 % des enfants burkinabés sont pommadés chaque soir, avant leur coucher. Afin de coller au plus près aux usages des familles, le savon est donc reconverti en pommade, et Faso Soap est rebaptisé Maïa. Cette nouvelle solution offre un double avantage : en plus d’hydrater la peau des enfants en profondeur, grâce au karité, la pommade leur apporte une protection contre les moustiques pour plus de 5 h 30, au moment où leur exposition aux piqûres d’insectes est la plus forte.

Après 250 tests antimoustiques effectués en collaboration avec le Centre national de recherche et de formation sur le paludisme (CNRFP), la commercialisation de la pommade a démarré en septembre 2019. Son coût ? 1 000 francs CFA l’unité, soit environ 1,53 euros. Le pari de l'accessibilité est donc tenu.

Un traitement en cours d'homologation
 
La pommade Maïa espère faire plus encore que sauver des vies : le paludisme est l'une des causes principales de l'absentéisme à l'école et pèse lourdement sur le budget des ménages. En Afrique, une lutte plus efficace contre la maladie serait bénéfique à l'éducation et à l'économie.
 
C'est pourquoi Maïa est aujourd'hui en cours d'homologation par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), dans le but d'entrer dans les politiques nationales de lutte contre le paludisme. La pommade pourrait alors être distribuée par les États, mais aussi les organisations onusiennes et les ONG, dans les régions où l'accès aux soins est le plus difficile.

Après Faso Soap, Maïa peut déjà se targuer d'un joli palmarès à son actif : en mars 2019, la pommade a fait partie des 30 innovations célébrées lors du second Forum de l'OMS sur la santé en Afrique organisé au Cap Vert.


Ce projet n’est pas soutenu financièrement par l’AFD mais peut représenter une source d’intérêt et d’inspiration pour la communauté du développement.