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agriculture, parc national du Limpopo, Mozambique
Le parc transfrontalier du Grand Limpopo, établi en 2002, est un parc dit de « la Paix » qui comprend le parc national Kruger (PNK) en Afrique du Sud, le parc national du Limpopo (PNL) au Mozambique et le parc national Gonarezhou au Zimbabwe. En 2016, soit près de 10 années après le début de son appui au parc national du Limpopo, l’AFD a évalué les résultats obtenus. Retour d’expérience sur l’approche intégrant conservation de la biodiversité et développement.

L’évaluation, qui a porté sur les résultats des activités financées par l’AFD, a conclu que les objectifs du projet étaient pertinents au regard du contexte local et régional, des politiques nationales et des besoins énoncés dans le plan de développement du parc national du Limpopo (PNL). L’approche de la conservation développée par le PNL met sur le même plan les objectifs de préservation écologique et de développement économique dans une approche « inclusive », avec la participation des communautés à la gestion du parc. Il s’agit également d’une approche « ouverte » : absence de clôture et choix d’un repeuplement naturel de la faune sauvage en provenance du parc national Kruger (PNK) voisin, situé en Afrique du Sud.
 

Carte du parc national du Limpopo
 

 

Une stratégie d'intervention peu explicite

Pour atteindre dans le même temps les objectifs de conservation et de développement, la stratégie d’intervention reposait sur la mise en place d’une offre de tourisme communautaire. Celle-ci visait notamment à créer des emplois, à favoriser les opportunités d’activités entrepreneuriales et à permettre des revenus accrus pour les communautés tout en contribuant durablement à la conservation de la biodiversité. Ils étaient également cohérents avec les objectifs d’extension de surfaces d’aires protégées recommandés à l’horizon 2010 par la Convention sur la diversité biologique et qui ont été encore étendus par les objectifs d’Aichi après 2010.

Le travail de reconstitution de la logique d’intervention du projet a cependant mis en lumière les nombreuses hypothèses sous-jacentes non explicitées. À titre d’exemple, le développement touristique est conditionné par la disponibilité des terrains à utiliser. Le caractère irréaliste de certaines hypothèses de départ est également apparu clairement : par exemple, la couverture initialement envisagée en 2 ans des frais de fonctionnement du PNL grâce aux revenus générés par le tourisme.


Lire aussi : Évaluation ex post écrite et filmée du projet de développement du parc national du Limpopo


De même, l’interdépendance entre les activités de développement et de conservation était peu explicitée et donc peu anticipée dans la logique d’intervention du projet : la préservation de l’intégrité des écosystèmes dépend, par exemple, du succès des programmes de protection et de développement communautaire. Il a donc suffi qu’un volet du projet prenne du retard (en l’occurrence, les activités de déplacement de population sur financement de la KfW) pour que cela ait un impact sur les autres activités, notamment de développement.


Des résultats contrastés

L’intégrité écologique du parc national du Limpopo est aujourd’hui conservée, la faune est en augmentation et circule librement grâce à l’ouverture d’une partie de la clôture entre le parc national Kruger et le parc national du Limpopo, même si elle se concentre sur la frontière avec le PNK en Afrique du Sud et dans la partie nord du PNL.

Le nombre annuel de touristes visitant le parc national du Limpopo est encore limité par rapport aux prévisions initiales, car la faune n’est pas facile à observer et les infrastructures insuffisantes pour retenir les touristes. Et ce, même si des hébergements et des routes d’accès ont été réalisés. Le tourisme génère donc de modestes revenus qui ne permettent de couvrir qu’une partie des frais de fonctionnement du parc et dont 16 % sont reversés aux populations.

Les évaluateurs ont conclu leurs travaux en soulignant le renforcement organisationnel et institutionnel du parc national du Limpopo, résultat aidé par le choix d’attribuer la maîtrise d’ouvrage du projet AFD aux autorités mozambicaines. Enfin, cette évaluation écrite et filmée a été une opportunité pour restituer les résultats à la fois auprès des équipes du PNL, de l’administration mozambicaine et des communautés vivant dans le parc.


Article initialement publié dans le Rapport des évaluations 2017/2018 de l'AFD, à découvrir en cliquant ici