Le ministère de l’Éducation togolais a initié en 2014 un ambitieux programme d’amélioration des conditions d’apprentissage des élèves dans le secondaire. Lancé avec le soutien de l’AFD, le dispositif offre de meilleurs équipements et une formation des enseignants améliorée. Sans oublier un important travail de sensibilisation des communautés sur l’importance de la scolarisation, notamment des filles.

Au Togo, près de 94 % des enfants en âge d’être scolarisés sont désormais assis sur les bancs de l’école. Une très bonne note obtenue notamment grâce à la disparition des frais d’inscription dans l’enseignement public. Chaque année, ce sont ainsi environ 120 000 élèves supplémentaires qui rentrent en sixième.  

Cette généralisation de l’accès à l’école représente cependant un défi majeur pour les collèges du pays qui manquent de structures d’accueil adaptées, de supports pédagogiques et d’enseignants professionnels bien formés. 

Dans un contexte de ressources limitées, le ministère de l’Éducation togolais a initié le Projet d’appui à la réforme des collèges (PAREC). Financé par une subvention de l’AFD à hauteur de 8 millions d’euros, celui-ci a permis de déployer un programme d’amélioration de l’accès à l’école, de la qualité de l’enseignement et de l’équité filles-garçons au collège dans deux régions peuplées du Togo : les régions Maritime et des Plateaux. 

Entre 2014 et 2018, PAREC a notamment permis d’équiper 30 collèges publics en salles de classe en dur, en latrines et en points d’eau. Plus de 4 000 enseignants, inspecteurs et directeurs d’établissement ont également bénéficié de formations continues.
 

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Kossi, le professeur formé à la performance
Kossi Glomatsi enseigne la langue française depuis six ans au collège d’enseignement général de Gbamakopé. « La formation que j’ai reçue m’a aidé à corriger mes lacunes dans la préparation de mes fiches en français. J’avais beaucoup de difficultés », se rappelle-t-il.

Un lointain souvenir pour lui comme pour les 3 000 enseignants de français et de SVT formés dans tout le pays. « J’ai un autre regard sur la fonction d’enseignant, je découvre de nouvelles choses et je suis mieux cadré dans ma façon de dispenser les cours », reconnaît le quarantenaire.
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Rosaline, déterminée à mettre les filles à l’école
La soixantaine révolue, Rosaline Mlatawu est mère de deux enfants en classe de troisième, Godwin Kossi (13 ans) et Victor (14 ans). Si elle s’applique chaque jour à leur donner une éducation parfaite, elle n’a pas hésité à suivre les formations dispensées par l’ONG Aide et Action à l’attention des parents d’élève.

« Ce qui m’a le plus intéressée, c’est l’importance accordée à la scolarisation des jeunes filles. J’ai pris l’engagement d’aider les filles de notre village à aller à l’école », engagement qu’elle applique désormais.

« Je vais à la rencontre d’autres parents pour transmettre ce que j’ai appris au cours de ma formation, raconte-t-elle. Je mets l’accent sur certains parents qui ont des filles qui vont à l’école. Je leur demande d’alléger les activités domestiques afin qu’elles puissent s’adapter au rythme des cours », poursuit Rosaline Mlatawu, en soulignant que les élèves font également partie de sa cible à sensibiliser : « J’indique aux filles quels comportements adopter pour éviter les grossesses précoces. »
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Daniela, l’école à tout prix
Daniela Afi Agode, 13 ans, est inscrite en classe de troisième. Pour elle, pas question d’abandonner l’école. Si elle est déterminée à poursuivre ses études jusqu’au bout « c’est grâce aux séances à l’occasion de forums communautaires sur la scolarisation et au maintien des filles », affirme-t-elle. « Nous [les collégiennes] avons été formées sur les comportements à adopter pour éviter de tomber enceintes lorsqu’on est encore à l’école. »

