« Nous étions fatigués de prendre de l’eau au puits. Aujourd’hui, je tourne juste le robinet et j’ai de l’eau qui sort », se réjouit Mabrodjé Fofana. Cette élève habite à Dioulabougou, un quartier populaire de Man, le chef-lieu d'une région de l’ouest. Dans la cour commune, où elle vit avec ses parents et d’autres habitants, les deux grands puits ont laissé place à des compteurs d’eau et des tuyaux. « Nous avons payé 10 000 francs CFA au lieu de 120 000 francs CFA pour être connectés au réseau d’eau », se souvient Sanata Doumbia.
Cette mère de famille vit un peu plus loin dans le quartier. « Nous avons de l’eau potable… Tenez, buvez et testez vous-même », propose-t-elle à ses visiteurs en les servant dans un verre en plastique. Dans la cour familiale, ses filles font la lessive. Plus loin, des femmes s’affairent à la cuisine. Chez les Doumbia, l’eau est essentielle à la vie au quotidien.
L’implication des communautés locales
C’est l’affaire de tous… Si l’AFD est le bailleur de ce projet de « branchements sociaux », la maîtrise d’ouvrage est assurée par le ministère des Infrastructures économiques (MIE) à travers la cellule de suivi des projets C2D (Contrat de désendettement et de développement, conclu entre la France et la Côte d’Ivoire). L’exécution des travaux est à la charge de la SODECI (Société de distribution d’eau en Côte d’Ivoire) sous le contrôle de l'Office national de l’eau potable (ONEP).
Et pour l’accompagnement social du projet, le MIE a sollicité l’ONG Action contre la faim (ACF). Cette dernière s’appuie sur les communautés locales pour, à la fois, encourager les populations à souscrire au projet mais également les sensibiliser aux questions d’hygiène. « Nos populations ont besoin d’être rassurées quant au sérieux et à l’effectivité du projet. C’est la raison pour laquelle nous servons d’interface pour leur expliquer le bien-fondé de notre action », souligne Idrissa Fadiga, chef de quartier.
Nos populations ont besoin d’être rassurées quant au sérieux et à l’effectivité du projet.
À Biankouma, une autre ville de l’Ouest, c’est la chefferie traditionnelle qui monte au créneau. Parler aux populations, mais aussi porter leurs préoccupations à l’attention de l’AFD. « Il faut plus de personnes branchées pour avoir de l’eau potable », plaide Diomandé. Ce chef traditionnel vit dans un quartier de Biankouma, au pied d’une montagne. « Il faut une canalisation dans tout le village. Nos populations veulent avoir de l’eau » ajoute-t-il. À Biankouma, comme à Facobly, si certains bénéficient déjà des branchements sociaux activés, plusieurs populations attendent encore leur tour.
Au total, sur l’ensemble de cette première phase, 23 254 branchements sont prévus : 12 000 dans la commune d’Abobo, à Abidjan et 11 254 foyers dans l’Ouest. Au total c'est près de 3 milliards de francs CFA investis. C’est un peu plus qu’un commencement.