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Dans le nord de la Jordanie, l’AFD, l’Union européenne et la banque de développement allemande KfW améliorent l'accès à l’eau potable des populations locales. Depuis sept ans, les Jordaniens doivent partager cette ressource rare dans la région avec les nombreux réfugiés syriens accueillis sur le territoire. Une source potentielle de tensions à éviter.

À Irbid, au nord de la Jordanie, l’eau ne coule pas de source. Celle-ci n’y est généralement distribuée qu’un jour par semaine, voire toutes les deux à trois semaines en été. Disposer d’une citerne pour stocker le précieux liquide y est donc pratiquement une question de survie.

Mais l’arrivée de nombreux réfugiés en provenance de Syrie ces dernières années – près d’1 million entre 2011 et 2016 – a compliqué la situation locale. Non seulement la disponibilité en eau à Irbid a chuté de 65 litres par habitant et par jour à 50 litres - bien en deçà de l’objectif national de 90 litres -, mais le nombre de personnes résidant dans des habitats insalubres non raccordés au réseau d’eau, et donc dépendant des camions-citernes venant par la route, a fortement augmenté.

Cette situation génère aujourd’hui des tensions entre les différentes communautés, toutes par ailleurs déjà fortement touchées par le manque d’emploi et l’explosion du prix des loyers. « 85 % des réfugiés vivent parmi la population locale en Jordanie, ce qui a un impact sur les services publics qui n’arrivent plus à suivre. Cela a tendance à crisper les populations », constate sur le terrain Atika Ben Maid, chargée de projets Eau et énergie à l’agence AFD d’Amman, en Jordanie.

Les tensions sont d'autant plus à craindre que les pertes d’eau sur le réseau de distribution sont considérables :

Le taux d’eau non facturée frôle les 50 %, en raison des fuites et des branchements illicites.

Atika Ben Maid

C’est dans ce contexte que l’AFD, la Commission européenne et la banque de développement allemande KfW interviennent en Jordanie, dans la région d’Irbid et de Ramtha, pour améliorer l’accès à l’eau des populations. Et favoriser ainsi la résilience entre les communautés hôtes et réfugiées.

Établir un diagnostic des vulnérabilités

Depuis 2016 et jusqu’en 2021, ces trois partenaires consacrent 152 millions d’euros de dons et de prêts au développement d’infrastructures de distribution et de traitement de l’eau dans la région, pour y favoriser l’accès à l’eau des plus vulnérables. 40 millions d’euros proviennent de la Commission européenne via le fonds Madad (Fonds régional de l’UE en réponse à la crise syrienne) et la FIV (Facilité européenne d’investissement pour le voisinage), 80 millions du groupe KfW, tandis que l’AFD participe à hauteur de 32 millions d’euros.

Le programme doit permettre d’agrandir le réseau de distribution d’eau potable du « Grand Irbid » et de Ramtha, avec un objectif de 40 millions de m3 d’eau supplémentaires. Il s'agit également de diminuer les pertes et la consommation énergétique de la principale compagnie d’eau locale. Sans oublier l'extension du réseau de collecte des eaux usées autour d’Irbid, afin, notamment, de réduire les pollutions environnementales causées par le débordement des fosses septiques mal entretenues.

L’accent est aussi mis sur les ménages vulnérables : 10 000 d’entre eux, dont 70 % de réfugiés syriens, profiteront d’un meilleur accès à l’eau et de nouveaux équipements (robinets, chauffe-eau, citernes, portes de toilettes…). Pour mener à bien ce projet, il a d’abord fallu établir un diagnostic des vulnérabilités sur le terrain, en quantifiant les besoins des populations concernées. Puis s’assurer, via la rédaction et la signature d’un accord avec les propriétaires des habitations concernées, que les ménages vulnérables pourront continuer à y vivre de six mois à un an, une fois le logement amélioré.

S’adapter au changement climatique

À long terme, l'objectif est de faire passer la consommation moyenne d’eau de 50 L/personne/jour à 98 L, ainsi que de créer des emplois dans une région où le chômage est important. Ces grands travaux sont aussi l'occasion d'amorcer une transition écologique en Jordanie, en réduisant les fuites d’eau sur le réseau et en installant des turbines sur les infrastructures de transport d'eau pour générer de l'électricité.

« Nous nous trouvons actuellement en phase d’appels d’offres pour la plupart des infrastructures. Les travaux devraient débuter au premier semestre 2019 », précise Atika Ben Maid. Sur les 1,1 million de futurs bénéficiaires de ces aménagements, 5 000 profitent déjà d’un accès sécurisé à l’eau. Une goutte d’eau... avant l'ouverture prochaine des vannes pour la totalité des populations visées.


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Cette publication n’engage que l’AFD ; elle n’engage pas la responsabilité de l’Union européenne.