Depuis la révolution de janvier 2011, la Tunisie a vu l’émergence d’associations et d’une influente société civile soucieuses de la protection de l’environnement. Autrefois sujet politiquement tabou, la pollution industrielle des entreprises publiques est devenue une préoccupation majeure des citoyens. Notamment dans les zones où sont installées des usines de production de phosphate. Ce secteur clé de l’économie du pays, dont la Tunisie est l’un des principaux pays producteurs à l’échelle mondiale, est devenu une véritable préoccupation sociale et environnementale. Des inquiétudes légitimes qui obligent les acteurs du secteur à prendre en compte ces enjeux écologiques longtemps repoussés. Le Groupe Chimique Tunisien (GCT), spécialisé dans l’enrichissement et la transformation du phosphate, fait ainsi face à des pressions de la société civile.
L’activité du groupe sur ses trois sites industriels Gabès, Skhira et Mdilla, connus à l’origine pour leur biodiversité, est extrêmement polluante et présente des risques sanitaires importants pour les populations riveraines.
Les usines de ces sites ont laissé des traces tenaces en termes de pollution de l’air et de rejets en mer de boues nuisibles à l’environnement qui ont participé à la disparition de nombreuses espèces de poissons. Des manifestations et des campagnes locales ont pointé du doigt les rejets de déchets polluants dus à la production industrielle du groupe.
Une mobilisation qui a participé à la prise de conscience du PDG du GCT, Romdhame Sioud, qui entend rendre l’action de son groupe plus écoresponsable pour répondre aux attentes exprimées avec force par les populations locales, même si de nombreux efforts restent à faire.
Protéger les citoyens des émissions polluantes
L’AFD a encouragé le GCT à s’inscrire de manière pérenne dans une dimension globale de Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE). Dans cette optique, une subvention de 300 000 euros lui a été consentie, le 25 avril dernier. « Cet appui financier vise à contribuer à inscrire l’entreprise sur le long terme dans une optique de société responsable et qui protège les citoyens des émissions polluantes » indique Gilles Chausse, directeur de l’AFD en Tunisie.
Une convention de prêt de 45 millions d’euros destinée à financer le programme de mise à niveau environnementale des usines du groupe pour rendre trois sites de production de phosphate moins polluants avait déjà été signée en novembre 2016.
Au cœur d’enjeux économiques, sociaux et politiques, le phosphate est une denrée précieuse dont l’exploitation doit être repensée en termes environnementaux comme sociaux pour répondre aux exigences de développement durable. En Tunisie, l’AFD a fait de la promotion du développement durable et de la lutte contre les inégalités des axes forts en vue de soutenir le pays dans sa transition écologique et sociale.