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Contre le risque épidémique, une coopération régionale exemplaire
Initié par la Commission de l’océan Indien, le projet RSIE (Réseau de surveillance et d’investigation épidémiologique), entre dans sa troisième phase. Objectif : pérenniser le dispositif régional de lutte contre le risque épidémique dans la région du Sud-Ouest de l'océan Indien.

Union des Comores, La Réunion, Madagascar, Maurice et Seychelles… Ces îles de l’ouest de l’océan Indien, membres de la Commission de l’océan Indien (COI), sont le lieu d’importants échanges économiques, sociaux ou familiaux. Par là même, elles partagent un espace commun de circulation des maladies infectieuses, d’origine humaine ou animale, et sont interdépendantes face au risque épidémique.

Suite à l’épidémie de chikungunya qui a sévi dans la région en 2006, la COI a jugé urgent de disposer d’outils permettant de mieux évaluer, prévenir et juguler les risques. D’où la décision de mettre en oeuvre le projet RSIE (Réseau de surveillance et d’investigation épidémiologique), en mutualisant les ressources des États.

Né de cette initiative, le réseau SEGA One Health a été reconnu officiellement par les États membres avec la signature d'une charte en 2017. Ce réseau met en œuvre un partage d’informations épidémiologiques fournies par les services de surveillance des États membres.

Un projet qui a déjà montré son efficacité

« Le projet RSIE a déjà connu deux périodes, détaille Julie Couriaut, chargée de mission à la direction régionale océan Indien de l’Agence française du développement (AFD). D'abord entre 2009 et 2013, avec la mise en place d’un réseau régional de surveillance et d’alerte aux épidémies (réseau SEGA) et la création d’une unité de veille sanitaire ; ensuite entre 2013 et 2017, avec le renforcement des capacités du réseau, intégrant la surveillance des maladies transmissibles, tant en santé humaine qu’animale (concept “One Health” conforme aux règles de l’OMS). » Une deuxième phase marquée aussi par la pérennisation de l’unité de veille sanitaire, qui devient alors un service technique permanent de la COI.

Bénéficiant de deux subventions successives de l’AFD, à hauteur totale de 11,6 millions d’euros, RSIE 1 et 2 ont permis d’organiser un système d’alerte et d’apporter des réponses sanitaires coordonnées, alors même que la région connaissait plusieurs épisodes épidémiques (grippe pandémique en 2009 dans toute la région, peste des petits ruminants en 2012 aux Comores). 

Ce dispositif a montré son efficacité contre l’épidémie de fièvre aphteuse qui a touché Maurice et Rodrigues en 2016, et les Comores en 2019, ainsi que contre la rougeole à Madagascar en 2018. L’intervention rapide du réseau a permis d’éviter une diffusion régionale de ces maladies et leurs répercussions sociales et économiques.

Sadna Ammearally Nistar, chargée de mission à l’agence AFD de Port-Louis
Viser la pérennité du réseau

Confortés par l’opérationnalité du dispositif, les États membres de la COI ont souhaité engager une nouvelle phase de consolidation. La COI a ainsi organisé le 28 février 2019 à Maurice la première réunion du comité de pilotage du projet RSIE 3, en présence des représentants des États membres et du réseau SEGA-One Health. Un événement réalisé avec l'appui de l'AFD, qui a renouvelé sa coopération technique et financière via un soutien de 8 millions d’euros.

Cette troisième phase vise la pérennisation du réseau SEGA-One Health (qui regroupe plus de 250 professionnels) et le renforcement de l’unité de veille sanitaire. Face à un destin commun, RSIE veut fédérer les États membres autour de la constitution d’un département de santé publique au sein de la COI. Sa pérennité permettra de renforcer les capacités de surveillance, de réduction des risques et de réponses aux maladies épidémiques, en intégrant l’impact du changement climatique et des catastrophes naturelles qui pèse tout particulièrement sur les risques épidémiologiques de la région indianocéanique.

Fierté commune

Objet d’une satisfaction et d’une fierté légitime de la part de ses parties prenantes, RSIE est un exemple concret de l’efficience d’une coopération régionale bien comprise, soutenue par de nombreux partenaires comme l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) ou encore le Mauritius Institute of Health

« Le renforcement de la sécurité sanitaire régionale contribue concrètement à l’amélioration des conditions de vie des populations du sud-ouest de l’océan Indien et au maintien d’un environnement économique positif, notamment pour le tourisme, complète Marc Dubernet, directeur régional océan Indien de l’AFD. Les résultats obtenus confortent l’AFD dans son rôle de partenaire technique et financier, à chaque étape de ce projet. Ils valident la stratégie de l’agence pour la zone : fondée sur la réalité d’un destin commun, elle vise à accompagner l’accroissement des échanges économiques et la prise en compte des biens publics régionaux, avec la santé parmi les priorités sectorielles. »

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