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Églises de Lalibela en Éthiopie
Depuis 2019, l’Agence française de développement (AFD) soutient plusieurs actions de préservation et de valorisation des églises de Lalibela, un site historique exceptionnel basé en Éthiopie et classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Un nouveau projet a été signé récemment, tandis qu'une exposition se tient dans la capitale Addis-Abeba jusqu’à la fin de l’année.

Creusées et taillées d’un bloc dans la roche au XIIIe siècle, les onze églises de Lalibela représentent un site hors du commun qui fascine les foules. Mais entre érosion, activité sismique et activités humaines, les églises sont en danger : certains chercheurs estiment que si rien n’est fait, certaines bâtisses pourraient s’effondrer sous deux ans.

Pour préserver ce patrimoine vivant, l’AFD a financé une série d’études et de projets qui visent à mieux connaître le site, le préserver, mais aussi faire monter en compétence les différents acteurs locaux impliqués dans sa conservation.

L’importance de la connaissance

La première étape, qui a débuté en 2009, a été de comprendre le site et son histoire, qui étaient assez méconnus. Plusieurs études consécutives ont ainsi été menées pour explorer les différents aspects du site et son évolution.

Par exemple, des expérimentations en carrière ont été conduites par le CNRS, pour restituer les étapes du travail des tailleurs de pierre via les traces d’outils relevées sur les églises et in fine mettre en évidence les propriétés de la roche et ses fragilités.


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Les équipes de chercheurs français, en collaboration étroite avec leurs homologues éthiopiens, ont également conduit des fouilles archéologiques pour mieux retracer l’histoire de ce site mystérieux et son évolution au cours des siècles, tout en impliquant et en formant les communautés.

« Les discussions ont fait naître le désir d'utiliser une méthodologie mise en œuvre ailleurs dans le monde : l'archéologie communautaire, qui engage les communautés dans un dialogue avec les professionnels de la conservation du patrimoine et les archéologues pour construire des objectifs communs de conservation et de valorisation, précise Marie-Laure Derat, directrice de recherche au CNRS et coordinatrice scientifique du projet Sustainable Lalibela. Leur participation aux fouilles archéologiques leur permet d'être des acteurs de la recherche sur leur passé et non de simples spectateurs. »

Enfin, plus récemment, un travail a été mené sur le partage des connaissances et la montée en compétences des experts locaux, dans le cadre du projet Sustainable Lalibela. Ainsi, un programme de formation d’étudiants, professionnels et artisans éthiopiens a été déployé par le Centre français des études éthiopiennes (CFEE) et le Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Grâce à ce dispositif, une centaine de personnes ont déjà été formées.

Les projets de restauration des églises de Lalibela

Suite aux différentes études, des travaux d’urgence de restauration ont été mis en œuvre pour répondre aux risques les plus urgents et d’autres seront mis en place sous peu. Ainsi, une solution technique a été validée pour éviter que le site ne soit davantage endommagé par les intempéries, sous forme d’une canopée en tressage de bambou ancrée dans le sol.


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« Toute la difficulté est d'allier les exigences de conservation aux besoins des usagers du site, en acceptant de s'adapter aux principes de réalité : on ne conserve pas un site toujours en usage de la même manière que des monuments qui ne sont que des vestiges du passé », ajoute Marie-Laure Derat.

D’autres travaux sont également effectués, par exemple la conservation des peintures et des sculptures, largement endommagés par les siècles. « Afin que les propositions faites soient alignées avec les communautés, un dialogue continu a été instauré avec toutes les parties prenantes, y compris les populations usagères et les autorités religieuses du site, pour trouver des solutions durables et consensuelles pour la préservation des églises. C’est un aspect qui nous tenait vraiment à cœur : les églises ne seront pas durablement préservées si nous n’embarquons pas l’intégralité des acteurs », explique Valérie Téhio, directrice de l’AFD en Éthiopie.

Diffuser la connaissance à travers une exposition à 360 degrés

L’un des objectifs communs à tous les appuis de l’AFD est la diffusion des connaissances collectées sur le terrain, notamment pour sensibiliser la population aux enjeux et aux défis de préservation du patrimoine en Éthiopie. À cet égard, une exposition a été développée à partir notamment des données de cartographie 3D et des connaissances accumulées depuis plus de dix ans sur le site.


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À partir de technologies innovantes utilisant des hologrammes, et appuyée sur des maquettes de chaque groupe de monuments de Lalibela, cette exposition permet de comprendre l’évolution, les méthodes de creusement ainsi que la dimension royale et chrétienne de ce site emblématique.

Des efforts qui se poursuivent

Dans la lignée des appuis précédents, et à la demande du gouvernement éthiopien et de l'Autorité du patrimoine culturel éthiopien (ECHA), l'AFD vient d’accorder un financement complémentaire de 5 millions d’euros, visant à développer les capacités de l'ECHA et à étudier un programme additionnel de développement local pour la ville de Lalibela.

« À travers ces multiples appuis, nous ne cherchons pas seulement à soutenir la conception d'une solution durable pour la préservation de ce patrimoine historique et culturel exceptionnel, détaille Valérie Téhio. Nous souhaitons également contribuer au développement des capacités de tous les acteurs, en particulier de l'autorité éthiopienne chargée du patrimoine, et au renforcement économique et social des communautés et des habitants de Lalibela. La France a une forte expérience dans l'utilisation du patrimoine comme levier d'attractivité et de développement économique : cette coopération plurielle permettra à l'Éthiopie d’en bénéficier. »