Le retour des maladies infectieuses
Croissance démographique, développement économique, changement climatique... Tous ces facteurs modifient profondément les écosystèmes naturels. Avec des conséquences sanitaires majeures : l'émergence ou le retour des maladies infectieuses.
Le risque est particulièrement important en Asie du Sud-Est, région touchée par la dengue et la leptospirose, une maladie bactérienne dont les principaux réservoirs sont les rongeurs.
50 millions de cas de dengue par an
La dengue, aussi appelée « grippe tropicale », est une maladie virale transmise à l’homme par des moustiques. L’incidence de la dengue progresse actuellement de manière très importante : elle a rejoint les rangs des maladies dites « ré-émergentes ». L’Institut Pasteur estime à près de 50 millions le nombre de cas de dengue chaque année.
Les pays d’Asie et d’Amérique latine sont les plus touchés : la maladie y est devenue une cause majeure d’hospitalisation et de mortalité. Et frappe aussi bien les enfants que les adultes.
Aux Philippines, 200 000 cas ont été rapportés en 2013, en faisant le quatrième pays le plus affecté en Asie du Sud-Est.
Lors d'un premier programme régional appelé ECOMORE lancé en 2013, l'AFD a appuyé l'Institut Pasteur afin d'améliorer la détection, la surveillance et la lutte contre ces épidémies en Asie du Sud-Est. En trois ans, la collaboration a permis de mieux répondre à ces questions de santé publique dans quatre pays : le Cambodge, le Laos, le Vietnam et la Birmanie.
Désormais, un second projet prend la relève : ECOMORE 2, également mené par l'Institut Pasteur et soutenu par l'AFD via une subvention de 4 millions d'euros.
Les Philippines, nouveau venu dans le programme
Encore plus ambitieux, ECOMORE 2 intègre un cinquième pays partenaire : les Philippines. La nouveauté de cette initiative réside dans son « prisme climat » : elle entend ainsi étudier plus particulièrement les effets des changements climatiques sur l’épidémiologie de la dengue et des maladies infectieuses dans la région.
Si chaque État a bien sûr ses propres enjeux et cibles, l'objectif général du projet est de :
- Renforcer les capacités des partenaires en matière de surveillance, de diagnostic et de capacités de réponse
- Proposer et mettre en œuvre des stratégies et/ou modèles d’intervention éprouvés et applicables aux autorités nationales pour minimiser le risque de propagation et améliorer la prise en charge
- Renforcer la collaboration des principales parties prenantes aux niveaux national et régional.
Assaut contre les moustiques
Pour endiguer le fléau, les Philippines ont lancé une politique de vaccination contre la dengue en avril 2016. Pour « traiter le mal à la racine » dans le pays, ECOMORE 2 va même plus loin en s'en prenant aux vecteurs de la maladie : les moustiques.
Concrètement, le projet va mettre en place :
- un système de gestion de données relatives à la dengue pour faciliter le suivi et l’évaluation des interventions
- une nouvelle méthode de lutte contre les moustiques via un piège innovant qui les attire et les contamine avec une spore fongique ensuite dispersée dans les zones de ponte
- une évaluation de l’impact de la première campagne de vaccination.
C’est le Research Institute for Tropical Medecine (RITM) du ministère de la Santé philippin qui mettra en œuvre le projet dans le pays.
Le but poursuivi est clair : formuler des recommandations pour une meilleure gestion de la dengue, renforcer les capacités du RITM dans le contrôle de la maladie et évaluer une méthode de contrôle vectorielle alternative.