« Il y a encore à La Réunion des écarts par rapport aux références nationales concernant l’offre hospitalière et médico-sociale » explique Philippe Lagier, chef de projet à la division santé de l’AFD. Or, la qualité de l’offre de soins est fortement corrélée à l’existence d’infrastructures efficaces, performantes et durables. C’est pour cette raison que l’AFD s’engage depuis plusieurs années auprès des acteurs locaux. Sur les dix dernières années, ce soutien financier s’élève à 220 millions d’euros.
98 % des hospitalisations désormais assurées sur l’île
La crise du chikungunya de 2006 avait mis en évidence le manque de lits de soins critiques et de réanimation sur le département. À Saint-Denis, au Centre hospitalier universitaire de La Réunion (CHUR), c’est donc un nouveau bâtiment de soins critiques de 13 800 m2 qui a vu le jour en 2018. L’offre de réanimation, auparavant insuffisante et vétuste, s’améliore nettement, et avec elle la possibilité pour les Réunionnais de rester sur leur territoire au lieu d’être soignés en métropole.
Aujourd’hui, la quasi-totalité des hospitalisations des Réunionnais peut ainsi se faire sur le territoire (98 %) dans le cadre d’une prise en charge sécurisée et de qualité.
Au Sud, c’est la restructuration complète du site du CHUR à Saint-Pierre qui est accompagnée par l’AFD. Tout d’abord avec la construction du pôle mère-enfant, puis plus récemment avec l’ambitieux projet de réhabilitation et d’extension du bâtiment central. Au terme du chantier, en 2022, 21 000 m2 seront construits et 18 000 m2 rénovés.
Un pôle sanitaire à l’Ouest
Dans l’Ouest, l’AFD a participé au financement de la reconstruction de l’hôpital Gabriel Martin, aujourd’hui devenu le Centre hospitalier Ouest Réunion (CHOR). L’offre de soin de l’Ouest était saturée, forçant les patients à se rediriger vers les pôles hospitaliers du Sud et du Nord. Plus qu’un nouvel hôpital, le CHOR, qui a ouvert ses portes en février 2019, est un véritable village hospitalier et un lieu de vie. Cette nouvelle structure est par ailleurs labellisée haute qualité environnementale (HQE).
Le domaine de la santé mentale vit également une profonde transformation. L’Établissement public de santé mentale de La Réunion (EPSMR) a engagé une refonte de l’ensemble de ses infrastructures d’accueil extra-hospitalières afin de mettre à disposition des équipements modernes et adaptés à proximité des populations.
L’engagement de l’AFD dans ce secteur vise à garantir des parcours de soins coordonnés et améliorer l’inclusion et l’ouverture sur la ville et le milieu ordinaire. C’est aussi un projet structurant pour le territoire, étant donné les multiples implantations de l’EPSMR.
Auprès des populations les plus vulnérables
Pour améliorer le suivi des enfants et des adolescents en situation de fragilité, l’AFD a soutenu l’association Frédéric Levavasseur afin d’édifier un nouveau pôle médico-social, l’Institut médico-éducatif, situé dans le quartier de Commune Prima à Saint-Denis. Il s’agit d’un espace d’accueil et d’apprentissage pour les enfants et adolescents autistes et déficients intellectuels. Tout le contraire d’un « centre d’enfermement », comme le précise la directrice adjointe, Mélanie Bertrand.
Espaces sensoriels, douches, sensorimoteurs, presso-thérapie et bientôt espace musique… Autant de moyens artistiques, culturels, sportifs et musicaux pour permettre aux enfants d’appréhender l’espace et le temps et leur transmettre les clés pour aller vers le milieu ordinaire.
Faciliter l’accès au monde du travail
Accompagner les Réunionnais et Réunionnaises, c’est aussi les accompagner vers le monde professionnel. C’est le rôle de l’ESAT Les Ti'Dalons. Pour les personnes porteuses de handicaps moteurs et physiques, il s’agit d’« un lieu de mise en confiance pour intégrer le monde professionnel », comme le décrit le directeur du pôle adulte, Jerry Gauvin. En effet, assurer au maximum leur autonomie passe par une insertion progressive et adaptée dans le monde du travail en fonction des besoins et des attentes de chacun d’entre eux.
Façonnage, conditionnement, mailing, métallurgie, menuiserie ou encore cannage… Autant de domaines manuels et de production dans lesquels les personnes membres de la structure peuvent travailler.
Tout au long de la vie
L’AFD intervient aussi dans l’amélioration de la prise en charge des gramounes, c’est-à-dire les personnes âgées en créole réunionnais. D’ici à 2040, les personnes âgées de plus de 60 ans représenteront en effet 25,8 % de la population. Et le niveau d’équipements de l’île présente un retard important, puisque le nombre de lits d’établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) n’est que de 36,9 pour 1 000 habitants de plus de 75 ans, contre 103 pour l’Hexagone.
L’AFD a participé au financement de deux EHPAD à Saint-Pierre (Domus) et au Port (Fondation Père Favron). Cela représente 180 nouvelles places ouvertes. Le niveau de précarité étant élevé parmi les personnes âgées à La Réunion, 75 % de ces places sont destinées à des personnes âgées en situation de précarité.
La qualité de service dans ces institutions est une priorité. À Saint-Pierre, restaurant, chambres individuelles, équipements domotiques mais aussi salle de cinéma, bibliothèque et grand jardin paysager et arboré sont disponibles. Zoothérapie, balnéothérapie ou jardin thérapeutique font partie des modèles thérapeutiques proposés aux patients.
Au total, ces dernières années, l’étendue et la qualité de l’offre de soins sur le département a connu des améliorations significatives. Mais il reste beaucoup à faire… Dans des contextes budgétaires complexes pour les différents acteurs, l’AFD cherche des solutions et reste à l'écoute pour accompagner et apporter des financements aux meilleures conditions possible.