Selon un récent rapport de la Banque mondiale, l’Afrique du Sud est le pays le plus inégalitaire au monde. Malgré la réduction significative de la pauvreté depuis l’avènement de la démocratie en 1994, les inégalités restent élevées. Elles se traduisent par des disparités salariales, un accès inégal aux services publics, une ségrégation géographique et une augmentation du chômage des jeunes. Les Sud-Africains noirs – et en particulier les femmes – sont toujours les plus touchés par les inégalités.
Face à ce phénomène, les habitants des zones historiquement marginalisées des townships ont trouvé leurs propres solutions face à l'absence de services de base, d'opportunités d'emplois ou d'espaces de loisirs. Ces dernières années, les entrepreneurs sociaux ont notamment créé des entreprises de technologie financière, des organisations touristiques, des activités extrascolaires pour les enfants et des écoles d'art et de musique.
L'AFD s'est associée à Igalelo, une organisation dédiée au développement d'opportunités économiques en faveur des communautés sud-africaines désavantagées. Igalelo gère un programme d'incubation de douze mois proposant aux éventuels entrepreneurs en herbe une formation commerciale et un développement de leurs compétences. L'objectif final est qu'ils transforment leurs idées en entreprises durables qui auront un impact social et environnemental de long terme dans leur communauté.
La population sud-africaine se définit encore nettement selon des critères ethniques et socio-économiques. Ces défis exacerbent les problèmes sociaux existants et pourraient à long terme affecter le développement économique et la démocratie dans le pays.
En 2015, l'AFD s'est associée à l'Initiative Pauvreté et Inégalité de l'université du Cap (UCT - PII) et à l'Institut pour la Justice et la Réconciliation (IJR) en vue de produire une étude examinant la relation entre cohésion sociale et inégalités économiques en Afrique du Sud, ainsi que les changements institutionnels nécessaires pour favoriser la cohésion sociale et réduire les inégalités.
L'étude conclut que plus les niveaux de revenus et d'emplois sont élevés, plus la cohésion sociale est forte. À l'inverse, la pauvreté, le chômage et les mauvaises prestations de services sont associés à une cohésion sociale moindre. Autre enseignement de l’étude : les niveaux élevés d'inégalités et la perception qu'aucune amélioration n’a eu lieu en la matière depuis l'émergence de la démocratie en 1994 sont les principaux obstacles à la cohésion sociale en Afrique du Sud.
Les prochaines étapes de cet ambitieux projet de recherche collaboratif consistent en l'élaboration d'un indice de cohésion sociale. Celui-ci sera utilisé pour formuler les politiques d’amélioration de cohésion sociale et assurer un développement inclusif. En partenariat avec StatsSA, l'Indice de cohésion sociale de l'Afrique du Sud devrait être lancé en mars 2019.