• logo linkedin
  • logo email
Formation des femmes sur l'hygiène menstruelle en Ethiopie
En Éthiopie, 72 % des femmes et des filles déclarent ne pas être en mesure de gérer leurs menstruations et l'hygiène qui s'y rapporte avec dignité. Par conséquent, un projet ambitieux destiné à améliorer l’hygiène menstruelle a été mis en oeuvre par Care Éthiopie et financé par l’Agence française de développement (AFD). Explications, dans le contexte de la Journée mondiale de l'hygiène menstruelle du 28 mai.

Dans la ville d’Adama, troisième la plus peuplée d’Éthiopie, il n’est que 7 h 30 du matin et pourtant la salle d’attente du centre de santé est déjà pleine. Ashibir Kita, 38 ans, directeur adjoint du centre, vient interrompre le silence pour faire une présentation d’une vingtaine de minutes sur les menstruations. De nombreux sujets sont couverts : les symptômes du syndrome prémenstruel, comment soulager les douleurs, quelles sont les différentes options en termes de protections hygiéniques ou comment jeter celles-ci. 

Pour Gadisie Regassoe, 20 ans, cette formation est essentielle : « Beaucoup de gens ne sont pas au courant de cela, notamment comment jeter ses protections hygiéniques sans contaminer l’environnement. Je pourrais désormais partager ces connaissances avec ma communauté. »

Les équipes du centre de santé ont récemment été formées à ce type d’interventions dans le cadre d’un projet mis en œuvre par Care Éthiopie et financé par l’AFD. La formation se poursuivra toutes les deux semaines dans plus de 18 centres et postes de santé pendant trois ans. Des formations similaires ont été mises en place pour les travailleurs des parcs industriels et des programmes radio hebdomadaires ont été créés pour sensibiliser les gens à la santé maternelle et infantile. Au total, 324 000 personnes seront sensibilisées en trois ans.

« Je pensais que ce sujet ne me concernait pas, mais c'est tout le contraire, explique Guta Melka, 32 ans, j'ai une nièce de 11 ans à la maison, je vais maintenant pouvoir l'accompagner beaucoup mieux lors de ses premières règles et en cas de douleurs. »

Hygiène menstruelle : tous concernés, jusque dans les écoles

Le projet va au-delà des formations dispensées par les agents de Care, qui permettent au personnel des centres de santé ou éducatifs de mener des sessions de sensibilisation. 

« Les toilettes des filles étaient jusqu’ici assez vétustes, sans portes ni éviers pour se laver les mains, explique Derege Worku, directeur d’une école dans la périphérie d’Adama. Certaines filles n’avaient pas non plus accès à des protections hygiéniques et pouvaient parfois arrêter l’école parce qu’elles avaient honte. D’autres se lavaient avec de l’eau contaminée et pouvaient développer des infections. » 

Depuis, la situation dans cette école s'est largement améliorée, comme dans 24 autres établissements de la région : des latrines ont été construites, des ateliers organisés et des protections distribuées.


À écouter : Deux épisodes d'un podcast consacré à la précarité menstruelle, avec l'intervention d'experts de l'AFD : « Des toilettes pour tous.tes ! » et « Mesurer l'impact des projets sur la vie des personnes menstruées »