Avec la nouvelle édition du Baladk Festival, les rues d'Amman ont surpris les habitants de la capitale jordanienne. Organisé depuis 2013 par le Al Balad Theater, ce festival de street art se donne pour objectif depuis plusieurs années d’autonomiser et de dynamiser l’expression citoyenne par le biais de l’art, et plus particulièrement du street art et des graffitis.
Pour cette septième édition comme pour les précédentes, six artistes internationaux et dix locaux ont été invités à s’approprier l’espace urbain en réalisant des fresques murales dans la capitale. Une seule contrainte pour les participants : un thème à respecter, renouvelé chaque année. En 2018, c’est le sujet « People/Humans » qui avait été choisi. L’occasion pour les 16 artistes conviés d’imaginer de vastes fresques urbaines plus surprenantes les unes que les autres.
Rendre visible l’autonomisation des femmes
Pour cette nouvelle édition, dont le thème est « Inclusion », le défi des artistes invités a été de parvenir à faire vivre des problématiques aussi urgentes et sensibles que celles du genre et de l’autonomisation des femmes. Deux thématiques qui font corps avec la récente campagne internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes ainsi que les « 16 jours d’activisme contre les violences de genre », lancés en Jordanie à l’initiative de l’OMS et des ONG partenaires (UNWOMEN, UNHCR, UNFPA, UNICEF), avec le soutien du gouvernement jordanien.
Lire aussi : Face au chômage des jeunes vulnérables, la Jordanie mise sur la formation
Déjà partenaire de l’édition précédente, l'Agence française de développement (AFD) a choisi de renouveler son soutien au festival en participant, notamment, au financement de la réalisation d’une œuvre murale par l’artiste français Dire 132 (Bruno Frédal de son vrai nom). Le tagueur a souhaité axer son travail sur une thématique cruciale : l’accès à la mobilité pour les femmes en Jordanie.
Sensibiliser au sujet du harcèlement dans les transports
Choisissant pour modèle Yara Karadsheh, employée de l’AFD à Amman, son œuvre représente une femme jordanienne fière et indépendante, évoluant librement dans les transports publics. L’objectif ? Sensibiliser les citadins au sujet du harcèlement dans les transports et promouvoir l’accès aux transports en commun pour les femmes comme levier essentiel d’autonomisation et d’accès à l’emploi, problématique majeure en Jordanie où le taux de femmes actives n’a pas dépassé 18 % au cours de la dernière décennie.
« Le manque de transports publics efficaces, fréquents, fiables, sécurisés et accessibles est l’un des freins majeurs à leur entrée sur le marché du travail », déplore Antoine Simon, chargé de projets urbains à l'agence AFD d'Amman. Et, de fait, selon une étude publiée en 2019, 47 % des femmes jordaniennes interviewées ont déjà refusé un emploi à cause des transports.
L’œuvre a été réalisée à proximité de la station Ahmad Al-Tarawneh, sur la ligne 1 du futur BRT (Bus Rapid Transit) d’Amman.
En plus de la fresque murale que peuvent désormais contempler tous les riverains et futurs usagers du bus rapide BRT, deux journées d’atelier ont été organisées par l’artiste Surati, l’une avec un public de jeunes, la seconde avec les autres artistes du festival. Tous ont été invités à réfléchir et à travailler collectivement sur le thème d’une ville futuriste inclusive, avec à la clé la production d’un livret de coloriage incluant les meilleures esquisses.
En Jordanie, de l'eau pour fluidifier les relations entre populations locales et réfugiés