Pourquoi la mise en place du programme de recherche GEMMES s’avère particulièrement pertinente au Vietnam ?
Le Vietnam est l’un des pays les plus vulnérables aux effets du changement climatique, notamment aux typhons et autres phénomènes d’érosion côtière. Ses deux grands deltas, lieux de production agricole intenses, doivent faire face à la montée relative du niveau de la mer, une urgence reconnue aujourd’hui au plus haut niveau par les autorités vietnamiennes. Enfin, sa situation tropicale le rend fragile face aux changements de régime des pluies et aux températures très élevées.
Le programme GEMMES permettra d’évaluer les impacts socioéconomiques de ces transformations à l’horizon 2050 et de dresser un panorama des stratégies d’adaptation possibles. Nous avons choisi ce thème en coordination avec nos partenaires vietnamiens. Le développement d’un tel programme s’inscrit dans le cadre plus large de la coopération climatique entre le ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles vietnamien (MoNRE) et l’AFD.
Quels sont les objectifs du projet ?
Nous souhaitons instaurer un dialogue avec les ministères vietnamiens – et en particulier le MoNRE – en amont de l’adoption des politiques climatiques, aussi bien sur la question de l’adaptation que sur l’intérêt d’adopter d’ambitieuses trajectoires d’atténuation des effets du changement climatique.
Le projet vise également à former des doctorants et post-doctorants vietnamiens dans tous les champs disciplinaires liés au climat et aux politiques climatiques afin de pouvoir peser sur les futures élites du pays. Cet objectif de formation est, en réalité, double : il vaut aussi pour les experts français et étrangers impliqués dans le projet, tant nous avons nous-mêmes à apprendre d’un pays qui a montré des capacités de résilience hors du commun durant sa longue histoire.
Enfin nous ambitionnons d’avoir un troisième cercle d’interlocuteurs, à savoir le public vietnamien et international, à travers un effort de sensibilisation à la question des effets du changement climatique, via notamment l’Union de la jeunesse ou des relais médiatiques.
Quelle est la particularité de ce programme de recherche ?
Nous allons travailler avec des acteurs de la recherche vietnamiens mais aussi français et internationaux. L’Institut de recherche pour le développement (IRD), avec sa connaissance fine et son expérience du secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche dans le pays, est notre partenaire pour la gestion du projet et pour une partie de la recherche. Mais nous travaillons également avec des chercheurs de l’université des Sciences et Technologies de Hanoï, de l’université Nationale, de l’université des Sciences sociales, de l’université de Can Tho (autour de la question du delta du Mekong notamment), ou encore de l’Institut de recherche sur l'Asie du Sud-Est contemporaine (IRASEC), unité régionale du CNRS et du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères en Asie du Sud-est. Différents instituts spécialisés sur les questions climatiques, agricoles, énergétiques ou macroéconomiques nous rejoindront au cas par cas au cours du projet.
L’idée clé est de proposer une vision aussi exhaustive que possible des dommages climatiques subis par le Vietnam et des solutions qui s’offrent au pays pour y faire face. Nous espérons aboutir ainsi à un panorama global qui permette de construire un plaidoyer cohérent au niveau macroéconomique.
Nous développerons notamment une plateforme web de cartographie dynamique intégrant des scénarios de changements climatiques, mais aussi leurs impacts socioéconomiques. C’est à la fois un objet scientifique, avec des données de simulation qui peuvent être téléchargées, mais aussi un objet de dialogue politique puisqu’il s’agit de synthétiser de manière visuelle des résultats de recherche qui peuvent paraître ardus au premier abord. Enfin, c’est un formidable outil de plaidoyer pour une action urgente en faveur de stratégies de réduction des gaz à effet de serre alignées sur l’Accord de Paris.