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Campus du développement, master Modev, étudiants
Depuis 2007, l’AFD porte avec l’Université Clermont-Auvergne un master 2 intitulé « Maîtrise d’ouvrage pour le développement ». Cette formation pluridisciplinaire associant économie, finance et gestion de projets vise à renforcer les compétences des porteurs de projets de développement. Elle s’adresse à de jeunes cadres à fort potentiel des secteurs public ou privé des pays du Sud. Rencontre avec la promo 2018-2019 qui vient de faire sa rentrée à Marseille.

Qui sont les principaux acteurs d’un projet de développement ? Pourquoi est-il important d’associer les bénéficiaires finaux tout au long de la conception et de la mise en œuvre d’un projet ? Comment différencier les risques et les hypothèses critiques ? Autant de notions de base, nécessaires à la gestion de projets que les 37 étudiants de la promotion 2018-2019 ont acquises en quelques semaines d’enseignement à distance via une plateforme de formation en ligne, dotée de forums d’échanges avec les enseignants.

« C’est beaucoup de joie d’être là »

Mais, depuis fin octobre, les étudiants sont tous rassemblés à Marseille, dans les locaux du Campus du développement de l’AFD. Ils sont désormais aux côtés d’une équipe avec des responsables pédagogiques et des intervenants variés à qui ils peuvent enfin poser des questions de vive voix.

étudiants master Modev, Campus du développement

 

Et ils ne s’en privent pas. « Se voir en réel, ça permet de mettre un visage sur les personnes à qui on parle. Et puis, je pense que cela permet de mieux échanger avec les professeurs », confie Ndeye Diop Diaw Gueye, chef de division Études générales et techniques au Conseil exécutif des transports urbains de Dakar. « L’enseignement à distance au début, ça n’a pas été très évident, raconte la jeune ingénieure sénégalaise. Heureusement, cela a été très interactif avec des supports de cours très faciles à comprendre et quelques classes virtuelles qui nous ont permis d’échanger avec les professeurs. »

La digitalisation, initiée en 2017, semble donc réussie pour cette formation qui se caractérise par ses efforts d’évolution constante : intégration de nouvelles méthodes pédagogiques et de nouveaux contenus pour coller aux nouveaux enjeux, à l’image du développement durable qui a pris une part significative dans le programme d’enseignement ces dernières années.

Un large réseau d’alumni en Afrique

Quelques jours après leur arrivée, « l’aventure humaine unique, très stimulante » que constitue ce cursus pour Pierre Icard, directeur du département Valorisation des savoirs sur le développement de l’AFD, et qui a été responsable pédagogique du master pendant plusieurs années, a déjà commencé. Les étudiants se glissent par petites grappes vers la machine à café lors des pauses, poursuivant leurs discussions avec des liens et des affinités déjà évidents.

Notre groupe d'étudiants constitue un melting-pot avec des gens qui viennent d’Afrique de l’Ouest, du Maghreb, de Madagascar, de l’Île Maurice ou même de Cuba.

Ndeye Gueye, étudiante master Modev, Campus du développement

 

Ndeye Diop Diaw Gueye, étudiante de la promotion 2018-2019

La diversité a en partie poussé Ndeye Diop Diaw Gueye à candidater. En clair, « l’opportunité de se faire un réseau ». Créée en 1963, et transformée en master en 2006, cette formation a déjà compté près de 2 800 auditeurs, dont plus de 400 étudiants depuis l’homologation en master. Elle est à l’origine d’un véritable réseau d’anciens étudiants exerçant désormais des responsabilités au sein de ministères, de collectivités locales, d'entreprises, d'institutions financières, d'ONG dans des pays du Sud, principalement en Afrique subsaharienne ou océan Indien. 

Un vrai investissement

Ingénieurs, chargés d’études, analystes, chargés de programmes, responsables de services dans des entreprises privées ou dans des structures publiques, tous réalisent un investissement considérable à travers ce master. Pendant huit mois, ils se consacrent à temps plein à ces études – charge à leur employeur de maintenir leur traitement pendant toute cette période – et s’expatrient temporairement. 

Cette année, l’un d’entre eux, Fernando Alarcon Reve, professeur formateur au CETED (Centre de techniques de direction) de l’Université de La Havane à Cuba, a même entamé l’apprentissage du français en accéléré pour rejoindre le master.

Fernando Alarcon Reve, master Modev, Campus du développement
Fernando Alarcon Reve, enseignant cubain redevenu étudiant pour suivre ce master, observe les interactions entre l'enseignant et les autres étudiants. © E. Martinez / AFD


Pour Pierre Icard, l’une des spécificités de la formation réside dans son programme qui s'articule en un « équilibre subtil entre l’approche pragmatique du bailleur de fonds et l’exigence académique de l’université ». 

De la technique aux financements

« Ce qui est intéressant, c’est de voir la vision d’un bailleur sur les financements et de comprendre ce qui le pousse à financer un projet », souligne Ndeye Diop Diaw Gueye, qui est en charge des études techniques et de conception, mais également de la recherche de financements dans les grands projets que mène l'autorité pour laquelle elle travaille. Pour Wydad Najim, chef de service Coopération et partenariats au sein de la branche électricité de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable au Maroc (ONEP), il y avait tout simplement « l’envie de comprendre ce qu'est un projet de développement : comment pouvoir le gérer, le suivre, le mettre en œuvre » avec des bailleurs tels que l’AFD, qui a financé plusieurs projets avec l’ONEP. 
 

Une formation polyvalente qui peut être bénéfique dans toutes les fonctions de l’entreprise aujourd’hui.

Wydad Najim, étudiante promo 2018-2019 Modev, Campus du développement

 

Wydad Najim, étudiante de la promotion 2018-2019

Si tous se rejoignent sur la volonté d’approfondir leurs acquis et d’acquérir des compétences nouvelles en management, gestion de projets et analyse financière, les trajectoires des étudiants n’en restent pas moins très singulières.

Pour Fernando Alarcon Reve, le deuxième Cubain à suivre ce master, lui-même enseignant, le projet consiste davantage à expérimenter cette formation aux côtés des autres étudiants, à observer les méthodes pédagogiques, très interactives, qui sont mises en œuvre dans ce master. Son mémoire portera sur une possible transposition d’une formation similaire dans son université à La Havane. Pour les étudiants, la rédaction du mémoire est en effet l’occasion d’être accompagnés dans un projet personnel.

Une vision commune pour les projets de demain

Pour leurs institutions et entreprises d’origine, c’est également l’occasion de creuser des sujets importants. Ndeye Diop Diaw Gueye va par exemple travailler sur la mise à jour du plan de mobilité urbaine durable de Dakar : « C’est le document d’orientation stratégique de nos politiques de transports dans les années à venir, à horizon 2035 », souligne-t-elle. Sans nul doute, un enjeu important pour la capitale sénégalaise qui compte plus de 3,5 millions d’habitants.

Pour l’AFD, l’objectif est simple : investir dans le capital humain à long terme et contribuer à professionnaliser les maîtrises d’ouvrage. « Lorsque nous partageons une vision commune, cela nous permet de monter des projets ensemble, plus vite et de manière plus efficace », conclut Pierre Icard.
 


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