Les forêts des montagnes du Nord-Laos, zones reculées où vivent de nombreuses minorités ethniques, sont des zones endémiques de théiers (Camellia sinensis). Environ 95 % de la production de thé du Laos provient de cette région. Cela constitue un levier potentiel important pour le développement économique local, puisque le thé lao présente la singularité d’être majoritairement cultivé par des petits producteurs. Mais il est largement sous-exploité, la grande majorité des feuilles cultivées au Laos étant exportées vers la Chine où elles sont transformées, ce qui prive les producteurs laotiens de la plus grande part de la valeur ajoutée.

Cette opportunité est lucrative pour certains mais seulement à très court terme : le marché est contrôlé par des acheteurs chinois, ce qui réduit considérablement la valeur ajoutée bénéficiant réellement au Laos.
La qualité du thé du nord du Laos est déjà reconnue par les experts internationaux, notamment grâce à des variétés uniques de thé sauvage et de thé ancien. C’est un potentiel important pour un développement économique local et inclusif.
Il n’existe par ailleurs pour l’instant pas de filière structurée au niveau national, mais une juxtaposition de projets d’appui aux producteurs de thé à l’échelle d’une province, et des initiatives privées ou accompagnées par des bailleurs internationaux (Union européenne, coopération suisse, Fonds international de développement agricole…).
Afin de pallier ce problème, le ministère du Plan et de l’Investissement laotien et l’AFD viennent de signer un projet de 1,5 million d’euros pour structurer la filière thé au Laos. Il sera mis en œuvre par le ministère de l’Agriculture et des Forêts.
Au bénéfice de 633 familles
Le principe ? Initier une réflexion stratégique de gouvernance en favorisant l’émergence d’une alliance inter-acteurs et en partageant mieux les connaissances et les informations. Deux initiatives pilotes de thé durable et de qualité seront également accompagnées, sur deux districts du Nord-Laos : Meung dans la province de Bokeo et Saysathan dans la province de Xayabouri. D’une durée de trois ans, le projet devrait permettre de lutter contre la pauvreté et d’augmenter le niveau de vie de 633 familles (soit près de 4 000 personnes), principalement issues des minorités ethniques du Nord-Laos.

Des impacts positifs sont également attendus en matière d’inclusion sociale et financière des producteurs, en particulier des femmes. Tout l’enjeu est de faire en sorte qu’elles soient actives dans les processus de décision au sein des groupements de producteurs ou coopératives et qu’elles puissent participer aux formations.
Enfin, cette initiative cherchera à améliorer les méthodes de culture des théiers pour assurer la durabilité de la filière. « Les écosystèmes du thé sont particulièrement précieux car ils permettent de stocker du carbone, de préserver la biodiversité, mais aussi d’améliorer la conservation des sols et de l'eau. L'adoption de pratiques agroécologiques pour leur production, comme le compost ou l’agroforesterie, peut ainsi contribuer à améliorer la résistance au changement climatique », précise Matthieu Bommier, directeur de l’agence AFD au Laos.
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