Évaluation des contributions des interventions « Aires Protégées » à la conservation et au développement
L’AFD a réalisé une évaluation d’un échantillon de 19 projets d’appui à des aires protégées engagés entre 2000 et 2017 afin d’analyser dans quelle mesure il est possible et réaliste d’atteindre des objectifs de conservation de la biodiversité, tout en répondant aux besoins de développement socio-économique des populations locales.
Contexte

Le référentiel stratégique de l’AFD en matière de biodiversité arrivant à échéance en 2018, l’AFD a décidé d’évaluer un échantillon représentatif des projets d’appui à des aires protégées.

Près de 342 millions d'euros ont été engagés par l’AFD et le Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM) sur la période 2000‐2017. On observe par ailleurs une hausse de la taille moyenne des engagements au cours de la période. L’analyse de la répartition géographique montre une évolution forte des engagements de l’AFD et du FFEM en Asie qui a perçu 60,1 % des financements mobilisés sur la totalité de la période, contre 20,7 % pour l’Afrique de l’Est et australe, 15,1 % pour l’Afrique de l’Ouest et centrale, 3,3 % pour la Méditerranée et 0,9 % pour l’Amérique latine et les Caraïbes.

La majorité des montants engagés l’ont été sous forme de prêts (64,2 %) dont le volume unitaire est en croissance, et 13,4 % l’ont été dans le cadre d’accords de réduction de dette (C2D). Les subventions comptent pour 22,1 % des montants engagés (12,3 par l’AFD et 9,8 par le FFEM). Les montants directement octroyés aux ONG représentent 12,8 % des subventions et 2,2 % des montants engagés. La Chine concentre à elle seule 140 millions d'euros de financement (soit 41 % du volume total des concours évalués).
 

Objectifs

L’objectif principal de cette évaluation est de contribuer à l'amélioration de la stratégie de l'AFD en analysant dans quelle mesure il est possible et réaliste d’atteindre des objectifs de conservation de la biodiversité permettant non seulement le maintien d'une biodiversité remarquable et des services écosystémiques majeurs associés  tout en répondant aux besoins de développement socio‐économique des populations locales dans le cadre d’appuis à des aires protégées.

Sur la base d'une capitalisation des expériences engagées, elle analyse les forces, les contraintes et faiblesses rencontrées, propose des améliorations en matière de méthodes et de moyens d'appui, et élabore une série de recommandations opérationnelles et stratégiques pour le futur.

Méthode

Le consortium entre le groupe-conseil Baastel, deux experts indépendants et le GRET a réalisé cette évaluation. Il s’agit d’une évaluation qualitative. La méthodologie a reposé sur :

  • l’établissement d’une matrice d’évaluation ;
  • un échantillonnage par choix raisonné de 19 projets financés par 26 concours financiers issus d’un portefeuille initial de 53 concours ;
  • une revue et analyse documentaire ;
  • la collecte complémentaire d’information à travers des entretiens individuels ;
  • quatre missions de terrain réalisées sur des projets situés en Chine ; au Kenya ; au Sénégal et en Guinée Bissau ; et au Mexique
  • et des recommandations issues d’un atelier de co-construction des recommandations avec les équipes opérationnelles de l’AFD.

Un groupe de référence, présidé par une personnalité indépendante, le Dr Marie Christine Cormier Salem de l’IRD, a été constitué pour le suivi et l’appréciation des travaux réalisés. Ce groupe a réuni des représentants des différentes divisions de l’AFD concernées, du FFEM, du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE), de l’agence de coopération financière allemande (KfW), de chercheurs, de consultants indépendants et de représentants d’ONG.

Résultats

Les projets sont généralement pertinents mais leurs logiques d’intervention sont à clarifier et à préciser. Leur cohérence interne et externe est bonne. L’analyse de l’efficacité a amené identifier 4 types de projets qui poursuivent pourtant tous des finalités de conservation de la biodiversité en même temps que le développement des populations locales. Ces 4 types se répartissent selon un gradient allant de projets axés d’abord sur la conservation de la biodiversité pour avoir des effets secondaires sur le développement jusqu’à des projets inverses où le développement doit permettre la conservation.

L’évaluation constate que si tous ces projets à finalité semblables sont globalement effectifs, leur efficacité varie car ils obtiennent différents types de résultats selon leurs logiques d’intervention plus ou moins axées sur la conservation ou le développement. Dans tous les cas, les impacts en matière de conservation de la biodiversité et de gestion des ressources naturelles, et davantage encore en matière de développement économique, sont difficiles à évaluer en raison d’insuffisantes situation de référence clairement établies avant le démarrage des projets ainsi que des dispositifs de suivi incomplets et peu pérennes.

Enseignements

L’évaluation propose un certain nombre de recommandations stratégiques :

  • privilégier une approche territoriale et une analyse institutionnelle plus fine pour atteindre des résultats de conservation et de développement
  • adapter les appuis aux aires protégées en fonction de leurs perspectives de pérennité
  • mobiliser des types de financements diversifiés (prêts & subventions)
  • et s’engager à plus long terme sur un même territoire.

En matière opérationnelle, l’évaluation recommande notamment d’améliorer le cadre normatif des études de faisabilité et les logiques d’intervention, de mieux évaluer les risques d’impacts environnementaux et sociaux négatifs, de maintenir les actions de renforcement de capacité des autorités locales et équipes de gestion d’aires protégées, d’appuyer la supervision des projets avec une amélioration des outils de suivi, d’établir des systèmes de suivi-évaluation de la conservation et du développement plus efficaces et pérennes et enfin de mieux disséminer et conserver les données et publications produites par les projets, tout en poursuivant les réflexions sur la gestion et le suivi des « communs » dans les aires protégées.

01/05/2019
Date de début du projet
Cap Vert, Mauritanie, Sénégal, Gambie, Guinée Bissau, Guinée, Sierra Leone, Mozambique, Madagascar, Kenya, Maroc, Cameroun, Bénin, Cambodge, Laos, Myanmar, Chine, Inde, Mexique, Comores, Gabon, Côte d’Ivoire.
Localisation
Achevé
État

Contact :

Julien Calas, chargé d’évaluation