Fortes de leur « connexion », les communes jumelées de Dumbéa (Nouvelle-Calédonie) et de Port-Vila (Vanuatu) ont souhaité créer une structure commune pour faciliter les échanges entre les interlocuteurs francophones des deux rives. Rappelons que c’est au Vanuatu que s’est tenue, au mois de septembre 2018, la 11e édition du Forum francophone du Pacifique.
Plus d’échanges économiques et culturels
Dans une région majoritairement anglo-saxonne, l’objectif est de permettre à tous les acteurs économiques, sociaux ou culturels francophones (35 % de la population du Vanuatu), de se retrouver et de travailler ensemble grâce à de nouveaux outils mis à leur disposition.
La création d’un Relais de la francophonie a été officialisée le 12 décembre 2017 par une convention de financement entre l’AFD et la commune de Dumbéa, via un fonds FICOL (Facilité de financement des collectivités territoriales françaises) auquel sont éligibles les collectivités françaises d’Outre-mer.
« Si l’attributaire et gestionnaire de la subvention (700 000 euros) est la commune de Dumbéa, le bénéficiaire final est la commune de Port-Vila, souligne Nolwenn Bodo, chargée de projet à l’agence AFD de Nouméa. Le complément au financement du projet, estimé à 1 million d’euros, est apporté par les gouvernements vanuatais et calédonien et la province Sud. »
Lancement des travaux
Les travaux, sur l’emplacement de l'ancien centre culturel de Port-Vila détruit par le cyclone Pam en mai 2015, ont été lancés officiellement en juillet 2019, pour une inauguration prévue courant 2020.
Le projet comporte deux volets : le Relais de la francophonie proprement dit, espace polyvalent de réunion, d’exposition, à vocation culturelle, économique et événementielle ; et des logements pouvant servir de pied-à-terre pour les institutions et les entreprises calédoniennes, permettant de financer le fonctionnement du centre.
« Le projet d’habitat s’inscrit dans un modèle de construction durable, s’appuyant sur des normes calédoniennes, mais reproductible par les autorités locales au Vanuatu, souligne Laure Madesclaire, chef de projet de la Société immobilière de Nouvelle-Calédonie (SIC) qui s’est vu confier le projet d’habitat par le gouvernement du Vanuatu. L’objectif stratégique est de permettre un transfert de compétence entre les acteurs calédoniens et les acteurs vanuatais. »
Le bois, alternative écologique
Tout en contribuant à l’influence française, via le prisme de la francophonie, ce projet vise aussi à promouvoir une alternative de construction adaptée aux modes de vie océaniens, prenant en compte des problématiques liées au réchauffement climatique.
« À travers une démarche pédagogique de chantier-école, ce projet est un moyen de permettre au Vanuatu de renouer avec la construction bois, délaissée depuis plusieurs années au profit du béton, vanté comme l’unique mode constructif résistant aux cyclones et aux séismes », soutient Christina Marx, l’architecte de l’entreprise néo-calédonienne ACGM.
Pour cette entreprise qui a conçu le projet, l’enjeu est de montrer que la construction bois permet la création d’espaces avec un important confort thermique, aux faibles impacts sur l’environnement et capables de résister aux séismes et aux cyclones. « Ce mode de construction, ajoute l’architecte, qui nécessite peu de moyens (chantier sec, préfabrication quasi totale), se prête tout particulièrement aux sites isolés et difficiles d’accès. »
En jetant un nouveau pont entre ces deux rives du Pacifique, la création du Relais de la francophonie marque bien une volonté de renforcer dans tous les domaines une coopération étroite entre les deux collectivités, coopération à laquelle l’agence AFD de Nouméa, siège de la direction régionale Pacifique de l’AFD, apporte à la fois son expertise et la mise à disposition du fonds FICOL.