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Le Mexique est l’un des plus riches pays de la planète en termes de biodiversité
« Biomex » et « Bioconnect », les deux prêts de politiques publiques octroyés à l’Etat mexicain en 2012 et 2017 en matière de conservation de la biodiversité, viennent d’être évalués. Les conclusions de ces évaluations sont encourageantes.

Le Mexique est l’un des plus riches pays de la planète en termes de biodiversité : son vaste territoire s’étend en effet de latitudes subtropicales à tropicales, du niveau de la mer à des altitudes de plus de 5 000 m, de zones sur-arides à sur-humides et rassemble des biomes terrestres et aquatiques très divers.

Le pays se caractérise aussi par la diversité de ses cultures : c’est l’une des huit régions du monde où la biodiversité des plantes cultivées est la plus élevée. Il a également été un centre de diffusion d’espèces cultivées majeures (maïs, courge, haricot commun). Mais ce patrimoine naturel, dont dépend directement 20 % de la population mexicaine, est aujourd’hui menacé par l’agriculture intensive, la pollution, le changement climatique ou encore le changement d’usage des sols, liés au développement.

Un espace de dialogue avec les autorités

C’est avec l’ambition de contribuer à mieux concilier les enjeux de protection de la nature et de développement que le mandat de l’AFD au Mexique, depuis l’ouverture de l’agence en 2009, s’est concentré sur l’environnement.

Dans ce contexte, deux prêts ont été mis en place dans le domaine de la préservation de la biodiversité, faisant suite aux premiers prêts établis pour la lutte contre le changement climatique : ils avaient pour but de renforcer la politique mexicaine de soutien aux aires naturelles protégées (Biomex, 60 millions d’euros) et d’appuyer l’élaboration d’une politique nationale en matière de connectivité écologique (Bioconnect, 80 millions d’euros).

Biomex et Bioconnect sont des prêts dits « de politique publique » (PrPP), qui ont pour objectif de renforcer l’élaboration ou la réalisation de politiques publiques, en créant un espace de dialogue entre l’AFD et les autorités nationales. Un PrPP comporte trois composantes : un financement sous forme de prêt, un dialogue de politique publique et une assistance technique.

Nouveau cadre de gestion territoriale

L’évaluation de ces outils, commanditée par le département Évaluation et apprentissage de l’AFD et conduite par des évaluateurs externes, montre des résultats notables. Ainsi, l’une des réalisations concrètes de l’assistance technique de Biomex, financée grâce au soutien du Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM), est la création d’un nouveau modèle de gestion territoriale dans l’État de Jalisco, inspiré du modèle de parc naturel régional français, et soutenu par un jumelage avec le Parc naturel régional des Volcans d’Auvergne. Ce modèle de gestion, appelé « Paisaje biocultural », complète le dispositif existant d’aires naturelles protégées. Il vise à promouvoir des filières de production agricole durables et à rendre les territoires attractifs, tout en incluant les populations locales.


À voir : Sergio Graf : Paisaje biocultural, un nouveau modèle de gestion du territoire


Même si ce modèle n’a pu être consacré à l’échelle nationale – le Mexique étant un État fédéral –, l’évaluation montre qu’il a pu être intégré en 2019 au cadre juridique de l’État de Jalisco, en en faisant ainsi un outil de gestion territoriale qui garantit sa pérennité, tout en ouvrant la possibilité à son adoption dans d’autres états fédérés.

La connectivité écologique, un concept qui prend de l’importance

Le financement de l’AFD a permis de soutenir les « aires volontairement destinées à la conservation », un autre outil de gestion territoriale. Ces aires, plus petites, permettent de créer des couloirs entre des zones protégées selon les principes de la « connectivité écologique », qui favorise une forme de continuité physique et fonctionnelle entre des espaces naturels pour permettre le déplacement des espèces et maintenir la fonctionnalité des écosystèmes.

L’évaluation souligne qu’à travers cet appui, le concept de « connectivité écologique », qui n’est pourtant pas consacré dans les cadres juridiques mexicains, a pris davantage de place dans l’agenda public.

Le dialogue institutionnel facilité

Grâce à ces deux prêts, l’AFD a également renforcé son rôle de partenaire dans le secteur de l’environnement au Mexique, ainsi que son alliance avec le ministère des Finances mexicain. Les prêts ont permis le partage de connaissances et d’expertise, à l’image des échanges avec la Fédération française des parcs naturels régionaux, et l’ouverture de nouveaux espaces de dialogue entre partenaires français et mexicains.

Pour s’assurer de la coordination du projet et aider à la mise en œuvre de l’assistance technique du prêt Bioconnect d’appui à la connectivité écologique, un comité directeur a été mis en place et animé par un facilitateur recruté par l’AFD. Bien que des améliorations soient possibles, ce dispositif constitue un mécanisme de gouvernance innovant qui a favorisé le dialogue inter-institutionnel et ouvert de nouveaux espaces de collaboration, avec la société civile notamment.

Écosystème d’acteurs

Ainsi, les PrPP en faveur de la conservation de la biodiversité s’intègrent dans la stratégie d’intervention au long cours de l’AFD au Mexique pour un développement durable, chaque prêt étant une continuité donnée au précédent, en fonction des opportunités d’action identifiées avec les partenaires et les nécessités constatées par les institutions.


À voir : Un partenariat pour la biodiversité au Mexique


La flexibilité et l’agilité dont ont fait preuve les assistances techniques chargées de la mise en œuvre de ces projets ont contribué à créer un écosystème d’acteurs désormais sensibles aux problématiques de la protection de la biodiversité, pourtant complexes à appréhender.

Des leçons pour l’avenir

Si l’évaluation relève une progression dans la conception de Biomex, puis de Bioconnect, par rapport aux premiers prêts octroyés par l’AFD au Mexique en 2009 sur le climat, des recommandations ont été formulées afin de perfectionner la conception de futures interventions dans le domaine de la biodiversité au Mexique. Il s’agirait notamment de renforcer, dans le dialogue avec les autorités mexicaines, le suivi des résultats des politiques soutenues sur la préservation de la biodiversité, tels que la création d’aires protégées, l’amélioration de leur gestion ou l’état de conservation d’espèces remarquables.

Le prochain prêt de l’AFD, dans la lignée des précédents, cherchera à capitaliser sur ces enseignements et le réseau d’acteurs, pour mieux prendre en compte la biodiversité dans les secteurs productifs de la pêche et de l’agriculture.