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L’Agence française de développement et ses partenaires ont organisé début octobre à Paris une conférence sur l’accès à l’énergie dans la région du Sahel. Retour sur les solutions mises en oeuvre dans ce secteur essentiel pour le développement de la région.

Le Sahel a besoin d'énergie. Sur les 80 millions d’habitants que comptent les pays du G5 Sahel – Burkina Faso, Mauritanie, Mali, Niger et Tchad – près de 60 millions vivent toujours sans électricité et utilisent des alternatives (kérosène, piles sèches…) pour des besoins aussi simples que l’éclairage.

La région affiche l’un des taux d’électrification les plus faibles au monde : seul 26 % de la population a accès à cette énergie, contre 44 % en Afrique subsaharienne et 89 % à l’échelle mondiale. 

« Ce qui complique les programmes d’électrification et les rendent très coûteux, c’est avant tout les capacités de paiement très limitées de la nombreuse population agricole et la faible densité des zones rurales », observe Jean-Pierre Barral, directeur du département Transition énergétique et numérique à l’Agence française de développement (AFD).

Le développement des mini-réseaux

Les solutions à mettre en oeuvre nécessitent la mobilisation de tous. C'est dans cet objectif que l’AFD, la Banque mondiale, l’Union européenne et l’Alliance Sahel organisaient les 9 et 10 octobre une conférence sur l’accès à l’énergie au Sahel avec les pays du G5 Sahel (G5S) et leurs partenaires – ONG, entreprises, bailleurs de fonds, États.

Dans la région, l’extension et la densification du réseau ne peuvent être les seules solutions pour délivrer l’électricité en zone rurale. C’est pourquoi les pays du Sahel développent depuis longtemps des alternatives comme les mini-réseaux.

Ce furent d’abord des projets pilotes portés par des ONG, puis des partenariats impliquant des acteurs privés et associatifs. Aujourd’hui, une centaine de mini-réseaux, pour la plupart hybrides, sont opérationnels au Sahel. Renforcer ce maillage était l’une des priorités des ministres de l’énergie présents à la conférence.

Kits solaires individuels

Autre piste envisagée : les kits solaires individuels. Surfant sur la baisse des coûts de la technologie solaire, les innovations numériques (mobile banking, gestion à distance...) et l’efficacité énergétique des applications (ampoule, télévision, réfrigérateur), ces équipements connaissent un fort développement. Après leur émergence en Afrique de l’Est, ces kits commencent à se répandre en Afrique de l’Ouest, surtout à la périphérie des villes plutôt qu’en zone rurale. Ils permettent de pallier les déficiences ou l’absence de réseau.

Les spécificités du Sahel montrent qu’il est néanmoins illusoire d’envisager des déploiements de ces solutions à grande échelle en se basant uniquement sur des investissements privés.

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© Jean-Pierre Barral / AFD

 

« Le développement de mini-réseaux en délégation de gestion de service public demandera encore un soutien important des bailleurs de fonds pour financer une part significative de l’investissement et permettre d’élargir la base des bénéficiaires », souligne ainsi Nicolas Guichard, responsable énergie pour l’Afrique de l’Ouest à l’AFD. 

Partenariats public-privé

Raison pour laquelle Mohamed Abdel Vetah, ministre de L'Énergie de la Mauritanie, soutient qu’il « est primordial que les pays du Sahel restent ouverts aux investissements internationaux. Ces derniers doivent se faire en parallèle à l’émergence d’un secteur privé local, actif notamment dans les mini-réseaux »

Un point de vue partagé par Bachir Ismaël Ouedrago, ministre de l'Énergie du Burkina Faso, qui souligne « l’importance d’un travail commun entre le secteur privé et les gouvernements ».

Accélérer le développement de ces solutions d’accès à l’électricité dans le cadre de partenariats public-privé passe aussi par la mise en place d’un cadre institutionnel clair et spécifique à chaque pays. C’est ce que l’AFD met en œuvre actuellement en Mauritanie avec le projet RIMDIR qui voit émerger des modalités innovantes de partenariat public-privé. 

Doubler l’accès à l’énergie d’ici 2022

Tout le monde a en tête l’Objectif de développement durable n°7 sur la généralisation de l’accès à l’énergie à l’horizon 2030. L’Alliance Sahel se donne pour premier objectif de doubler le taux d’accès à l’énergie d’ici 2022. À cette date, la majorité des habitants de la zone devrait disposer de l’électricité.

« Les programmes en cours permettront d’atteindre le tiers de cet objectif. Des engagements financiers additionnels seront nécessaires, tout comme la mise en place de cadres juridiques et institutionnels clairs pour faciliter la mobilisation du secteur privé », estime Charles Cormier, directeur Énergie pour l’Afrique de l’Ouest à la Banque mondiale.

L’Alliance Sahel, lancée en 2017, veut accroitre la stabilité et le développement de la région par une meilleure coordination et une mise en œuvre accélérée de l’aide et des projets. Composée de 12 membres (France, Allemagne, Royaume-Uni, Espagne, Italie, Luxembourg, Danemark, Pays-Bas, Union européenne, Banque mondiale, Banque africaine de développement et Programme des nations Unies pour le développement), l’initiative est une vraie opportunité pour permettre un dialogue renforcé entre bailleurs et gouvernements sur ces sujets majeurs. À commencer par l’accès à l’énergie.

 


Le contenu de cette publication relève de la seule responsabilité de l’AFD et ne reflète pas nécessairement les opinions de l’Union européenne.