Birmanie : face aux aléas climatiques, les agriculteurs s'organisent

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Birmanie
Birmanie :
Face aux aléas climatiques,
les agriculteurs s'organisent
500
hectares de zones irriguées
350
familles bénéficiaires environ
33 %
de réduction de la consommation d’électricité
En Birmanie, les agriculteurs de la zone sèche, au centre du pays, sont particulièrement exposés aux aléas climatiques. Pour y faire face et renforcer la sécurité alimentaire dans une région très vulnérable, l’Agence française de développement (AFD) soutient un projet qui allie rénovation des périmètres irrigués et amélioration des pratiques agricoles.

Le long de la route qui mène à Myin Kun, au cœur de la Birmanie, le paysage est aride. Bien que la saison des pluies s’achève à peine, la terre est déjà sèche. Avec moins de 600 mm de pluie par an contre 2 400 en moyenne, en plus d’un sol sableux, la Dry Zone porte bien son nom. Cette « zone sèche » couvre 10 % du pays et abrite près de 18 % de sa population, qui dépend majoritairement de l’agriculture pour subsister.

Selon le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), les événements météorologiques extrêmes (sécheresses et pluies intenses) sont, dans cette zone, d'ores et déjà largement aggravés par le changement climatique. L’accès à l’irrigation est donc un facteur déterminant pour la sécurité alimentaire des populations… et pas seulement à Myin Kun.

Face à ce défi, le ministère de l’Agriculture birman met en œuvre, avec le soutien de l’AFD, un projet alliant rénovation de structures d’irrigation et développement de méthodes d’agriculture plus économes en eau, avec de meilleurs rendements. Objectif : renforcer durablement la sécurité alimentaire et les revenus des agriculteurs.

L’un des champs du périmètre irrigué de Myin Kun, Birmanie
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S’adapter face aux aléas climatiques
Comme U Ko Ko Maung, agriculteur, 200 personnes travaillent sur le périmètre irrigué de Myin Kun, situé à une heure de route de Magway. La rénovation du réseau d’irrigation a considérablement amélioré le rendement de son activité : « Avant, nos récoltes étaient régulièrement inondées pendant la saison des pluies, et manquaient d’eau pendant la saison sèche. Maintenant, la ressource en eau est bien mieux répartie grâce au drainage et à l’irrigation. Cela nous permettra de faire trois récoltes au lieu de deux ! », se réjouit-il. Une nouvelle culture sera donc introduite dès l’année prochaine : soit des arachides soit des tournesols, selon les endroits.

Un véritable soulagement pour U Ko Ko Maung qui espère voir ses revenus augmenter : « J’ai deux enfants. Il nous est arrivé de souffrir de la faim. Une année, les récoltes ont été si mauvaises que je n’avais pas assez d’argent pour payer les fournitures scolaires. Maintenant que nous allons récolter davantage, et du grain de meilleure qualité, je voudrais économiser pour qu’ils puissent aller à l’université. »
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Une agriculture efficace et durable
U Tin Win est l’expert agricole du projet. Son rôle ? Accompagner l’évolution des pratiques des agriculteurs pour qu’elles soient plus efficaces, mais aussi plus durables. « Les agriculteurs ont bénéficié de formations pour apprendre à mieux cultiver le riz paddy [riz planté] : en effet, en laissant d’avantage d’espace au moment du repiquage entre les plants et en ayant une gestion fine de l’irrigation (alternance de phases d’immersion et d’assèchement de la parcelle), les plantes sont plus hautes, il y a plus d’épis par plan et ils ont une meilleure densité. Ils peuvent récolter plus avec moins de semences, moins d’eau, et donc faire des économies ! »

Les agriculteurs sont également formés à réduire leur usage de produits chimiques : « Nous avons introduit une variété de champignons qui fertilise naturellement le sol. Nous leur proposons également d’utiliser des trichogrammes, des insectes qui tuent les parasites, plutôt que des insecticides chimiques », explique U Tin Win.

Enfin, la réduction des pertes dans les canaux et l’optimisation des mécanismes d’irrigation permet de réduire de 33 % la consommation d’électricité liée aux pompes, tandis que la superficie irriguée a, elle, augmenté de 30 % !
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Renforcement des capacités
Au-delà de l’agriculture, de nombreuses formations sont dispensées aux agriculteurs : « Nous avons eu des formations en management, en finance, mais aussi pour mieux identifier les opportunités de marché », explique U Hla Myo Oo, également agriculteur sur la zone de Myin Kun et secrétaire de l’association des usagers de l’eau.

« Nous avons complètement changé notre gestion et nos pratiques, nous comprenons mieux comment gérer nos exploitations. Nous sommes également allés en voyage d’étude au Cambodge, pour voir comment d’autres fermiers cultivent leurs terres. » Au total, ce sont 35 formations et cinq voyages d’étude qui ont été organisés pour renforcer les capacités des agriculteurs.

Dans la zone concernée par le projet, des champs dédiés à la démonstration des bonnes pratiques ont également été installés, afin de pouvoir facilement les présenter à d’autres agriculteurs et convertir le plus grand nombre à ces usages.
Une gestion par et pour les usagers
Des membres de l’association des usagers de l’eau, Birmanie
Des membres de l’association des usagers de l’eau discutant avec l'expert agricole du projet © Aung Naing Oo / AFD


Afin de déléguer une partie de la gestion et de la maintenance des périmètres irrigués, le projet a également accompagné la création d’une association des usagers de l’eau. Son but est simple : former et mobiliser les usagers à l’entretien du canal et des pompes pour assurer leur durabilité après la fin du projet.

Les membres de l’association – dont U Koko Maung et U Hla Myo Oo font partie – sont également formés aux aspects administratifs, juridiques et légaux liés à leurs fonctions. Il s'agit de la première structure du genre à être officiellement enregistrée en Birmanie.

« L’eau est une ressource précieuse, que nous devons utiliser du mieux que nous pouvons. Si l’association des usagers de l’eau est encore en phase de structuration, ses membres démontrent leur volonté de trouver des solutions par eux-mêmes et de gérer cette ressource au mieux… Ce qui est de très bon augure pour la suite, se réjouit Marie-Cécile Thirion, directrice de l’AFD en Birmanie. J’espère que, d’ici quelques années, c’est dans ces deux périmètres irrigués que seront organisés les voyages d’étude, et que leur fonctionnement servira d’exemple pour étendre ce projet à d’autres régions. C’est en tout cas très bien parti !  »