Les enfants de Mexico inventent leur ville de demain

Imaginer la ville de demain, c'est bien. Mais si on demandait leur avis aux principaux concernés ? À Mexico, les petits citoyens de 110 écoles primaires de la capitale ont été sollicités entre juin et septembre 2016 par l'AFD et la municipalité autour d'une question simple : « Quelle ville de Mexico voulons-nous pour demain ? »
En partenariat avec l’association française Robins des Villes, ce programme pilote a permis de recueillir les idées et recommandations des enfants dans le cadre d'un grand concours d'idées. En deux mois d'ateliers, les 87 groupes d’élèves ont inventé des dizaines d'innovations sociales et environnementales pour Mexico : containers d’échange de nourriture ou de produits de seconde main, établissements de soins pour les sans-abris, refuges pour animaux, lampadaires solaires, rampes d’accès pour handicapés, etc.
Dès le début, nous avons refusé de réduire cette expérience à un concours de dessin. Il s'agissait plutôt d'aider les enfants à construire leur propre réflexion. Tous les partenaires du projet ont mis en commun leurs compétences au service de ce programme unique.
À les voir assises derrière les micros et les bouteilles d'eau minérales de rigueur en pareilles circonstances, on se pincerait. Pas elles : à la dernière conférence de l’ONU d'octobre 2016 sur le logement et le développement urbain durable de Quito, Brisa, Naomi, Carla, Anlly et Sofia choisies comme ambassadrices du projet « Quelle ville de Mexico voulons-nous pour demain ? » déroulent les propositions formulées par leurs camarades de 110 écoles de la capitale mexicaine comme si elles avaient fait ça toute leur vie.
« Nous avons proposé de sauver une rivière qui serait protégée pour que nous puissions la contempler et non pas la polluer », explique doctement Brisa, devant une assistance tout sauf amusée. Cinthia, nullement impressionnée par l'événement et ses cinq heures d'avion, propose de « mettre des conteneurs dans les rues, les maisons et les écoles pour que les enfants déposent des habits ou des choses en bon état dont ils ne se servent plus ».
Une de ses camarades, l'oeil rieur, porte une proposition singulière : « On a proposé une ferme d'exploitation de cactus pour que la communauté en bénéficie. Les gens pourraient vendre eux-mêmes la production et on pourrait créer une sorte d'entreprise ».
Un mois après la conférence de Quito, les cinq fillettes se retrouvent dans un autre lieu de décision prestigieux : le Sénat de la République de Mexico. « C'est très important d'être ici et de rencontrer ceux qui écrivent la Constitution », explique en toute simplicité Carla.
Ici, l'Assemblée constituante composée de cent hommes et femmes élabore la première Constitution de la ville de Mexico. « Nous avons lu vos recommandations », déclare Alejandro Encinas,
Président de l'Assemblée constituante de la ville de Mexico. Les enfants, assis en rang d'oignon à l'auguste table de conférence, ronronnent de plaisir. « Nous les avons trouvées très utiles et intéressantes, continue M. Encinas. C'est une vision très différente de la ville que nous avons nous, les adultes ».
Pas impressionnée pour un sou, Cinthia y est même allée de son petit conseil : « Je leur ai dit que quand ils rédigent les lois, ils ne doivent pas réfléchir en tant que député ou professionnel, mais penser comme nous, les enfants. Quelle ville allez-vous nous laisser pour l'avenir ? Et quand vous étiez enfant, quelle ville vouliez-vous ? » « Quand nous formulons nos idées, elles peuvent devenir réalité, résume Anlly. Et quand nous serons grands, nous pourrons voir la ville comme nous l'avons imaginée. »