
L’histoire commence le 26 juin 2012. La France annule la totalité des créances de l’aide publique au développement de la Côte d’Ivoire et décide de la reconvertir en subventions destinées aux programmes de développement et de lutte contre la pauvreté. Un mécanisme inédit et innovant.
Présente dans le pays depuis 1953, l'AFD est chargée de la mise en œuvre de ce projet aux côtés de l’État ivoirien. Les routes, la santé, l’éducation, l’agriculture, l’environnement, l’eau et l’assainissement, la justice, la formation et l’emploi des jeunes sont autant de secteurs prioritaires identifiés.
Dans la foulée, le 1er décembre 2012, est signé le premier Contrat de désendettement et de développement (C2D) pour la période 2012-2015. Il sera suivi deux ans plus tard d’un second contrat qui court jusqu’en 2020. Aujourd’hui, l’impact de ces deux programmes sur les populations ivoiriennes est significatif.

Des ponts et des routes
« La route précède le développement » ; cette maxime célèbre en Côte d’Ivoire trouve tout son sens dans certaines localités concernées par le C2D. Le pont de Bettié (à l’est de la Côte d’Ivoire, sur l’axe commercial Côte d’Ivoire-Ghana), en est un exemple frappant. Pendant 19 ans, les populations se déplaçaient d’une rive à l’autre de la région au moyen d’un bac. Relique de son époque, l’engin devenu vétuste était constamment sujet à des pannes.
Le calvaire des populations a pris fin en 2017, grâce à la construction d’un pont de 189 m entièrement financé par le deuxième C2D. « Au moment où le pont n’était pas encore fait, on se débrouillait avec le bac. Ce pont nous soulage énormément », sourit Oumarou Zanda, un habitant de la région. En cinq ans, une quinzaine de ponts et des centaines de kilomètres de routes ont été construits ou réhabilités. Dernier ouvrage en cours de travaux : l’emblématique pont Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan.
Coup de fouet sur l’économie
Ably Gloria est une jeune mère autonome et une commerçante accomplie. Elle a bénéficié d’une formation et d’un financement issus du C2D. Nouvellement grossiste en vivriers, elle se dit comblée. « Les paniers de piments que vous voyez là, je les vends en gros. Mes clients les prennent ici au marché et vont les vendre au détail. Ça me rapporte gros », jubile-t-elle.
Les revenus générés servent à « mettre sa famille à l’abri », à scolariser ses filles et à vivre convenablement. Véritable femme d’affaires en devenir, elle appelle même à « une relance du programme ou un nouveau financement », pour à la fois diversifier ses activités et améliorer davantage ses conditions de vie. « Cela nous permettra d’être beaucoup plus autonomes », confie l’ambitieuse commerçante.
Comme Ably Gloria, plus de 50 000 jeunes, dont beaucoup de femmes, ont vu leurs conditions de vie améliorées par les investissements issus du C2D. De nombreux centres de formation professionnelle ont été construits ou réhabilités, des branches professionnelles entièrement restructurées, sans oublier les projets de recherche appuyés et les plus de 100 bourses d’études délivrées.
« Je serai présidente de la République ! »
L’effort en matière d’éducation a également été conséquent : formation d’enseignants, construction de collèges… C’est plus de 100 000 enfants qui ont ainsi pu être scolarisés. L’une d’entre eux, Rachelle Yéo, élève en 4e à Lataha (dans le nord de la Côte d’Ivoire), y voit une aubaine pour réaliser son rêve : « Je serai présidente de la République ! »
Depuis 2013, des millions d’Ivoiriens peuvent également se prévaloir d’un meilleur accès au service public de la justice. Et, pour les personnes incarcérées, à une amélioration des conditions de détention grâce à une sensibilisation poussée au respect des droits humains et à la construction de cinq infirmeries en milieu carcéral.
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La terre et ses travailleurs
La sauvegarde de l’environnement et de la biodiversité n’est pas en reste. À travers le C2D, cinq parcs et réserves nationaux sont protégés et mis en valeur. Premier producteur mondial de cacao et de cajou, la Côte d’Ivoire s’est aussi engagée à améliorer les conditions de vie et de travail des agriculteurs. Outre 90 000 producteurs agricoles qui ont bénéficié d’équipements modernes et de conseils techniques, 70 000 ha peuvent désormais se prévaloir de certificats fonciers.
Ce bilan est loin d’être exhaustif. Des actions de fond ont également été engagées en matière d’accès à l’eau, avec notamment plus de 23 000 « branchements sociaux » à Abidjan et dans l’ouest du pays, au bénéfice de 1,4 million d'Ivoiriens. D'ici la fin du second C2D, en 2020, la Côte d'Ivoire aura encore engagé d'autres vastes chantiers comme celui-ci, en écho aux fortes attentes des populations ivoiriennes.