Ses feuilles délicates sont l’un des piliers de son économie. Le Kenya est le premier exportateur mondial de thé et le troisième producteur derrière la Chine et l’Inde. Une filière qui fait vivre directement ou indirectement près de 10 % de la population. Mais aujourd’hui, le secteur est menacé. « Si rien n’est fait, 70 % de la production de thé du Kenya pourrait disparaître d’ici 2050 en raison de la hausse des températures mondiales, alerte Lerionka Tiampati, directeur général du principal producteur du pays, la coopérative Kenya Tea Development Agency (KTDA). Les conséquences seront colossales. »
Le défi consiste donc à rendre la production des précieuses feuilles plus durable et plus respectueuse de l’environnement. Un message entendu par la KTDA. Avec le soutien de notre filiale dédiée au secteur privé Proparco et celui de l’AFD via son label de finance verte SUNREF, la société a mis en service entre 2014 et 2018 huit minicentrales hydrauliques autonomes pour s’alimenter en électricité verte. Mais pas seulement.
Grâce à l’appui financier et technique de l’AFD, dans le cadre de son label finance verte SUNREF, la banque locale kenyane Co-operative Bank soutient le marché de la finance verte et peut se mobiliser contre le changement climatique.
Cette institution financière a ainsi appuyé KTDA avec un financement de 10,8 millions de dollars, lui permettant d’investir dans les énergies renouvelables. Et, par la même occasion, de réduire sa facture énergétique, d’améliorer et de sécuriser son approvisionnement en énergie. Avec ce partenariat, KTDA participe également au développement d’une économie sobre en carbone.
La Co-operative Bank et KTDA ont, en plus de ce financement, bénéficié d’un appui technique pour évaluer la faisabilité du projet, sélectionner les technologies les plus adaptées et vérifier les impacts des installations.
Moins de gaz à effet de serre
Des installations de ce type sont avant tout essentielles pour participer à la lutte contre le réchauffement climatique. D’une capacité totale de 16 mégawatts, ces minicentrales alimentent plus d’un tiers des usines de KTDA. Elles contribuent ainsi à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Atout supplémentaire, elles fonctionnent sans retenue d’eau : le transit sédimentaire est ainsi préservé, limitant les risques d’accumulation de métaux lourds, d’érosion des rives ou de modification du lit des cours d’eau.
Une production plus écologique, plus rentable et utile à tous
L’intérêt du projet ne s’arrête pas là. Plus abordable, l’électricité produite par les centrales permet à KTDA de gagner en rentabilité. « L’énergie représente 35 % de nos coûts de production, souligne Lerionka Tiampati. Avec l’ouverture des nouvelles centrales, nous pouvons désormais développer nos propres sources d’énergie et réduire nos coûts. » Outre les dizaines d’emplois créés par leur mise en service, les économies engendrées par les centrales devraient permettre d’augmenter les revenus de 350 000 agriculteurs.
Ces installations vont également bénéficier aux autres habitants du pays : connectées au réseau national d’électricité, elles devraient générer pendant les périodes de fortes pluies un surplus d’énergie capable de subvenir aux besoins de milliers de familles. Elles participeront aussi à l’électrification des régions rurales de Kirinyaga, Meru, Settet et Nyakwana.
La KTDA a bénéficié du partenariat avec le groupe AFD et son label SUNREF dans de nombreux domaines comme le financement, le délai et les conditions d’accès aux prêts. Une fois les projets terminés, nous prévoyons une réduction des coûts d’électricité d’usine d’environ 50 % et une amélioration de la qualité et de la fiabilité de notre approvisionnement en électricité.
Un partenariat vertueux
Financé par Proparco via un prêt de 15 millions de dollars, ce projet confirme une nouvelle fois la qualité du dialogue entre KTDA et le groupe AFD. En une vingtaine d’années, la société kényane a bénéficié de quatre prêts de Proparco. En 2001 et 2004, deux financements lui ont permis de construire quatre nouvelles usines de production.
Un quatrième prêt accordé en 2018 va permettre d’aider KTDA à développer sa production de « thé orthodoxe », un thé de grande qualité dont les feuilles sont conservées entières. De quoi diversifier les sources de revenus des agriculteurs, atténuer l’impact de la volatilité des prix et améliorer les conditions de vie de plus de 50 000 personnes. Au Kenya, la filière du thé n'en finit pas d'infuser ses atouts dans la société.
KTDA est la plus grande coopérative de planteurs de thé du Kenya. Elle rassemble 600 000 petits agriculteurs, propriétaires de 128 000 ha de plantations. Elle accompagne les producteurs et intervient sur l’ensemble de la chaîne de valeur, de la production à la commercialisation, en passant par la transformation et la logistique. Elle assure 60 % de la production nationale de thé.