La croissance démographique et le développement économique que connaît notre planète s’accompagnent de changements importants dans les écosystèmes naturels. Les pays de l’Asie du Sud-Est font ainsi face à une croissance rapide entraînant à la fois une forte urbanisation et une intensification des pratiques agricoles. Ces bouleversements peuvent favoriser l’émergence de maladies, notamment endémiques, l’extension de maladies à des zones géographiques non concernées jusqu'alors ou l’apparition de nouvelles maladies.
Dans ce contexte, l’Institut Pasteur, avec le soutien de l’Agence française de développement (AFD), met en œuvre le projet ECOMORE II pour comprendre les changements responsables de l’émergence des maladies infectieuses, mais aussi mesurer l’impact de l’amélioration des systèmes de surveillance et du renforcement de la coopération nationale et régionale face à ces maladies.
La deuxième phase du projet vise également à analyser l’impact du changement climatique sur l’émergence des maladies dans la zone étudiée. Les risques les plus importants sont portés par les maladies transmises par l’eau et les moustiques, dont l’émergence dépend largement de la météorologie et de l’utilisation des sols.
Cinq sujets d’étude ont été sélectionnés par des partenaires nationaux, en regard à une problématique de santé publique majeure dans chaque pays : la dengue au Cambodge, au Laos et aux Philippines ; la leptospirose en Birmanie et au Vietnam. Rencontre avec les acteurs de ce projet.


À l’échelle régionale, l’objectif du projet ECOMORE II est également de travailler sur le lien entre l’émergence de ces maladies et les différents scénarios climatiques. L’Institut Pasteur collabore donc avec l’Institut de recherche pour le développement (IRD) pour modéliser l’évolution de la dengue et de la leptospirose selon ces différents scénarios, qui incluent l’intensification des facteurs de risque – par exemple des précipitations plus importantes.
« À terme, l’idée est qu’un décideur local puisse se connecter sur le site, identifier le nom de sa région et voir immédiatement la projection de l’impact du changement climatique et de l’évolution des maladies étudiées, explique Benjamin Sultan, chercheur à l’IRD et spécialiste des changements climatiques. C’est un outil puissant de sensibilisation. Après une telle prise de conscience, nous pouvons espérer que certains pays souhaitent aller plus loin dans leurs plans d’adaptation et d’atténuation au changement climatique. »

ECOMORE II s’attache à promouvoir et à partager les résultats des études de terrain au niveau régional. Au-delà de comités de pilotage annuels qui réunissent tous les intervenants impliqués dans la mise en œuvre du projet, des échanges sont organisés entre partenaires avec l’intervention d’experts de la région, notamment pour des formations conjointes à de nouvelles techniques de diagnostic de laboratoire, pour des workshops techniques transversaux mais aussi pour des visites mutuelles des sites d’implémentation des études sur le terrain.
Ces collaborations sont également développées entre partenaires et autorités nationales extérieures au projet. Par exemple, l’Agence internationale de coopération thaïlandaise (TICA) a organisé une formation menée en collaboration avec l’université Kasetsart de Bangkok et l’Institut Pasteur du Cambodge (IPC) pour améliorer les capacités d’identification des moustiques par les entomologistes cambodgiens du Centre national de malaria du Cambodge (CNM) et de l’unité d’entomologie médicale de l’IPC.
La leptospirose est une infection qui se transmet par l’eau, des animaux à l'être humain. La dengue est quant à elle transmise par les moustiques.
Ces deux maladies présentent des symptômes cliniques similaires, ce qui rend leur diagnostic plus difficile : fièvre importante, courbatures, fatigue…
Le risque de conséquences sévères est non négligeable pour les personnes infectées, souvent les plus pauvres et les plus vulnérables. Dans les cas sévères de leptospirose, la mortalité peut ainsi atteindre 20 %.