Hélène N’Garnim-Ganga : « Il n’y a pas de temps à perdre pour accélérer les transitions démocratiques »

publié le 08 avril 2019
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forum de Paris sur la paix, Hélène N’Garnim-Ganga
Depuis 2016, l’Agence française de développement (AFD) aide les pays à mettre en place, à tous les niveaux, des institutions efficaces, responsables et ouvertes.
Hélène N’Garnim-Ganga, directrice du département Transition politique et citoyenne à l’AFD, nous explique en quoi ce nouveau champ d’intervention est essentiel.
Pourquoi l’AFD agit-elle dans le domaine de la gouvernance, et de quelle manière ?

Le Comité interministériel de la coopération internationale et du développement (CICID) nous a confié en 2016 un mandat pour soutenir le développement de nos pays partenaires sur cette thématique. Elle englobe notamment la justice, les droits humains, les migrations, la réforme de l’État, la gouvernance financière, les processus démocratiques et les médias.

En pratique, nous pouvons soutenir la mise en œuvre d’une politique publique nationale comme un projet de plus petite envergure au niveau local. L’État est notre interlocuteur principal, mais nous travaillons avec une multiplicité d’acteurs : villes, opérateurs, ONG, organisations de la société civile

À titre d’exemple, nous avons récemment approuvé un projet pour accompagner les populations impactées par les déplacements forcés liés à la crise dans la région du lac Tchad (nord du Cameroun, nord-est du Nigéria). L’objectif est de promouvoir la résilience des populations par la mise en œuvre du cadre international de protection des personnes, le renforcement du lien social, un meilleur accès aux droits (identités légales), au travail et à l’éducation. Un accent particulier est mis sur les questions de genre.

La transition démocratique est un enjeu essentiel. Comment l’AFD l’accompagne-t-elle dans les pays où elle intervient ?

Nous travaillons en interne sur notre nouvelle stratégie d’intervention sur la transition politique et citoyenne (voir la stratégie du groupe AFD pour la période 2018-2022). Nous apportons cependant déjà notre soutien sur le terrain à de nombreux projets liés à la transition démocratique. 

À Madagascar par exemple, nous accompagnons le ministère de la Justice sur un projet visant à améliorer le système judiciaire, notamment à travers la professionnalisation des administrations judiciaires et pénitentiaires et une meilleure mise en œuvre de la protection des droits des citoyens (cliquez pour en savoir plus sur ce projet).

Nous travaillons aussi à renforcer les médias locaux, en lien avec l’Objectif de développement durable n°16 visant à « garantir l’accès public à l’information et protéger les libertés fondamentales, conformément à la législation nationale et aux accords internationaux ». Une information indépendante, de qualité et plurielle est indispensable dans certaines régions.

Au Sahel, un projet consiste ainsi à renforcer les compétences des journalistes dans les radios locales pour favoriser la diffusion d’informations fiables et la participation des jeunes femmes et hommes du Sahel au débat public de leur pays. Les jeunes y sont majoritaires. Il faut leur donner la parole !

Quels défis attendent l’AFD en 2019 ?

Les besoins sont là sur les questions de gouvernance. Il n’y a donc pas de temps à perdre pour atteindre les objectifs du développement durable et accélérer les transitions démocratiques.
Au sein de l’AFD, beaucoup a déjà été fait, mais il convient que tous, collectivement – y compris les pays partenaires, les partenaires techniques et financiers, le secteur privé et les organisations de la société civile – nous continuions d’avancer crescendo sur ces questions.

 

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