Vétiver et cacao : voilà deux plantes qui font la fierté d’Haïti. Le pays est en effet le premier exportateur mondial de vétiver, une plante aromatique très prisée en parfumerie – il satisfait à lui seul 40% de la demande mondiale. Elle est aussi l’une des rares cultures à avoir résisté au passage de l’ouragan Matthew en 2016. Les agriculteurs locaux sont donc nombreux à miser sur comme une source de revenus stable. Le cacao made in Haïti est quant à lui reconnu comme l’un des meilleurs au monde.
Ces cultures souffrent pourtant de carences qui pourraient à termes les condamner, elle et leur environnement. Du fait de sa résistance aux intempéries, la production de vétiver a été opérée à marche forcée ces dernières années, entraînant une profonde dégradation des sols. Le cacao, à l’inverse, est sous-exploité car la filière ne bénéficie pas d’un accompagnement suffisant des autorités nationales pour améliorer la productivité. Alors que la filière a le potentiel pour jouer une plus grand rôle dans la sécurité alimentaire, la réduction de l’érosion, la fertilité des sols, la biodiversité et la séquestration de carbone.
Une approche intégrée et complémentaire
Enjeux socio-économiques et environnementaux majeurs pour Haïti, le vétiver et le cacao ont donc besoin d’un coup de pouce. Pour dynamiser ces filières et contribuer à l’essor économique du département du Sud, le premier concerné, l’AFD y soutient un projet de protection des bassins versants. Celui-ci complète un autre projet cofinancé par l’AFD et l’Union européenne dédié aux filières vivrières de la plaine des Cayes, dans le même bassin versant.
En combinant appui en agroforesterie, aménagements hydrauliques et renforcement organisationnel, cette nouvelle initiative vise à améliorer les revenus des producteurs tout en contribuant à la préservation des ressources (sols, couvert forestier, eau…) jusque dans les plaines. Côté vétiver, il s’agira d’améliorer les pratiques agricoles. Côté cacao, le projet permettra de lancer et structurer la filière. Le projet renforcera également les acteurs dans l’aménagement des bassins versants et encouragera la mise en place de pratiques agro-écologiques.
Mis en œuvre sur 4 ans, le programme est financé par quatre partenaires pour un total de 7,5 millions d’euros : le Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM - 2 millions d’euros), l’AFD (1,5 million d’euros), le Fonds pour l’environnement mondial (GEF) et la Norvège. La société civile y est largement associée : la mise en œuvre sera ainsi assurée par les ONG Agronomes et vétérinaires sans frontières (AVSF) et SOS Enfants sans frontières, les coopératives de production locale et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) .
Ensemble, ces acteurs veulent contribuer à faire émerger des modes de gestion plus durables de ces cultures clés pour le développement du pays.
Des ressources menacées
Le département Sud d’Haïti est un hotspot de biodiversité des Caraïbes. Entre mer et terre, les 750 000 habitants du département dépendent étroitement des richesses naturelles du département pour vivre. Face au changement climatique, aux catastrophes naturelles et aux activités humaines non maîtrisées, ces ressources sont pourtant menacées aujourd’hui.
En 2013, neuf espaces protégés ont été déclarés dans ce département, dont le parc Macaya et plusieurs aires marines. Ces aires protégées et les zones tampons qui y sont rattachées sont associées à des plans de gestion, intégrant des actions d’aménagement des bassins versants, de développement durable du vétiver et de l’agroforesterie, en particulier fruitière et cacaoyère.