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La COP24, organisée du 2 au 14 décembre à Katowice, en Pologne, est une étape importante entre la COP21 de Paris et celle de 2020, où les pays devront revoir leurs engagements climat à la hausse. Que faut-il en attendre ? Le point avec Timothée Ourbak, spécialiste du changement climatique à l’Agence française de développement.
portrait Timothée OurbakTrois ans après, où en sont les engagements pris par les pays à la COP21 ?

Timothée Ourbak : Il y a des bonnes et des moins bonnes nouvelles. Les bonnes viennent des scientifiques du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) qui estiment dans leur récent rapport qu’il est encore techniquement possible de rester sous le seuil des 1,5 °C de réchauffement climatique en 2100. 

Elles viennent aussi des banques de développement, qui sont nombreuses à investir dans des projets à impact positif sur le climat. La Banque mondiale s’est par exemple fixé l’objectif de 28 % de projets à co-bénéfices climat – parmi les projets qu’elle soutient – d’ici 2020. Elle en est déjà à 32 %.

Il faudra néanmoins une volonté politique forte et une action immédiate et drastique de tous les acteurs pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C. Les plans climat sur lesquels les pays se sont engagés à la COP 21 nous mettent pour le moment sur une trajectoire de plus de 3 °C de réchauffement d’ici la fin du siècle. Et quand on sait que seuls 16 signataires de l’Accord de Paris (sur plus de 150) respectent leurs engagements, d’après une étude récente, et qu’ils ne font même pas partis des plus grands pays émetteurs… Il y a lieu de s’inquiéter.

Que faut-il attendre de la COP24 ?

Cette conférence permettra d’abord de faire le point sur les engagements pris il y a trois ans à la COP21, grâce au Dialogue de Talanoa mené tout au long de l’année par des acteurs étatiques et non étatiques, [un processus lancé par la présidence fidjienne de la COP23 qui favorise le partage d’idées et d’expériences, censé encourager les gouvernements à agir davantage pour le climat].

Un grand enjeu de cette COP est de mettre les pays sur la voie du rehaussement de leurs ambitions de réduction des émissions de gaz à effet de serre à partir de 2020, comme le prévoit l’Accord de Paris. Avec l’idée d’aller toujours plus vite, car le temps presse.

Les gouvernements y négocieront aussi ce qu’on appelle le « rulebook », c’est-à-dire les règles d’application de l’Accord de Paris. En 2015, l’enjeu majeur étant de parvenir à un accord, plusieurs points n’ont pas pu être précisés. Il manque par exemple un cadre commun pour mesurer les émissions de gaz à effet de serre.

Enfin, il s’agit de montrer que le momentum et la prise en compte du changement climatique qui ont conduit au succès de la COP21 sont toujours là trois ans après. Car le risque existe que de grandes nations emboîtent le pas aux États-Unis et se retirent elles aussi de l’Accord de Paris.

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© Cyril Le Tourneur d'Ison / AFD

 

Quel rôle entend jouer l’Agence française de développement (AFD) à la COP24

Nous serons présents pour contribuer aux débats, notamment sur l’alignement des banques de développement avec l’Accord de Paris [depuis janvier 2018 l’AFD est la première institution 100 % Accord de Paris, lire à ce sujet son nouveau plan d’orientation stratégique], mais aussi sur les questions de transition de long terme et de risques climatiques pour la finance.

Comme lors des précédentes COP, il s’agit de mettre en évidence le lien entre le financement du climat et l’aide au développement.

Il sera aussi question de la cartographie de la finance verte d’IDFC (International Development Finance Club, présidé par l’AFD) et des 196 milliards de dollars que le club a consacré l’an dernier à des projets aux effets positifs pour le climat. Il s'agira aussi de valoriser le programme TFSC récemment adopté par le conseil d'administration du Fonds vert pour le climat [ce programme incite les institutions financières locales à soutenir la transition écologique]. Pour toutes ces raisons, il est important que nous y soyons.

 


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