Un Polynésien sur deux a accès à l’eau potable. Ce taux d'accès a même baissé en 2016... Quant à la vétusté des réseaux de distribution, elle est responsable d’une perte de 80 % de la ressource captée.
Les communes polynésiennes ont jusqu’à 2024 pour assumer la totalité des responsabilités liées aux services publics environnementaux. Le défi est grand : les besoins d’investissements concernant l’adduction en eau potable (estimés à 18 milliards de francs pacifique soit 150 millions d’euros) dépassent leurs capacités propres. Consciente de cet enjeu, l’AFD intensifie son appui aux communes dans l’exercice de leurs compétences, en coordination et complémentarité avec le Pays et l’État.
Sécurité et fiabilité du service
Parmi elles, la commune tahitienne d’Arue. Dès le début des années 2000, elle a entamé de vastes travaux afin de rénover et d'étendre son réseau de captage et de fourniture d’eau potable, en s’appuyant à plusieurs reprises sur les outils financiers de l’AFD. Avec des résultats plus que probants : en 2017, elle est l'une des dix communes de Polynésie française à distribuer de l’eau potable aux habitants.
Les investissements réalisés ces dernières années ont visé la sécurité de l’approvisionnement en eau potable de la commune et l’hygiène, en limitant la dégradation de la qualité de l’eau captée lors de son transit dans le réseau. Aujourd’hui, l’objectif est d’améliorer le rendement d’un réseau particulièrement fuyard (45 % de pertes d’eau), de baisser les coûts d’électricité liés au pompage de l’eau perdue, de renforcer la structuration du réseau et de réduire les multiples interventions de travaux de réparation.
Des travaux d'adaptation au changement climatique
Autre enjeu pour la commune : la canalisation des eaux pluviales. En effet, l’intensification des intempéries a provoqué ces dernières années des inondations d’une ampleur exceptionnelle à Tahiti. En janvier 2017, la Polynésie française a même été placée en état de calamité naturelle. Arue n'a pas été épargnée : les canaux d’assainissement se sont avérés sous-dimensionnés et, après les intempéries de 2016, des eaux pluviales mal canalisées en amont se sont déversées et ont ainsi endommagé les structures de chaussée de la voirie du quartier d’Erima. La commune avait alors été dans l’obligation de fermer la route. Des réparations provisoires ont été exécutées, mais des travaux de renforcement s’imposent désormais dans une démarche préventive de résilience.
Prévus en 2018, sur six mois, ils comprennent notamment la réfection et la sécurisation du réseau d’assainissement pluvial ainsi que l'enfouissement des réseaux aériens.
Pour financer ces initiatives, la municipalité a signé avec l’AFD le 26 mars 2018 deux conventions de financement d’un montant total de 2,3 millions d’euros (280 millions de francs pacifique). En vertu de la visée d'adaptation aux changements climatiques du second projet, Arue va expérimenter le prêt à taux zéro PSP Vert, un prêt dont la bonification permet d'atteindre des taux proches de zéro.