La zone C en Cisjordanie est un territoire riche en ressources naturelles et à fort potentiel de développement économique. C’est également la seule portion de Cisjordanie sur laquelle l’Autorité palestinienne n’a ni contrôle administratif, ni mandat pour suivre les questions de sécurité qui restent de la responsabilité israélienne. Les conditions de vie difficiles menacent la préservation des richesses, du mode de vie, et surtout la présence des communautés palestiniennes sur ce territoire. Depuis 1998, l’intervention de l’AFD s’inscrit dans le dispositif de la coopération française d’appui à la mise en place des fondements d’un futur État palestinien. Dans ce cadre, elle soutient la structuration de l’Autorité palestinienne. Ces dernières années, l’Autorité palestinienne et les acteurs internationaux ont accordé une attention croissante à la zone C jugée essentielle pour assurer la viabilité d’une solution à deux États.
Cet exercice de capitalisation cherchait à répondre à deux questions : quels sont les besoins prioritaires à cibler pour soutenir le développement local ? quelles modalités d’intervention retenir ?
Cette étude a été réalisée par une équipe d’étudiants issus du Master of Public Affairs de Sciences Po Paris, dans le cadre du partenariat qui lie l’AFD à la Fondation nationale des sciences politiques. La capitalisation s’est appuyée sur un travail de revue et d’analyse des enseignements de cinq travaux d’évaluations de projets et d’études pilotées par l’agence AFD de Jérusalem. Elle s’est également nourrie d’une vaste revue complémentaire de littérature sur le sujet, d’entretiens avec les autres parties intervenant en zone C et de missions de terrain visant à échanger sur les stratégies d’intervention possibles.
La capitalisation montre que les cartographies existantes des besoins en zone C sont souvent partielles et incomplètes, tant du fait de la grande fragmentation du territoire et de l’hétérogénéité élevée des besoins d’une communauté à l’autre, que des méthodologies utilisées et des logiques d’acteurs en place. Elle souligne également que les acteurs de l’aide tiennent compte des besoins des populations pour concevoir leurs interventions, mais qu’ils prennent également en compte, et souvent dans une plus large mesure encore, les contraintes liées à la mise en œuvre des opérations envisagées. Enfin, elle identifie quatre grands types d’approches existantes (mise en concurrence, communautaire, regroupement et planification) pour structurer l’aide au développement en zone C et constate l’absence d’approches communes parmi les bailleurs.
La capitalisation suggère que l’AFD concentre son intervention sur les villages les plus éloignés des centres urbains et les plus menacés par les bouclages israéliens et qu’au sein de ces zones, elle identifie ses priorités en mettant en perspective les niveaux de vulnérabilité les plus élevés observés avec le degré raisonnable de risque que l’AFD peut prendre. Sur les modalités d’intervention, la capitalisation recommande de mixer les approches existantes. Plus spécifiquement, ce sont les approches communautaires et par regroupement qui gagneraient à être favorisées pour permettre à la fois une prise en compte fine et efficiente des besoins spécifiques des communautés présentes et une intervention cohérente d’un point de vue territorial. Intervenir en tenant compte du zonage des besoins en infrastructures entériné par les autorités israéliennes, permettrait d’inscrire l’intervention dans le cadre reconnu par ces autorités, et de minimiser ainsi les risques de mise en œuvre (enjeux politiques, de délai, et de coordination des acteurs).
Contact : Karen Rousseau, chargée d'évaluation (rousseauk@afd.fr)
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