À Githurai, quartier défavorisé de la banlieue de Nairobi, les futures mères étaient jusqu'à présent privées de soins abordables à proximité de leur domicile. L'hôpital Saint John, une clinique familiale privée fondée grâce à la volonté d'un couple, propose des prix abordables. Tout en développant la qualité de son offre de soins grâce à l'accès au crédit.

La croissance économique et l’explosion démographique que connaît l’Afrique subsaharienne vont de pair avec des besoins de santé sans cesse plus importants. La lutte contre les pandémies, les maladies chroniques ou l’accompagnement des affections bénignes appellent ainsi des investissements conséquents auxquels les pouvoirs publics peinent à faire face. Le défi est colossal dans une région représentant 16 % de la population mondiale et seulement 2 % des dépenses de santé.

Pour combler ce déficit de financement, l’Agence française de développement (AFD) soutient Medical Credit Fund (MCF), une fondation de droit néerlandais qui vient en aide à nombre de centres de soins de petite ou moyenne taille installés au plus proche des communautés. C’est le cas à Githurai, près de Nairobi, où l’AFD intervient à travers une subvention d’un million d’euros et un prêt de trois millions.

Mary_Wanjiru_regarde_son_nouveau-né. © Sarah Waiswa / AFD
Santé-Kenya-MCF-Grace_Njunge_devant_son_hopital/ Sarah Waiswa-AFD
Le rêve de Grace
Githurai se situe à une vingtaine de kilomètres au nord-est du centre de Nairobi. Pas la banlieue la plus peuplée ni la plus riche, mais celle de la famille Njunge, là où Grace, la mère, a créé « son » hôpital. « Un rêve de toujours », se souvient Sifa, une de ses filles. « Sur le chemin de l’école, elle nous répétait qu’elle ouvrirait un jour un établissement de soins ici, dans les rues de son enfance. »

Grace travaille alors comme sage-femme dans un dispensaire public de la capitale. Frustrée, elle y rencontre de nombreuses femmes qui ont dû parcourir des kilomètres pour avoir accès à des soins médicaux.

En 1989, elle décide de bousculer le destin, démissionne, loue une salle dans sa ville natale et ouvre ce qui ne peut encore s’appeler un hôpital. Il s'agit alors d'un centre pour accueillir les femmes enceintes, les jeunes enfants et patients atteints d'affections mineures. « C’était le 5 avril », se remémore-t-elle. Pour le nom, ce sera « Saint John », trouvaille de son mari qui se prénomme… John.
Kenya-Santé-MCF-John-Njunge-dans-son-bureau/ Sarah Waiswa-AFD
John et l'accès au crédit pour développer l'offre de soins
John, ingénieur, aide sa femme dès que son emploi du temps le lui permet. Les économies du couple fondent à vue d’œil. « À l'époque, le propriétaire devait penser que nous faisions de très bonnes affaires et ne cessait d’augmenter le loyer ! », sourit-il aujourd’hui. En 1993, ils prennent la décision d’acheter un terrain et d'y construire un bâtiment moderne à la hauteur de leurs ambitions et du succès qu’ils connaissent depuis leurs débuts.

20 shillings pour peser un bébé ou effectuer des soins prénataux, 50 pour un vaccin : les prix pratiqués sont adaptés à la population locale qui afflue, le bouche-à-oreille vantant la qualité d’écoute du personnel faisant le reste.

Pour équiper Saintt John en matériel moderne, John invite sa fille promue directrice financière à trouver le financement nécessaire. On lui recommande alors de se tourner vers MCF, une fondation dont la spécialité est de dénicher des crédits auprès d’organismes financiers dans le domaine de la santé : « Un partenariat qui va plus loin que le simple financement, assure John. J’ai pu suivre plusieurs formations à la gestion d’établissement comme le nôtre avec MCF, qui nous aide également à améliorer la qualité des soins dispensés. »
Kenya, santé, MCF, infirmière se désinfectant les mains
Une école de médecine… Et pourquoi pas ?

MCF accompagne également ses bénéficiaires avec le programme Safecare qui permet aux centres de soins d'améliorer étape par étape leurs normes en matière d'hygiène. Après une évaluation initiale de l'installation, un document propose des solutions graduelles pour améliorer l'hygiène. L'organisation en petites étapes est facile à gérer et aide à mesurer les progrès.

Un exemple du soutien apporté par la fondation qui donne des ailes : de nouveaux locaux seront prochainement construits. Au-delà de cette ouverture prochaine, Grace et John rêvent encore. Leur prochain défi ? Créer une école de médecine à Githurai !