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Voyage d'étude Salam
L'Agence française de développement vient de valider le financement de la nouvelle phase du projet Salam, un programme de soutien aux jeunes acteurs de la société civile sur la rive sud de la Méditerranée. Axé sur la ville durable, il s'agit du premier projet porté par une organisation de la société civile (OSC) de droit local cofinancé par le dispositif Initiatives OSC de l’AFD. Plus de détails sur ce dispositif innovant à l'occasion de la Journée internationale de la jeunesse du 12 août.

Le comité ONG de l’AFD du 5 juillet 2022 a validé l’attribution de près de 35 millions d’euros de subventions à des projets portés par des organisations de la société civile (OSC). Parmi ces projets, le réseau Salam (Structurer et agir en liaison avec les acteurs de Méditerranée), porté par le Laboratoire de l’économie sociale et solidaire (Lab’ess) à Tunis, accompagne des associations menées par et pour les jeunes en Mauritanie, au Maroc, en Tunisie et en Jordanie, sur le thème de la ville durable. 

La prochaine phase de Salam est le premier programme porté par une OSC de droit local à être cofinancé par le dispositif Initiatives OSC de l’AFD, jusqu’alors réservé aux OSC françaises. Il s'étendra dans un premier temps sur trois ans et sera financé à hauteur de trois millions d'euros (soit 90 % du budget total) par l'AFD. 

« La coopération avec les pays de la rive sud de la Méditerranée existe depuis longtemps, précise Nicolas Le Guen, responsable des partenariats avec les OSC à l'AFD, mais il s'agit d'une évolution aujourd'hui, d'un élargissement de nos partenariats : nous souhaitons soutenir davantage la société civile, les initiatives locales… Les citoyens représentent un troisième pilier de la société, en plus de l’État et du secteur privé, et contribuent à l'atteinte des ODD et au dialogue autour des politiques publiques. » 


Porter la voix de la jeunesse méditerranéenne 

Dans sa nouvelle phase, le projet se donne pour objectif de développer un réseau de structures d’accompagnement locales en Mauritanie, au Maroc, en Tunisie et en Jordanie. Il soutiendra financièrement et techniquement des projets sur la thématique des villes durables, portés par des jeunes de moins de 35 ans issus d’OSC locales. « La jeunesse est notre public prioritaire, ajoute Nicolas le Guen. Les jeunes des pays du sud de la Méditerranée ont beaucoup d'aspirations, mais moins de canaux d'expression qu'en Europe. Le printemps arabe a été une expression des frustrations, du manque d'opportunités. Nous avons entendu leur besoin de mener des projets, de créer des structures, d'avoir un avenir. » 

Fondé en 2012, juste après la révolution tunisienne, par le groupe SOS et avec le soutien de l'ambassade de France à Tunis, le Lab'ess est un incubateur, membre du réseau Pulse, qui soutient des projets à impact social et environnemental. Depuis sa création, il a accompagné plus de 2 000 associations et 80 entreprises sociales, en Tunisie et dans plusieurs pays de la région Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord). 

Pour Rachid Abidi, directeur du Lab'ess, « le projet Salam et son évolution à venir est un challenge pour toutes les parties prenantes. Ce partenariat multi-pays depuis un pays de la rive sud représente un nouveau défi, puisque nous agirons dans une configuration Sud-Sud et non plus Nord-Sud. Aujourd'hui, c'est directement le Lab'ess, en partenariat avec l'AFD, qui sera responsable des fonds rétrocédés à d'autres organisations au Sud. » 

Deux thématiques fortes : ville durable et égalité femmes-hommes

Les deux appels à projets lancés dans chacun des quatre pays en 2023 et 2024 cibleront des projets à impact sur le développement durable, en lien avec l'ODD 11 sur la ville durable et l'ODD 12 sur la consommation et la production durable : gestion des déchets, économie circulaire, alimentation durable, agriculture urbaine, transition énergétique… Pour Nicolas Le Guen, « il est important de soutenir la dynamique de l'entrepreneuriat social qui, à côté du monde de l'entreprise classique, cherche à réconcilier l'économie, le social et l'environnement. »

L’égalité femmes-hommes est par ailleurs une composante clé de la phase 2 de Salam : « Nous allons faire en sorte qu'il y ait une parité à toutes les étapes (présélection, sélection, accompagnement…), explique Rachid Abidi, avec au moins 50 % de porteuses de projets associatifs. Nous y serons très attentifs car c'est plus difficile sur certains territoires que sur d'autres. Nous souhaitons aussi que les porteurs et porteuses de projets puissent véhiculer cette thématique dans leurs propres projets, sur leur territoire. » 

Concrétiser les engagements pris par la France

Le programme Salam répond aux ambitions de la Loi de programmation relative au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales, adoptée en août 2021, qui prévoit que les OSC des pays éligibles à l’aide publique au développement (APD) pourront bénéficier de financements directs de l’AFD, sous certaines conditions. Il s'inscrit également dans la dynamique initiée par le président de la République française lors du Sommet des deux rives en juin 2019 puis par les engagements pris par la France en février 2022 lors du Forum des mondes méditerranéens, consistant à renforcer la jeune société civile des États de la rive sud méditerranéenne.

La nouvelle phase de Salam vise à créer un solide réseau qui devrait s'élargir progressivement. « Il s'agit d'une première étape sur trois ans, mais d'ici dix ans, anticipe Rachid Abidi, l'objectif est de toucher dix pays de la région et d'accompagner 260 projets à impact social et environnemental. »