Cet article est à retrouver dans « Panorama 2018 », le rapport d’activité de l’AFD :

Pourquoi avez-vous engagé avec l’AFD un partenariat de dialogue stratégique sur les politiques publiques ?
N. Y. : Nous étions persuadés de l’intérêt de la recherche pour le développement de la Côte d’Ivoire. L’expérience menée avec l’AFD n’a fait que renforcer cette conviction. Le mémorandum de dialogue stratégique que nous avons signé en 2016 est un ensemble de programmes à court et moyen terme qui intègre comme fonctions de base les activités de recherche et leur diffusion, ainsi que la mise en réseau des experts. Il nous permet de produire des connaissances sur des sujets stratégiques de développement et de créer des synergies entre recherche et politiques publiques. L’autre intérêt de ces travaux de recherche scientifique réside dans l’implication des chercheurs ivoiriens. Nous voulions en effet saisir cette occasion pour dynamiser notre propre production scientifique en améliorant sa visibilité et sa valorisation.
Quels sont les axes et les résultats attendus de ce partenariat ?
Les travaux de recherche entrepris concernent le champ des sciences économiques et sociales, et couvrent plusieurs thématiques : les inégalités sociales en Côte d’Ivoire, les classes moyennes, l’emploi des jeunes, la réforme des collèges de proximité, la modélisation macroéconomique, le secteur informel et les services climatiques à destination des producteurs de cacao.
Les résultats de l’étude sur les classes moyennes présentés en décembre 2017 ont dévoilé la réalité actuelle de cette catégorie de la population ivoirienne. Hétérogènes, les classes moyennes ne représentent que 26 % de la population, sont encore en grande partie rurales (42 %) et exercent en majorité une activité dans le secteur informel (64 %). Ces données nouvelles ont alimenté le débat et attiré l’attention des décideurs, publics comme privés. À notre niveau, cette étude permet d’engager une réflexion sur les politiques publiques, et notamment sur les politiques budgétaires destinées à accompagner l’émergence de ces classes moyennes et à mieux répondre à leurs aspirations.
En quoi cette démarche est-elle utile pour la réflexion stratégique du ministère du Plan ?
Les résultats et les recommandations des recherches participent à la réflexion sur les orientations stratégiques des politiques sectorielles et des plans nationaux de développement. Ces données enrichissent également nos études prospectives. L’étude sur les classes moyennes en est un bon exemple. Nous avons par ailleurs mené une importante réforme dans le système éducatif ivoirien. L’étude portant sur les collèges de proximité nous permet d’avoir une analyse fine des retombées de cette réforme, notamment sur la scolarisation des filles en milieu rural. Les résultats des études sur l’emploi des jeunes sont également pertinents et suffisamment plausibles pour la prise de décision, grâce à une plus grande interaction entre les décideurs et les centres de recherche durant la réalisation des travaux.
Une première phase pilote arrive à échéance en septembre 2018. Comment voyez-vous le prolongement de cette première expérience ?
Ce premier mémorandum est une expérience riche, qui a fourni des résultats concrets dont nous sommes satisfaits. C’est l’occasion de remercier l’AFD pour le partenariat et tous les acteurs nationaux qui ont contribué au succès de la phase pilote. Aussi souhaitons-nous poursuivre et renforcer cette collaboration avec l’AFD en améliorant la structuration des programmes de recherche et de formation, en impliquant davantage de centres de recherche, de chercheurs, d’universitaires et de cadres ivoiriens, et en sélectionnant évidemment des thématiques essentielles pour la transformation structurelle de notre économie.
