11 230
km² : superficie du Parc national du Limpopo
147
espèces de mammifères
27 000
habitants dans le parc
À l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement du 5 juin, nous vous emmenons dans le Parc national du Limpopo, au Mozambique. Avec 147 espèces de mammifères et plus de 500 espèces d'oiseaux, cet immense territoire est le cadre d’un projet ambitieux liant développement économique et conservation de la biodiversité.

On y chassait, désormais, on protège. Le Parc national du Limpopo a été créé en 2001 par le gouvernement du Mozambique sur le territoire d'une ancienne concession de chasse. Ce vaste territoire de plus de 11 000 km² fait partie d'un parc transfrontalier plus vaste – le Parc transfrontalier du grand Limpopo, GLTP en anglais – qui comprend le Parc national Kruger en Afrique du Sud et le Parc Gonarezhou, au Zimbabwe.

La création du GLTP et le retrait partiel de la barrière à la frontière entre le Mozambique et l'Afrique du Sud ont favorisé la libre circulation de la faune entre les deux parcs. Cela a permis de repeupler Limpopo, dont la faune a été décimée par la guerre civile qui a ravagé le Mozambique entre 1977 et 1992. La fin de la guerre a également encouragé les populations à s'installer dans le parc, favorisant l'émergence de conflits entre ces nouveaux habitants et les animaux sauvages.

En 2007, l'AFD rejoint la KfW, la Banque mondiale et la fondation sud-africaine Peace Parks Foundation pour soutenir le plan de développement du Parc national du Limpopo. La subvention de 11 millions d'euros de l'AFD vise alors principalement à restaurer et à préserver la biodiversité du parc tout en améliorant le quotidien des habitants vivant dans la zone. De cet équilibre entre développement économique et préservation de la nature dépend la pérennité de Limpopo.

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Peter, champion de la conservation
Il n'y a pas de meilleur défenseur du potentiel économique et touristique du Parc national du Limpopo que le spécialiste de la conservation Peter Leitner. Originaire d'Afrique du Sud, Peter a passé la plus grande partie de sa vie à gérer des parcs animaliers. Il est à présent le chef de projet du Parc national du Limpopo. Sa connaissance de la faune, de la végétation et de l'écosystème de Limpopo est impressionnante : il sait comment les animaux et les plantes interagissent et le rôle que chacun joue dans son environnement.

L'appui de l'AFD au Parc national du Limpopo est centré sur la conservation de la biodiversité, mais aussi sur le besoin de développement économique pour les populations locales. Au cœur de cette approche se trouve la promotion d'une agriculture de subsistance durable qui permet aux agriculteurs de générer des revenus en vendant des excédents de produits sur les marchés locaux. C'est la raison d’être de l'association Hluvuka Chibotane Farming, forte de 43 membres, qui a bénéficié d'une pompe à eau et d'un système d'irrigation construits avec la subvention de l'AFD. C'est l'un des 18 systèmes d'irrigation que l'AFD a aidé à construire entre 2010 et 2013.

En tant que gestionnaire de projet, Peter a surveillé de près la construction de la pompe et peut témoigner de l'impact que ces projets d'infrastructure peuvent avoir sur la viabilité économique de l'agriculture tout en protégeant l'environnement et la faune du parc. « Lorsque vous mettez en œuvre ces types de systèmes d'irrigation, la croissance de la population impacte moins l'environnement, car les agriculteurs ne défrichent pas plus de terres pour faire place à de nouvelles cultures, explique Peter. Avec l'agriculture de conservation, les agriculteurs peuvent rester indéfiniment sur la même parcelle et régénérer régulièrement le sol, ce qui profite énormément à l’environnement. »
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Le développement économique au cœur du dispositif
Chaque membre de la Hluvuka Chibotane Farming Association possède une parcelle de 250 m de long et 4 m de large sur laquelle il cultive des cultures de subsistance traditionnelles telles que le manioc, le maïs, les oignons, l'ail, la laitue et les haricots. « Ma vie a beaucoup changé : ces cultures nous permettent de produire beaucoup dans un plus petit endroit qu'avant, quand les cultures dépendaient des pluies », explique Felicidade Joaquim Mlhaule, une des membres de l'association agricole.

Elle produit désormais assez pour nourrir une famille de dix personnes et vendre le reste sur les marchés locaux ou à des acheteurs individuels. « Avec l'argent que je gagne en vendant des légumes, j'achète du savon et d'autres produits de première nécessité. Je peux même payer les frais de scolarité de mes enfants », ajoute fièrement Felicidade.

Le président de la Hluvuka Chibotane Farming Association, Felimão Julio Ngovene, estime que le système d'irrigation a changé la vie de ses membres : « En 2014-2015, notre pays a été frappé par une grave sécheresse, mais nous avons continué à produire et à vendre grâce à notre accès à l’eau. On ne craint plus de ne pas pouvoir subvenir aux besoins de sa famille et tout le monde peut maintenant envoyer ses enfants à l'école. »
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Un délicat exercice d’équilibriste

Clôturer pour mieux cohabiter : l'AFD a contribué à la construction d'une partie de la clôture longue de 56 km qui sépare la zone centrale du parc de la zone dite de soutien. En limitant l'accès à la zone centrale, la clôture permet la conservation et constitue la principale barrière contre les conflits hommes-faune.

Afin d'atteindre les ambitions touristiques du parc – attirer 59 000 visiteurs d'ici 2037 contre 10 000 aujourd’hui –, l'AFD contribue à l'amélioration de 350 km de routes, à la construction d'hébergements indépendants et de zones d'accueil touristiques.

L'AFD joue également un rôle important dans le développement du cadre institutionnel mozambicain, en collaboration avec d'autres bailleurs de fonds intervenant sur la biodiversité. Par le biais notamment de la loi de 2014 sur les aires protégées, ce travail de fond a déjà permis de clarifier les mécanismes de répartition des revenus générés par le parc et la création de l'Administration nationale des aires de conservation (ANAC).

Encore beaucoup à faire

Selon une récente évaluation du projet du Parc national du Limpopo, l'AFD a contribué à préserver l'intégrité écologique du parc, à y développer le tourisme et à en renforcer les capacités administratives. Il reste néanmoins encore beaucoup à faire pour atteindre les objectifs du plan de développement. Davantage de concessions touristiques doivent être accordées, la capacité des organisations communautaires à gérer les recettes provenant du tourisme doivent être renforcée, ainsi que leur sensibilisation à la conservation de la faune. Mais après tant d’années marquées par les conflits, ces perspectives sont déjà une victoire.