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DNDi Mobile Screening for Sleeping Sickness
Dans le cadre de sa série « Innovation partagée », l’AFD met en lumière des programmes novateurs créés ou développés dans nos pays partenaires.

La course pour un vaccin contre le Covid-19 met en lumière les inégalités existantes en termes de santé publique dans le monde. Les maladies tropicales attirent ainsi beaucoup moins d’attention et de financements, et ce, malgré leur impact sur plus d’un milliard d’êtres humains. Une situation qui évolue puisque de nouvelles formes d’investissements, de collaboration et de partage des données rendent les traitements contre les maladies orphelines de plus en plus disponibles et abordables.

Des millions de personnes souffrent aujourd’hui de maladies dont les traitements sont inexistants ou inabordables. C’est notamment le cas de la trypanosomiase africaine, la fameuse maladie du sommeil, de la maladie de Chagas et du trachome, première cause infectieuse de cécité.

Dans les pays à faible revenu, le développement de traitements et vaccins contre les maladies orphelines est coûteux, et leur commercialisation moins rentable. Cette dynamique pourrait être dévastatrice à l’heure où la pandémie de Covid-19 est toujours active. Médecins sans frontières et la DNDi, l’initiative Médicaments contre les maladies négligées soutenue par l’AFD, ont publié un communiqué commun appelant au partage public de la recherche, des données et des financements.


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« On ne peut pas appliquer les règles du jeu traditionnelles du développement et de l’accès pharmaceutiques lorsqu’on fait face à une pandémie mondiale, estime Jean-François Alesandrini, ancien directeur des affaires extérieures pour la DNDi. Il existe un consensus croissant pour l’abolition du système actuel, avec ses médicaments coûteux et son manque d’investissement dans la recherche de santé au niveau mondial. On voit naître de plus en plus de dispositifs innovants, comme de nouveaux mécanismes de financement et des plateformes de partage de données. »
 

Laboratoires virtuels

Certaines maladies reçoivent enfin l’attention qu’elles méritent. Plus de 65 millions de personnes pourraient être affectées par la maladie du sommeil en Afrique subsaharienne. Sans traitement, elles en meurent. En République démocratique du Congo, le pays le plus touché, des experts du géant pharmaceutique Sanofi et de la DNDi se sont associés avec des scientifiques congolais pour conduire des essais cliniques sur un nouveau traitement. 

Scientific collaboration for sleeping sickness

Cette collaboration a été menée dans le cadre d’un PDP, un partenariat de développement de produits, sorte de grand laboratoire virtuel. Ce type de partenariats public-privé adopte la logique des « communs » pour produire des médicaments abordables vendus presque à prix coûtant. L’industrie est encouragée par une marge de bénéfice, existante mais réduite.

Tout comme il est possible de partager des ressources naturelles ou de l’information en open source, les PDP rassemblent recherches et données pour réduire le risque encouru par les entreprises et permettre le développement de traitements qui seraient autrement trop coûteux.

Les essais cliniques congolais ont porté leurs fruits : ils ont abouti à la création d’un nouveau médicament sûr et efficace, le Fexinidazole. En novembre 2018, celui-ci a reçu le feu vert de l’Agence européenne des médicaments.

Il ne s’agit pas seulement d’une réussite médicale ; c’est aussi un triomphe pour la collaboration scientifique, en particulier pour les partenariats de développement de produits. « Les PDP jouent un grand rôle dans les soins de santé du sud de la planète grâce au développement de projets de R&D visant l’accessibilité pour les populations les plus démunies, explique Stéphanie Leyronas, chargée de recherche à l’AFD. Le but est de produire des médicaments à un coût abordable et répondant à des besoins spécifiques. » Tout cela est le résultat « de stratégies de recherche basées sur la collaboration et le partage de la science ».
 

Des financements pour tous

En octobre 2019, l’AFD a renouvelé son soutien à la DNDi avec une nouvelle subvention de 8 millions d’euros. Plus globalement, la logique d’un processus aussi ouvert et collaboratif pourrait permettre d’aboutir à un vaccin contre le coronavirus. Certains chercheurs, médecins, gouvernements et donateurs forment déjà des partenariats pluridisciplinaires, comme la Coalition de recherche clinique Covid-19. Leur but est d’accélérer la recherche, surtout dans les pays en développement, où la pandémie risque de déstabiliser des systèmes de santé déjà fragiles.

Crédit photo du texte : © Neil Brandvold / DNDi