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Thème choisi par l’AFD et le Centre de recherche agronomique pour le développement (CIRAD) à l’occasion du prochain Salon international de l’agriculture, l’agro-écologie est en passe de transformer notre approche de l’agriculture au niveau mondial. Explications du phénomène avant l’ouverture du salon le 24 février avec Emmanuelle Poirier-Magona, responsable d’équipe projets au sein de la division Agriculture, développement rural et biodiversité de l’AFD.
Salon de l'agriculture, Emmanuelle Poirier, ThauvinOn parle de plus en plus d’agro-écologie, mais de quoi s’agit-il exactement ?

Emmanuelle Poirier-Magona : L’agro-écologie est un ensemble de pratiques qui visent un meilleur équilibre entre l’augmentation de la production agricole - en quantité et qualité - et la préservation de l’environnement. Concrètement, il s’agit d’utiliser au mieux les services fournis par la nature (eau, soleil, azote de l’air, carbone...), de réduire les intrants (engrais, produits phytosanitaires, etc.) et de favoriser la diversité. L’agro-écologie rassemble un grand nombre de pratiques différentes : l’agroforesterie, l’agriculture biologique, l’association de cultures ou l’agriculture élevage, et d’autres encore.

Simple en apparence, l’agro-écologie est au centre de nombreux débats : comment utiliser au mieux les savoir-faire existants – ou comment innover et mobiliser la recherche – comment financer la transition agro-écologique – comment la mettre en pratique, à l’échelle d’une parcelle, d’une exploitation, d’un territoire, dans n’importe quel pays du monde ? C’est l’ensemble de ces enjeux qui rassemblent le CIRAD, l’AFD et ses partenaires sur le thème de l’agro-écologie au prochain Salon international de l’agriculture, à Paris. 
 

 
L'agro-écologie est-elle une réponse à certains défis posés à l'humanité du XXIe siècle ? 

L’agro-écologie n’est pas la solution miracle mais elle contribue clairement aux grands défis auxquels nos sociétés sont désormais confrontées : préservation de la nature, juste rémunération des producteurs, qualité des aliments, adaptation aux changements climatiques... Et ce aussi bien pour les pays émergents que les plus développés, car l’agro-écologie a beaucoup d’atouts.

En premier lieu, elle permet d’améliorer la productivité des systèmes agricoles autrement que par le recours aux semences améliorées (OGM) et aux intrants. L’objectif premier est donc bien de produire et de contribuer à nourrir la planète ; dans ce contexte, l’intensification est nécessaire. Mais la question est de savoir quelle trace nous souhaitons laisser derrière nous, et c’est là que l’agro-écologie trouve sa place car elle ouvre la porte vers une voie de développement plus durable. 

Par exemple, les pratiques agro-écologiques vont mettre l’accent sur l’optimisation et la gestion de l’eau. L’agro-écologie valorise également la protection des sols, le reboisement (haies, agroforesterie), mais surtout la diversité des pratiques – avec les associations de culture ou l’agriculture élevage, entre autres. Ces pratiques vont ainsi préserver voire recréer de la biodiversité et renforcer les régulations naturelles existantes (pollinisation ou lutte intégrée contre les animaux/insectes ravageurs, notamment). Elles vont aussi stocker du carbone dans les sols et les arbres, ce qui participe à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à améliorer la fertilité des sols. 

De par la diversité des pratiques promues, elle permet également aux agriculteurs d’être mieux armés pour affronter les chocs éventuels, climatiques par exemple, mais aussi d’assurer des revenus plus stables car moins liés à une filière et à un marché spécifique. L’agro-écologie est donc variée et prometteuse pour l’avenir… Ne reste qu’à la mettre en pratique à grande échelle !


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Comment l'AFD soutient le développement de l’agro-écologie ? 

Depuis déjà presque 10 ans, l’AFD appuie l’agro-écologie au sens large – en termes de techniques comme d’acteurs. Nous cherchons à lever les verrous qui en limitent la diffusion et ainsi faciliter l’appropriation de l’agro-écologie dans nos pays d’intervention. Pour cela, un accompagnement sur les aspects techniques, organisationnels et institutionnels est nécessaire sur le long terme. Les projets financés par l’AFD vont dans ce sens. 

Un exemple : le projet d’appui à la transition agro-écologique auprès de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Ce projet, qui démarre cette année, permettra à des organisations de producteurs (OP) de 5 pays d’Afrique de l’Ouest (Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Sénégal, Togo) de mettre en œuvre des activités d’intensification agro-écologique sur leur territoire. Les projets seront définis par les OP elles-mêmes, en partenariat avec des ONG, des collectivités territoriales, des organismes de recherche, etc. 

En parallèle, un travail à une échelle plus large sera également mené, avec un accent sur la formation – pour intégrer l’agro-écologie dans les cursus existants – et sur l’intégration de l’agro-écologie au niveau des politiques publiques. Ce travail de fond sur une dimension régionale avec la Cedeao vient enrichir les dispositifs existants, à savoir ceux des ONG des pays émergents et internationales en appui à l’agro-écologie. Tout cela préfigure l’importance qu’est en train de prendre l’agro-écologie un peu partout dans le monde et confirme l’intérêt des collaborations entre partenaires qui sont à la base du changement.