En Polynésie française, les communes approchent de l’échéance électorale de 2020 et du terme du délai légal fixé à 2024 pour assumer la totalité de leurs responsabilités liées aux services publics environnementaux. La cadence des opérations d’investissement doit donc s’accélérer. Dans ce contexte, la sensibilisation des communes aux leviers de l’investissement a pu se concrétiser très fortement selon les dernières données de l’Observatoire des communes : leur recours à l’emprunt a plus que doublé en 2017.
Sensibilisation aux leviers de l’investissement
Pour les équipes municipales polynésiennes, développer une vision financière au-delà de l'année en cours est souvent un exercice complexe. L’une des premières contraintes a longtemps été la faible pratique des outils d’anticipation à moyen terme (entre deux et quatre ans). En parallèle, leur endettement est structurellement faible avec un taux de 14,8 % en 2017.
En Nouvelle-Calédonie en revanche, la projection sur le moyen terme est plus développée et, partant, les communes recourent davantage à l’emprunt : leur taux d’endettement atteint 55 % en 2017.
Pourtant, les communes de Polynésie disposent de nombreux atouts pour investir tels qu’une dotation non affectée à l’investissement et une excellente solvabilité, avec une rapide capacité de désendettement (moins de deux ans).
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Constatant que l’investissement des communes pour leurs administrés dépend fortement de leurs équilibres financiers mais aussi de la sensibilisation des agents et élus aux leviers de l’investissement, l’AFD les accompagne grâce à une publication, l'Observatoire des communes de Polynésie française, et une formation réalisées annuellement sur le territoire.
Les équipes de l’AFD présentes à Nouméa et à Papeete collaborent en effet régulièrement avec le Centre de gestion et de formation (CGF) polynésien pour proposer des formations aux agents et élus municipaux. Cette année, la formation a rassemblé fin mai 15 cadres communaux de trois archipels polynésiens. Un accompagnement personnalisé a en plus été apporté directement au sein des mairies de Maupiti et de Hitiaa O Te Ra par le chargé de mission de l’agence de Nouméa, lui-même ancien cadre d’une commune calédonienne.
Doublement du recours à l’emprunt mais baisse des charges financières
Aujourd’hui, la sensibilisation des communes polynésiennes aux leviers de l’investissement est meilleure : l’AFD observe que l’emprunt contracté par ces communes peut couvrir 12 % de leurs dépenses d’investissement en moyenne sur la présente mandature contre 7 % au début de la précédente mandature. En 2017 tout particulièrement, le recours à l’emprunt a plus que doublé et l’emprunt finance 15 % des dépenses d’investissement de l’exercice.
À l’échelle de l’agence AFD de Papeete, avec un dépassement du cap du milliard de francs Pacifique de financement en 2017 et en 2018 (environ 9 millions d’euros), plus de la moitié de l’encours communal y est désormais détenu (contre 32,4 % en 2012). En octroyant de multiples prêts verts au secteur public avec un taux d’intérêt nul, l’agence a contribué à ce que les charges financières des communes polynésiennes baissent de 9 % en 2017 alors même qu’augmentait le taux d’endettement.
Cette ressource pourrait encore davantage compléter les plans de financement des investissements communaux et lisser leur charge dans le temps, d’autant plus que les communes polynésiennes disposent, pour une bonne partie d’entre elles, de capacités d’emprunt encore sous-exploitées.
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