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emploi développement Maroc
Fort de sa stabilité politique et sociale, d’une amélioration du climat des affaires, d’investissements conséquents et d’une insertion réussie dans des chaînes de valeur mondiales à fort contenu technologique, le Maroc dispose de nombreux atouts. Comment conjuguer cette trajectoire avec un développement inclusif et durable ? Une étude de l’Agence française de développement (AFD) fait le point sur la question.

Malgré de nombreuses ressources, le Maroc peine à s’inscrire durablement dans une trajectoire d’émergence. S’il semblait s’en être approché, en connaissant dans les années 2000 un rythme de croissance voisin de 5 % grâce à un secteur privé dopé par l’essor du crédit et les investissements publics, les différentes réformes mises en œuvre pour favoriser la transformation structurelle de l’économie n’ont pas obtenu les résultats escomptés en termes de croissance et d’emplois induits. Et ce, malgré des gains de productivité conséquents. Quels moyens déployer pour améliorer les performances de l’économie marocaine tout en transitant vers un modèle de développement plus inclusif ?

Repenser le modèle de développement

Cette question a fait récemment l’objet de plusieurs rapports aux diagnostics largement concordants. L’étude rendue publique le jeudi 19 décembre par l’AFD poursuit ces questionnements, en considérant que cet objectif ne peut plus s’aborder de la même manière qu’au début des années 2000.

Comme le note Bertrand Savoye, économiste à l’AFD et auteur de l’étude, la trajectoire de croissance observée dans les pays du Sud-Est asiatique durant la période – qui a longtemps servi de modèle pour les économies émergentes – a cessé d’être duplicable à une échelle plus vaste : « L’environnement international est moins favorable à l’essor des échanges qu’il a vingt ans, note l’expert, au point qu’on observe même, désormais, des phénomènes de désindustrialisation précoce dans certains pays. »

Autre phénomène identifié par Bertrand Savoye : un découplage très net des gains de productivité et de la création d’emplois dans les pays engagés dans une dynamique de transition économique, à commencer par le Maroc : « Ce phénomène appelle à explorer d’autres pistes pour offrir des débouchés pour l’ensemble des personnes qui risquent d’être exclues du marché du travail », note l’économiste.

L’emploi, une priorité

L’emploi demeure en effet la question sociale majeure du Maroc, alors que des progrès remarquables ont été obtenus ces dernières décennies en matière d’amélioration des conditions de vie. L’étude constate ainsi des améliorations notables en matière de réduction de la pauvreté ou encore une progression de l’espérance de vie, qui est passée de 66 à 76 ans entre 1990 et 2016.

Toutefois, de nombreux défis persistent : les inégalités territoriales restent marquées, le chômage demeure particulièrement élevé chez les jeunes tandis que le taux d’activité des femmes sur le marché du travail a reculé.

L’étude n’oublie pas de mentionner un point fondamental : la transition vers un modèle de développement durable et inclusif ne pourra se faire sans une meilleure prise en compte des enjeux environnementaux. La mise en place de modèles de gestion durable de l’eau et des sols, notamment, devient donc prioritaire.