Le Mékong, c’est 4 900 km à travers l’Asie du Sud-Est. Ce fleuve majestueux est l’un des plus longs et des plus puissants dans le monde. En lao/thaï, Mékong veut dire « mère des eaux ».Tout au long de sa course, des hauts plateaux tibétains jusqu’à la mer de Chine, il traverse ou longe 6 pays : Chine, Laos, Myanmar, Thaïlande, Cambodge et Vietnam.
Poussés par leur importante croissance économique et démographique, ces pays exploitent de plus en plus les ressources du fleuve. Les bénéfices sont en effet importants : hydroélectricité, irrigation, pêche, réduction des risques de crues et de sécheresse. Mais les risques le sont aussi : érosion, perte de biodiversité, modification des régimes hydrologiques, conflits d’usage... Des compromis doivent être trouvés entre secteurs et entre pays.
Une année charnière
Pour y parvenir, une seule solution : mettre tout le monde autour de la table. C’est le rôle de la Mekong River Commission (MRC). Elle a été créée en 1995 par l’accord du Mékong pour assurer une gestion intégrée et concertée du bassin. Elle réunit les 4 pays du bassin inférieur : Laos, Thaïlande, Cambodge et Vietnam. La Chine et Myanmar sont observateurs.
Ce troisième sommet se tient au Cambodge dans un contexte particulier : la MRC vient de publier une étude très attendue qui met en garde les décideurs contre les impacts sur la pêche et les revenus des populations des aménagements prévus sur le fleuve, notamment les barrages hydroélectriques. Pour la première fois, les États membres ont par ailleurs signé une déclaration conjointe au sujet d’un barrage au Laos : ils se sont entendus sur les conditions qui rendraient ce projet acceptable pour tous (passe à poissons, vannes pour laisser passer les sédiments, écluses…). En parallèle, la Chine a lancé récemment une initiative plus vaste, la « Lancang-Mekong Cooperation », qui pourrait questionner la MRC.
Les quatre Premiers ministres des quatre États membres sont présents au sommet, ainsi que le ministre chinois des Ressources en eau et le ministre birman de l’Environnement. Dans une déclaration commune, le 5 avril, les États membres se sont réengagés fermement : « Nous réaffirmons notre solidarité, l’esprit du Mékong et notre engagement politique le plus élevé à la mise en œuvre de l’accord du Mékong. »
De leurs côtés, les bailleurs de fonds ont réaffirmé leur soutien au processus, par la voix de l’ambassadrice de France au Cambodge, Eva Nguyen Binh : « Nous sommes convaincus que la MRC a beaucoup évolué et a engrangé de nombreux succès (…). Les ressources en eau offrent des opportunités de développement durable dans la région. Compte tenu des impacts des projets de développement en cours et envisagés dans le bassin, une gestion de l’eau concertée, avec une attention particulière à la réduction de la pauvreté et à l’égalité entre les genres, est d’une importance primordiale pour optimiser les usages entre secteurs et entre pays. »