Mieux vaut être un homme pour travailler la terre au Ghana. Les Ghanéennes, elles, demeurent victimes d’inégalités, notamment en ce qui concerne l’accès à la terre ou aux financements. Les agricultrices ont peu de droits fonciers et manquent d’accès aux financements pour faire face aux coûts des technologies nécessaires à leur activité. À cela s’ajoute le manque d’accès à des formations techniques agricoles qui leur permettraient d’augmenter leurs rendements et leurs productions.
Contre la marginalisation économique des femmes
Comme l’a indiqué l’ambassadrice de France au Ghana Anne-Sophie Avé au cours de la conférence d’Accra du 22 novembre, l’AFD soutient le gouvernement ghanéen dans le secteur agricole depuis 15 ans au nord du pays, notamment pour la culture du riz.
Mais, malgré l’importance de l’emploi féminin dans la production rizicole, la mise à l’écart des femmes dans les processus de prise de décision et les inégalités d’accès aux ressources économiques engendrent des situations de pauvreté qu’il faut combattre.
Par ailleurs, dans certaines communautés, nombre de femmes peuvent cultiver mais ne peuvent pas accéder à la propriété foncière : la persistance des traditions les empêche d’hériter des terres de leurs maris ou des hommes de leurs familles.
Ces pratiques traditionnelles sont hostiles à l’égalité de genre et sont un affront à l’autonomisation économique des femmes.
Une conférence pour changer les normes sociales
C’est pour aborder ces inégalités que la conférence « L’égalité de genre dans l’agriculture » a vu le jour à Accra. Une rencontre entre membres du gouvernement et acteurs du développement qui avait aussi pour objectif d’assurer une meilleure coordination de tous, au service de l’égalité. Les intervenantes ont pu partager leurs observations, évaluer les projets agricoles du pays au regard de l’égalité des genres et échanger sur les solutions à mettre en œuvre.
Comme l’a rappelé Cynthia Morrison, ministre déléguée au Genre, à l’Enfance et à la Protection sociale du Ghana, « il est indispensable de combler l’écart entre les hommes et les femmes et de lutter contre la vulnérabilité particulièrement accrue des femmes en Afrique ».
Le gouvernement du Ghana s’est ainsi engagé à solliciter les agricultrices pour fournir les produits nécessaires au programme gouvernemental d’alimentation scolaire. Une manière d’augmenter leurs revenus et de les autonomiser en leur assurant des commandes régulières.
Selon Paulina Addy, le gouvernement continuera à encourager les femmes agricultrices : des formations leur seront proposées pour augmenter leur productivité et leurs revenus, et faciliter leur accès aux financements. Les directeurs régionaux de l’Agriculture présents ont été chargés de partager ces orientations en faveur de l’autonomisation des femmes dans leurs régions respectives. Tous ont pour mission de changer les normes sociales du pays, pour que les femmes puissent enfin vivre dignement du travail de la terre.