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buffles, Afrique, biodiversité, parc naturel
L’AFD a lancé en 2012 un appel à projets auprès des ONG sur le thème « Biodiversité et développement : partage des bénéfices de la biodiversité au profit des communautés villageoises ». Financé par la Facilité d’innovation sectorielle pour les organisations non gouvernementales (FISONG), l’appel à projets visait à valoriser les savoir-faire spécifiques et les capacités d’innovation des ONG. Début 2013, 3 projets d’ONG ont été sélectionnés en Tanzanie, au Niger et à Madagascar.

Ces 3 projets ont bénéficié d’un appui pour mettre en place un dispositif de suivi harmonisé dès leur démarrage, afin de faciliter les évaluations finales et de permettre une capitalisation partagée. Si les 3 interventions poursuivent des finalités analogues, elles présentent des logiques d’interventions différentes, adaptées à leurs contextes respectifs.
 

Des projets pertinents, une efficacité et une efficience mitigées

L’évaluation conclut que les projets ont mis en oeuvre des interventions pertinentes dans le sens où elles répondent bien aux besoins de conservation de la biodiversité et de développement des populations locales. En revanche, leurs résultats sont partiellement atteints et l’efficience de certains projets est questionnée du fait de coûts de gestion élevés.

Enfin, la viabilité et les impacts des projets restent difficiles à évaluer et sont variables selon les sites, malgré les appuis méthodologiques fournis pour les mesurer.


Des recommandations utiles pour les ONG comme pour l'AFD
  • S’assurer des conditions minimales de bonne gouvernance

Les deux projets menés au Niger et à Madagascar montrent que des conditions minimales de bonne gouvernance sont indispensables au succès des projets dans le cadre de partenariats public-privé (par exemple moyens de fonctionnement, de sécurité, de police, de justice et de lutte contre la corruption). Les projets d’ONG ne pouvant se substituer aux fonctions régaliennes des États, il importe de soutenir les politiques publiques et les capacités des États à tenir leurs engagements.

  • Établir une situation de référence pour évaluer les impacts

Malgré les appuis fournis pour mettre en place un dispositif de suivi avant le démarrage des projets, les ONG ne sont pas parvenues à établir une situation de référence détaillée. L’évaluation recommande à l’AFD de porter plus d’attention à ces états de référence avant d’octroyer des financements. Sachant que le dispositif de financement FISONG oblige les ONG à financer sur fonds propres l’élaboration de tels états, l’évaluation recommande à l’AFD de concevoir un moyen de financement adapté qui permette aux ONG de les réaliser avant le démarrage du projet.


Lire aussi : Évaluation et capitalisation transversale de la FISONG Biodiversité et Développement. Comment passer d’exemples spécifiques à des leçons génériques ?


  • Synergie entre conservation et développement socioéconomique, changement d’échelle

Si les 3 projets atteignent des résultats de conservation de la biodiversité, il leur est plus difficile de quantifier les résultats en matière de développement. Ceci s’explique par la trop faible ampleur de la plupart des activités de développement mises en oeuvre par rapport à la taille des populations ciblées : quelques emplois de garde créés pour des dizaines de milliers d’habitants vivant en périphérie de l’aire protégée, quelques centaines de bénéficiaires d’activités génératrices de revenus comparées aux milliers d’individus affectés par les restrictions d’usages de ressources de l’aire protégée.

  • Adapter les ambitions aux moyens alloués

Tous les documents de projet étudiés avaient pour ambition d’atteindre des résultats de conservation et de développement dans des délais réduits, sans forcément tenir compte de la situation de l’aire protégée au départ. Or ces résultats ambitieux n’ont été atteints pour aucun des projets.

Sans ces ambitions « démesurées », l’ONG porteuse du projet risquait de voir sa proposition rejetée par le système d’appel à projets. Le système compétitif d’appel à projets pousse en effet les ONG à proposer des ambitions importantes dans l’espoir que leur projet sera retenu. L’évaluation recommande d’aider les ONG à adopter des objectifs plus raisonnables ou de développer des financements par tranches pour accompagner les interventions sur des durées plus longues en utilisant un outil de suivi axé sur les résultats. Les consultants proposent ainsi de coupler ces nouveaux types de financements à un outil graphique de suivi des progrès des projets. Cet outil permettrait à l’AFD d’évaluer l’opportunité de poursuivre ou d’interrompre son soutien financier au regard des résultats intermédiaires atteints.

Les 3 projets et leurs résultats en bref

Le projet en zone saharienne au Niger

Associant 2 ONG aux autorités nationales, ce projet consistait à améliorer la gestion de la réserve naturelle nationale du Termit et de Tin-Toumma située à l’est du pays et à compenser les impacts négatifs de l’exploitation d’un bloc pétrolier situé à proximité.

→ Ce projet a réduit les pressions de braconnage, mis en place des outils de gestion de la réserve naturelle et mené de nombreuses actions d’éducation et de sensibilisation. En dépit des fortes conditions d’insécurité liées au terrorisme dont il a souffert, le projet a atteint certains résultats en termes de conservation de la biodiversité. Ses coûts de gestion ont cependant été élevés et la viabilité des résultats demeurait incertaine* car dépendante du renouvellement des financements internationaux.

De nouveaux financements ont été acquis par les ONG qui ont même reçu une délégation de gestion directe de l’aire protégée de la part des autorités nigériennes

Le projet d’appui à de nouvelles aires protégées à Madagascar

Mené par 3 ONG de conservation et de développement, ce projet visait à développer des modes de concertation et des modalités de gestion pour 2 nouvelles aires protégées marines, côtières et terrestres dans le nord-ouest du pays.

→ L’intervention a réussi sur de nombreux aspects : renforcement de la gouvernance locale, développement d’activités génératrices de revenus pour les populations locales, suivi des effets des aires protégées, capitalisation et diffusion des bonnes pratiques. Ces résultats restent néanmoins fortement affectés par la mauvaise gouvernance publique, la police n’ayant pas les moyens de se déplacer pour verbaliser les infractions et les cas de corruption constatés localement.

Le projet d’appui à des corridors de faune sauvage en Tanzanie

Associant une ONG française à des ONG locales, le projet vise à sauvegarder la faune qui circule entre le parc national de Manyara et celui de Tarangire, en encourageant les acteurs locaux à développer des « corridors socioécologiques ».

→ Ce projet a atteint un grand nombre de ses objectifs de gouvernance et de développement. Il a notamment réduit de 37 % les conflits générés en raison des dégâts provoqués par les prédateurs sauvages sur le bétail des éleveurs. Les impacts sur la conservation de la biodiversité restent quant à eux difficiles à évaluer.


Article initialement publié dans le Rapport des évaluations 2017/2018 de l'AFD, à découvrir en cliquant ici