Le 19 novembre 2018, le ministre de la Transition écologique et solidaire François de Rugy et son homologue chinois Li Ganjie inauguraient à Pékin l’Année franco-chinoise de l’environnement. Une initiative lancée par les présidents des deux pays lors de la visite d’État d’Emmanuel Macron en Chine en janvier 2018. Elle succède aux Mois franco-chinois de l’environnement organisés déjà depuis cinq ans par l’ambassade de France.
La perspective de la COP15 de la Convention de la diversité biologique (CBD), qui se tiendra à Pékin en 2020, conduit notamment à enrichir cet agenda.
Une demande d’innovation et d’appui
Pourquoi un tel agenda ? « L’écologie, la lutte contre la pollution et le dérèglement climatique, la préservation de la biodiversité, sont aujourd’hui des sujets de préoccupation centraux pour les autorités chinoises, rappelle Jin Xiaoting, chargée de projets senior à l’agence AFD de Pékin. Créer les conditions d’une “civilisation écologique” est un mot d’ordre du président Xi Jinping. » La Chine est ainsi devenue en 2016 le premier producteur mondial d’énergie renouvelable (selon l’Agence internationale de l’énergie). En 2017, elle a annoncé qu’elle porterait à 360 milliards de dollars ses investissements dans les énergies renouvelables d’ici à 2020.
C’est d’ailleurs avec un mandat sur le changement climatique que l’AFD a ouvert, en 2004, son agence en Chine, mandat élargi en 2010 à d’autres thèmes de développement durable tels que biodiversité et ville durable.
La demande de financements dans ces secteurs est en forte croissance. Mais la Chine recherche aussi, auprès de l’AFD, un appui technique, de nouveaux concepts, des innovations à même de favoriser le développement de projets écologiques qui émergent dans toutes les régions.
Quatre projets phares
Parmi la vingtaine de manifestations prévues pour cette année, quatre projets et initiatives de l’AFD seront mis en avant.
Xianju d’abord. Ce projet de parc national pilote vise à définir un nouveau modèle de gestion des espaces protégés, qui concilie à la fois enjeux de développement et de conservation de la nature. La gouvernance du parc s’inspire du modèle français des parcs naturels régionaux, en particulier du parc des Ballons des Vosges. [voir la vidéo] « L'AFD fournit une plateforme d'échanges et des appuis techniques aux promoteurs du projet », se réjouit le maître d'ouvrage, Junwei Peng, en évoquant la pose, le 23 novembre 2018, de la première pierre de l’écomusée, édifice au cœur du parc, conçu par un groupement d’institutions chinoises et françaises, dont le Muséum national d’histoire naturelle de Paris et l’Académie des beaux-arts de Chine. Soutenu par un prêt de 75 millions d’euros de l’AFD, le projet devrait être achevé dans quatre ans.
Autre projet phare, celui du lac Wolong est un programme de restauration écologique d’une zone humide importante, halte migratoire des oiseaux entre l’Australie et la Sibérie, assorti de la création d’un écomusée. Lancé depuis 2012, il sera achevé en 2019. Même calendrier pour le projet de revitalisation des zones humides de Qixian, dans une région particulièrement aride : le plateau de Lœss. La conservation d’un habitat propice aux oiseaux migrateurs, la restauration hydrologique d’une rivière locale et le développement touristique sont au cœur de ce projet.
La promotion des villes éponges
Le séminaire « Villes éponges et résilience urbaine », organisé mi-décembre avec les ministères chinois des Finances et du Plan, a été un autre temps fort. « Il s’agit d’un nouveau concept de gestion des inondations urbaines, qui contribue à la "civilisation écologique", souligne Su Luo, maître d'ouvrage du projet urbain Mianyang. La ville éponge est plus résiliente face aux changements environnementaux et aux catastrophes naturelles. » Un sujet crucial pour la Chine, frappée par de grosses précipitations et inondations urbaines. Le projet national Sponge Cities vise la création de 16 villes pilotes d’ici 2022.
Pour promouvoir cette Année de l'environnement, l’ambassade de France a fait appel à des stars chinoises, comme l’acteur Liu Ye (marié à une Française), qui est suivi par 50 millions de followers sur les réseaux sociaux. Une notoriété susceptible de mobiliser l’intérêt d’une population chinoise de plus en plus préoccupée par la qualité de son environnement et soucieuse de préserver son patrimoine pour les générations futures.
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