Le Cambodge, avec ses paysages luxuriants et ses forêts tropicales, est réputé pour être un pays où l’eau ne manque pas. Et pourtant. Si l'accès à l'eau s'est amélioré au cours des dernières décennies, passant de 52 % en 2000 à 75 % en 2015, cette augmentation masque de nombreuses disparités. À la différence de la capitale Phnom Penh où le taux de couverture en eau potable atteint 85 % de la population, les villes secondaires au Cambodge souffrent d’un déficit d’infrastructures en eau potable et en assainissement, alors même qu’elles enregistrent une forte croissance démographique générant d’une part des besoins accrus en eau potable, et d’autre part une pollution croissante de l’environnement urbain via les rejets sans traitement d’eaux usées dans le milieu naturel.
En parallèle, le gouvernement cambodgien s'est fixé pour objectif de fournir à l'ensemble de la population un accès à l'eau potable d’ici à 2025. Néanmoins, pour y arriver, le Cambodge va devoir investir dans les infrastructures, mais pas seulement. Pour fournir un service d’eau et d’assainissement « géré en toute sécurité » comme le prévoient les Objectifs de développement durable, il est aussi nécessaire d’investir dans les ressources humaines pour disposer du nombre suffisant de techniciens et d’ingénieurs qualifiés pour les opérateurs de ces services publics essentiels.
Ouvert en octobre 2018, le master Ingénierie de l’eau et de l’assainissement en milieu urbain de l’Institut de technologie du Cambodge a pour objectif de former les futurs ingénieurs du Cambodge dans les domaines de la gestion de l'eau, du traitement des eaux usées et des systèmes d'assainissement. À terme, il vise à améliorer la vie quotidienne de milliers de personnes dans les zones urbaines en fournissant aux villes une main-d’œuvre hautement qualifiée pour faire face aux défis de la gestion des eaux urbaines et rurales. L’AFD et l’Union européenne financent ce master à travers une subvention déléguée de plus d’un million d’euros.
Alors que le monde de l'ingénierie au Cambodge est dominé par les hommes, le master Ingénierie de l'eau et de l'assainissement comporte une majorité de femmes. Un fait dont se réjouit Ty Boreborey : « Dans ma classe, il y a plus d'étudiantes que d'étudiants, précise-t-elle avant de poursuivre. Je pense que les gens commencent enfin à comprendre que l'ingénierie n'est pas un domaine réservé aux hommes et que les femmes sont tout aussi compétentes dans ces métiers. » En parallèle, afin d’encourager les femmes à postuler, l’Institut de technologie du Cambodge a intégré ce facteur dans les critères d’analyse des candidatures à la bourse d’étude, qui soutient financièrement 30 étudiants du master.
Ce master fait partie d’un projet plus large, qui vise à améliorer le cadre et les conditions de vie des populations de quatre des plus grandes villes provinciales du Cambodge : Battambang, Kampong Cham, Siem Reap et Sihanoukville. Cette amélioration passe par l’accroissement des capacités de potabilisation et d’épuration et l’extension des réseaux correspondants, mais aussi par la pérennisation financière de ces services.
Dans ce cadre, deux stations de potabilisation sont prévues à Battambang et Kampong Cham, qui permettront de connecter 209 000 personnes supplémentaires. Dans les provinces de Battambang et Sihanoukville, l’accent a été mis sur l’assainissement, avec une augmentation de la capacité de traitement de 25 000 m3/jour, dont 90 000 personnes supplémentaires bénéficieront. Enfin, le projet vise à renforcer la gouvernance nationale et locale dans le secteur de l’assainissement (capacités institutionnelles et managériales) et à sensibiliser la population aux bénéfices de l’assainissement.
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