On la surnomme encore la « reine des dattes ». Autrefois réservée aux tables royales des palais d’Arabie, car trois fois plus grosse que les variétés classiques, et réputée plus crémeuse et fruitée, la datte Medjool a depuis élu domicile en Palestine, à Jéricho, à 30 km à l’est de Jérusalem. C’est là que l’entreprise Nakheel Palestine cultive le « joyau » sur plusieurs centaines d’hectares tapissés de près de 45 000 palmiers dattiers.
Fondée en 2010, la société est devenue en quelques années un fleuron de l’économie locale, et même régionale. Aujourd’hui première productrice palestinienne de dattes Medjool, elle exporte 60 % de ses volumes, essentiellement vers la Turquie et les pays arabes voisins. Dans ses cultures et son centre de conditionnement, Nakheel Palestine emploie plus de 80 salariés permanents et quelque 500 saisonniers, dont un nombre important de femmes. Elle contribue aussi à faire vivre indirectement plusieurs centaines de personnes, des producteurs indépendants dont elle achète une partie de la production ainsi que les distributeurs de ses produits.
Dans une région fortement touchée par le chômage et la pauvreté, la faute à un contexte géopolitique particulièrement tendu, et où 85 % des habitants vivent de l’agriculture, voilà une success story salvatrice. « Nous nous sommes fixés comme mission de contribuer à une croissance durable de l’économie palestinienne en investissant dans le secteur agricole. Et en améliorant sans cesse nos produits », écrit l’entreprise sur son site.
Un prêt de 9,3 millions d'euros
La société a récemment investi plusieurs millions d’euros pour acquérir une ferme de dattiers existante en vue d’augmenter ses futurs volumes de production et booster ses exportations. Cette acquisition lui permettra de réaliser des économies d’échelle significatives et d’accroître sa rentabilité. Nakheel Palestine envisage aussi d’agrandir son site de stockage et de conditionnement. À la clé : 350 nouveaux emplois directs et des recettes supplémentaires pour l’économie palestinienne à hauteur de 3,8 millions d’euros d’ici cinq ans.
Ces investissements ont été possibles grâce à un prêt de 9,3 millions d’euros de Proparco – filiale de l’AFD dédiée au secteur privé – signé au printemps 2017. Il s’agit du premier projet de soutien au secteur agricole palestinien porté par une institution financière internationale.
Proparco est un partenaire stratégique qui a permis à l’entreprise d’accélérer sa croissance. Notre objectif a toujours été d’être un leader du marché et ce ne serait pas arrivé sans Proparco.
Pour Jean-Baptiste Jouve, chargé d’affaires à Proparco, « Nakheel Palestine et ses parties prenantes ont démontré leur capacité à développer une entreprise rentable dans un environnement d’affaires complexe, ce qui a permis de structurer la filière et de créer des emplois durables pour les communautés locales ».
Un tel financement est crucial pour une entreprise habituée à raisonner sur le long terme – un palmier dattier ne produit pas de fruits avant trois ans et n’atteint son meilleur rendement qu’après huit ans – ainsi que pour les autres sociétés de la région. Il envoie en effet un signal positif sur la « bancabilité » du secteur privé palestinien, et pourrait inciter d’autres institutions financières à suivre l’exemple de Proparco en apportant des capitaux à une région qui en manque cruellement. Et, par là, soutenir le développement économique et social de la Palestine. Ce serait alors un bel accomplissement pour la reine des dattes.

Nakheel Palestine, un certain niveau d’exigence
L’entreprise a recours à des technologies récentes pour fertiliser et irriguer ses champs de palmiers dattiers et prend soin d’optimiser l’usage de l’eau, une ressource précieuse dans la vallée du Jourdain. L’ensemble du cycle de production des dattes estampillées Nakheel Palestine, de l’arbre jusqu’au conditionnement, est par ailleurs conforme aux standards internationaux les plus stricts. La société est certifiée GlobalG.A.P., BRC Food et ISO 22000, conférant une certaine qualité à ses produits.