Centre de la Tunisie, à quatre heures de route de la capitale. Cernée par les montagnes, voici Sidi Bouzid, ville de 50 000 habitants. Bientôt y sera lancé un chantier majeur, celui de l’hôpital régional : avec 33 000 m2 de surface de plancher et une capacité de 420 lits, le projet dénote autant par ses dimensions que par ses ambitions environnementales. L’attention portée à la question hygrothermique, qui devrait garantir aux patients et au personnel des températures confortables et constantes au fil des mois ; la performance énergétique du bâtiment, supérieure à celle fixée par le cadre réglementaire actuel : tout concourt à faire de cet établissement de santé un champion écologique de la région.
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Une armée d’esprits ingénieux s’y affaire depuis des années. Parmi eux, les assistants techniques du Programme d’efficacité énergétique du bâtiment (PEEB) : « À partir des premières propositions techniques faites par les architectes, ils ont établi un diagnostic visant à optimiser la consommation d’énergie au sein de l’établissement », explique Mitchell Schouchana, coordinateur de projets pour le PEEB. Leur démarche illustre l’objectif global du programme : accompagner les pays aux économies émergentes et en développement dans la décarbonisation de leur secteur du bâtiment. Pour vivre mieux, mieux vivre ensemble et participer ainsi à établir des sociétés apaisées.
Construire plus… construire mieux
Lancé à l’initiative de la France et de l’Allemagne, le PEEB, mis en œuvre par l’Agence de coopération allemande (GIZ), l’Agence française de développement (AFD) et l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) depuis 2018, cherche à résoudre une équation cruciale. Gourmand en énergie, le secteur du bâtiment est aussi en pleine croissance – d’ici 2060, la surface du parc immobilier mondial devrait doubler. « De nombreux pays avec des économies émergentes ou en développement manquent de stratégies précises pour favoriser le verdissement de leur secteur du bâtiment, souligne Mitchell Schouchana. Notre rôle, c’est de contribuer à leur élaboration et à leur mise en place. »
Le PEEB en trois chiffres
-> 1 programme subventionné à hauteur de 8 millions d'euros
-> 5 pays partenaires
-> Des projets d'efficacité énergétique représentant plus d'un milliard d'euros d'investissement au total
Le PEEB cible toute la chaîne du secteur du bâtiment. Ses experts aident les acteurs institutionnels à implémenter les normes en vigueur ou à former les agents chargés de leur application. Ils complètent cette approche sur le plan opérationnel, en sensibilisant aux bonnes pratiques et aux savoir-faire liés à l’efficacité énergétique, en favorisant l’acquisition de compétences chez les professionnels du secteur, de l’architecte au chef de chantier. Parce que c’est le nerf de la guerre, le programme mobilise des solutions de financement innovantes, en combinant subventions et prêts, notamment via l’AFD et PROPARCO.
Des expériences à mettre en commun
Et après ? Directrice du PEEB, Christiana Hageneder insiste sur le partage d’expériences. À l’échelle nationale, d’abord : « La construction d’un hôpital comme celui de Sidi Bouzid sert d’expérience prototype pour les 13 autres projets similaires envisagés par le gouvernement tunisien. » Présent pour l’instant dans cinq pays (Maroc, Tunisie, Sénégal, Vietnam et Mexique) et travaillant étroitement avec l’Alliance mondiale pour les bâtiments et la construction (GlobalABC), le PEEB promeut également les échanges transnationaux : « Au Maroc, nous avons fourni un appui pour la mise en place d’une plate-forme qui rassemble tous les acteurs du secteur du bâtiment, publics comme privés, et qui va servir d’inspiration au Mexique et en Tunisie. »
C’est justement pour aller à la rencontre de nouveaux partenaires que le PEEB sera présent au Forum de Paris sur la paix. Car l’efficacité énergétique a, à terme, une portée géopolitique : « De prime abord, viser l’obtention d’un label HQE pour un hôpital, cela semble très technique. Mais accéder à l’éducation ou à la santé dans des bâtiments de qualité, vivre dans un logement décent, c’est un droit fondamental pour chaque individu. Il n’y a pas à séparer enjeux environnementaux et enjeux sociaux : ça marche ensemble », conclut Mitchell Schouchana. Le PEEB apporte une réponse concrète à un constat désormais généralisé : le mieux-être de milliers d’individus et les relations de paix entre les sociétés ne sont plus envisageables sans prise en compte des enjeux environnementaux.
Forum de Paris sur la paix : demandez le programme
Du 11 au 13 novembre prochain se tiendra la seconde édition du Forum de Paris sur la paix. L’Agence française de développement y sera présente à travers plusieurs projets aux diverses thématiques porteuses de paix, à travers trois continents.
Le projet de bonne gouvernance et de démocratie participative au Guatémala aborde le sujet de l’inclusion des jeunes et des femmes dans les espaces décisionnels. Avec Mediasahel, les médias sont utilisés comme vecteur d'inclusion, de stabilisation et de développement démocratique au Burkina Faso, au Mali et au Niger. La nutrition est également abordée via le projet de résilience des populations face aux périodes d’insécurité alimentaire dans la région de Zinder, au Niger.
Autre aspect saillant pour la promotion de la paix et d’un développement durable : la promotion et la protection de la culture, de la créativité et du patrimoine. À travers son mandat dans le secteur des industries culturelles et créatives, l’AFD portera la voix de la culture de la paix lors d’une session autour du projet de préservation du site des églises monolithiques à Lalibela, en Éthiopie.
Enfin, le Programme d’efficacité énergétique dans les bâtiments (PEEB) évoqué dans cet article et porté par la division Énergie de l’AFD, vise à accompagner les pays émergents ou en développement dans la décarbonisation de leur secteur du bâtiment. Un facteur important dans la construction de sociétés apaisées.