On y chassait, désormais, on protège. Le Parc national du Limpopo a été créé en 2001 par le gouvernement du Mozambique sur le territoire d'une ancienne concession de chasse. Ce vaste territoire de plus de 11 000 km² fait partie d'un parc transfrontalier plus vaste – le Parc transfrontalier du grand Limpopo, GLTP en anglais – qui comprend le Parc national Kruger en Afrique du Sud et le Parc Gonarezhou, au Zimbabwe.
La création du GLTP et le retrait partiel de la barrière à la frontière entre le Mozambique et l'Afrique du Sud ont favorisé la libre circulation de la faune entre les deux parcs. Cela a permis de repeupler Limpopo, dont la faune a été décimée par la guerre civile qui a ravagé le Mozambique entre 1977 et 1992. La fin de la guerre a également encouragé les populations à s'installer dans le parc, favorisant l'émergence de conflits entre ces nouveaux habitants et les animaux sauvages.
En 2007, l'AFD rejoint la KfW, la Banque mondiale et la fondation sud-africaine Peace Parks Foundation pour soutenir le plan de développement du Parc national du Limpopo. La subvention de 11 millions d'euros de l'AFD vise alors principalement à restaurer et à préserver la biodiversité du parc tout en améliorant le quotidien des habitants vivant dans la zone. De cet équilibre entre développement économique et préservation de la nature dépend la pérennité de Limpopo.
Clôturer pour mieux cohabiter : l'AFD a contribué à la construction d'une partie de la clôture longue de 56 km qui sépare la zone centrale du parc de la zone dite de soutien. En limitant l'accès à la zone centrale, la clôture permet la conservation et constitue la principale barrière contre les conflits hommes-faune.
Afin d'atteindre les ambitions touristiques du parc – attirer 59 000 visiteurs d'ici 2037 contre 10 000 aujourd’hui –, l'AFD contribue à l'amélioration de 350 km de routes, à la construction d'hébergements indépendants et de zones d'accueil touristiques.
L'AFD joue également un rôle important dans le développement du cadre institutionnel mozambicain, en collaboration avec d'autres bailleurs de fonds intervenant sur la biodiversité. Par le biais notamment de la loi de 2014 sur les aires protégées, ce travail de fond a déjà permis de clarifier les mécanismes de répartition des revenus générés par le parc et la création de l'Administration nationale des aires de conservation (ANAC).
Selon une récente évaluation du projet du Parc national du Limpopo, l'AFD a contribué à préserver l'intégrité écologique du parc, à y développer le tourisme et à en renforcer les capacités administratives. Il reste néanmoins encore beaucoup à faire pour atteindre les objectifs du plan de développement. Davantage de concessions touristiques doivent être accordées, la capacité des organisations communautaires à gérer les recettes provenant du tourisme doivent être renforcée, ainsi que leur sensibilisation à la conservation de la faune. Mais après tant d’années marquées par les conflits, ces perspectives sont déjà une victoire.