Ces rencontres sont des plateformes d’échanges entre les ONG, les parents et les élèves, avec pour objectif d’encourager la scolarisation des jeunes filles, mais aussi d’alerter celles-ci sur les potentiels risques pouvant les empêcher d’achever leur parcours.
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La métamorphose du collège de Gbamakopé

Gbamakopé est une petite ville de la région Maritime, située à 9 km de la capitale, Lomé. Il y a quatre ans, son collège d’enseignement général a été sélectionné pour bénéficier du projet PAREC : l’établissement était alors un « collège d’initiative locale », créé spontanément par la communauté pour répondre aux besoins de la zone. Les cours se faisaient sous des paillotes ou des hangars recouverts de tôle. 

Les bâtiments ont été transformés. Huit nouvelles salles de classe ont été construites et équipées, mais aussi 20 latrines individuelles, un forage (photo ci-contre), un bloc administratif dont une bibliothèque et un domaine réaménagé. L’époque où le soleil, le vent et la pluie empêchaient la tenue des cours est désormais un lointain souvenir, à la grande satisfaction des élèves.

« Au départ, nous faisions les cours sous les appâtâmes [constructions sans murs au toit en paille], se souvient Farasse Koffi Leguede, un élève en classe de troisième. Par la suite, des bâtiments en dur ont été construits. Désormais, lorsqu’il pleut, nous ne sommes plus inondés. Nous apprenons dans de bonnes conditions. »

Les nouvelles latrines constituent également une amélioration considérable pour l’hygiène des élèves et des enseignants : « Avant on utilisait la brousse ou les champs. Désormais, nous avons quatre blocs de latrines : deux pour les filles et deux pour les garçons », ajoute Farasse.  
 

Les filles au cœur des préoccupations

Togo, éducation, fillesDans le cadre de PAREC, un partenariat a aussi été conclu avec Aide et Action et Plan International Togo. Impliquées de longue date auprès de la population togolaise en matière d’éducation, ces ONG se donnent pour objectif d’impliquer davantage les communautés et de valoriser leur action dans la gestion des établissements qui accueillent leurs enfants. C’est un modèle de collaboration qui « booste véritablement le système éducatif togolais », se réjouit Antoine Gizenga, directeur d’Aide et Action pour le Togo et le Bénin.

Plus de 300 communautés dans les deux régions ont ainsi été sensibilisées à l’importance de la scolarisation des filles, dont la situation au collège est encore préoccupante. Vulnérables aux pressions sociales et aux violences de genre pouvant entraîner un abandon précoce, seuls 40 % des collégiennes achèvent à l’heure actuelle le premier cycle du secondaire. 

Les acteurs du milieu scolaire ont également bénéficié du travail de sensibilisation d’Aide et Action sur l’épineuse question de la scolarisation des jeunes filles en milieu rural. Et les résultats du travail sont palpables auprès des élèves : « À travers les séances de sensibilisation du PAREC, j’ai appris beaucoup de choses sur la façon dont je dois me comporter pour ne pas tomber enceinte prématurément lorsque je suis encore sur les bancs », raconte Daniela Agode, élève en classe de troisième. Celle-ci a participé à des forums communautaires sur la scolarisation et au maintien des filles au collège.
 

Continuité

La réforme des collèges, c’est aussi un appui à la formation du personnel. En première ligne, les enseignants. « Mes capacités ont été renforcées. Ça m’a aidé surtout dans les sous-disciplines de la matière qui sont difficiles à préparer. Ça m’a aussi aidé à préparer les fiches en vocabulaire », témoigne Nougouma Adjaya, 50 ans, qui enseigne le français depuis six ans dans ledit établissement. 

L’appui au secteur éducatif et à la formation professionnelle au Togo reste au cœur de l’accompagnement de la France au gouvernement togolais, comme c’est le cas depuis plus de quinze ans. Les défis demeurent sur tous les territoires, et les bons résultats du PAREC devraient prochainement être consolidés et étendus grâce à une nouvelle allocation de fonds.