Condamnés à une seconde chance

En Colombie, comme dans d’autres pays d’Amérique latine, les mineurs écopent encore de peines de prison ferme lors de leurs condamnations devant les tribunaux. C’est pour faire évoluer cette situation que le Bureau international catholique de l’enfance (BICE), soutenue par l’AFD via son dispositif Initiative ONG, milite pour que les mineurs ne soient pas systématiquement enfermés dans des prisons et continuent à vivre « une enfance sans barreaux ».
Pour y parvenir, le BICE s’est associé avec la congrégation des Tertiaires capucins qui gèrent des centres d’orientation juvénile en Colombie, et le Centre de formation et de promotion de la jeunesse (CENFOR), spécialisé dans les programmes scolaires adaptés. Avec l'aide de ces structures, le Club Amigo Soacha propose une alternative à l’enfermement pour 120 jeunes au parcours de vie très difficile, dans un quartier défavorisé de Soacha, à la périphérie de Bogota.
Dans ce centre, l’éducation est la pierre angulaire des programmes proposés aux adolescents. Le CENFOR a ainsi développé des programmes académiques « à la carte » pour ces jeunes parfois déscolarisés depuis plusieurs années.
L’équipe pédagogique du CENFOR est spécialement formée pour encadrer ces jeunes. Elle est constamment à leur écoute, les motive quotidiennement via des rituels élaborés de façon conjointe. Les élèves commencent ainsi leur journée en récitant un texte positif. Surtout, on ne se juge jamais, pour écarter tout type de stigmatisation. Ensemble, professeurs et élèves construisent un projet de vie pour que la « remise à niveau académique » soit intégrée dans la construction de l’avenir des jeunes concernés.
Comment éviter le retour à la rue des jeunes déjà condamnés par la justice ? Après une évaluation du niveau scolaire des élèves, les professeurs développent donc des programmes adaptés à chaque cas. « Il s’agit de détecter leurs points forts pour les encourager et les motiver », explique Mileidy Parraga, membre de l’équipe pédagogique du centre. Selon elle, la réussite des élèves réside dans la flexibilité des enseignants.
L’enseignement laisse par exemple une grande place aux jeux. La plupart des jeunes du centre souffrent en effet de difficultés à se concentrer. Ponctuer la journée par des jeux de société est une solution qui a fait ses preuves. De même, les cours d’art plastique quotidiens aident les élèves à faire baisser leur niveau d’anxiété.
Au Club Amigo Soacha, les cours d’activités manuelles sont aussi très importants car ils aident les jeunes à s’orienter vers ce qui leur plaît. L’activité menuiserie, la joaillerie ou le cours d’art plastique sont très prisés par les étudiants qui, encouragés par des professeurs bienveillants, se découvrent des talents dont ils ne se doutaient pas. Pour la pédagogue Mileidy Parraga, il faudrait cependant « plus de professeurs », tant les élèves ont besoin d’un suivi strict et permanent. Éviter la récidive est à ce prix.