Le programme
Le numérique, et plus généralement l’innovation, sont-ils un atout pour le développement ?
Jean-Marc Kadjo : Selon la dernière étude de la Banque mondiale sur les dividendes du numérique publiée en 2016, les technologies du numérique facilitent clairement le développement. En réduisant le coût de l’information, elles favorisent l’innovation et renforcent l’inclusion puisque les populations accèdent à des services hors de leur portée auparavant.
Le numérique accélère le partage du savoir et la formation ; il simplifie l’accès aux services publics et l’accès aux soins, tout en rendant les villes plus vertueuses.
C’est donc un levier stratégique qui contribue de façon transversale à l’ensemble des transitions auxquelles notre monde fait face. Les Objectifs de développement durable (ODD) s’appuient ainsi largement sur le numérique pour relever les défis qu’ils portent.
L’AFD intervient déjà sur de nombreux projets numériques et innovants…
Bien sûr. Nous finançons par exemple le raccordement des îles Wallis-et-Futuna au futur câble sous-marin de communication numérique entre Samoa et Fidji. Ces travaux d’infrastructures sont primordiaux pour offrir les atouts du numérique au plus grand nombre.
L’AFD soutient également l’innovation numérique locale, comme le programme Digital Africa. Car de l’innovation à l’échelle régionale peuvent émerger des solutions de développement durable pour les problématiques locales.
L’exploitation des données de masse fait aussi partie des innovations du numérique soutenues par l’AFD. Le travail sur les « big data » permet de mieux connaître le terrain, de favoriser la transparence de l’aide et le devoir de redevabilité. Nous participons ainsi au développement du programme GeoPoppy : cette application de cartographie est aujourd’hui utilisée comme outil de gestion de parcelles forestières en Côte d’Ivoire, mais ses déclinaisons possibles sont diverses et nombreuses.
Les services de santé connectés représentent, là encore, un enjeu majeur pour le développement. J’en veux pour preuve le projet MobiSan au Burkina Faso, qui fait du téléphone portable un assistant médical à distance et diminue les cas de maladies et la mortalité infantiles. La gestion des villes de façon « intelligente » pour en faire des cités plus respectueuses de l’environnement, plus justes socialement et plus économes font aussi partie des domaines activement suivis par l’AFD.
Pourquoi l’AFD est-elle partenaire du prochain salon VivaTech à Paris, du 24 au 26 mai ?
L’AFD accompagne l’innovation, en Afrique et ailleurs ; nous nous devons d’être présents pour porter la vision d’un monde numérique durable. En participant activement à VivaTech, nous réaffirmons notre engagement et nous positionnons comme un acteur qui intègre pleinement le numérique dans sa stratégie d’aide au développement.
Car Viva Technology, c’est un rendez-vous de portée mondiale qui rassemble les startups et les grandes entreprises pour célébrer l’innovation et la technologie. C’est aussi un rendez-vous formidable pour l’écosystème digital et le rayonnement de la France.
Les organisateurs de VivaTech ont décidé de mettre l’Afrique au cœur de l’événement cette année ; le stand de l’AFD lui sera d’ailleurs largement consacré. Plus généralement, l’accent sera mis sur le potentiel d’innovation de l’Afrique : au moins 100 startups venues de ce continent en pleine mutation devraient être présentes.